Sommet du végétal : réactions seine-et-marnaises
Le Sommet du végétal, congrès qui réunit les membres de l’AGPB (Association générale des producteurs de blé), de la Fop (Fédération des producteurs d’oléagineux et de protéagineux) et de l’AGPM (Association générale des producteurs de maïs) sous l’égide d’Orama s’est tenu du 26 au 28 janvier à Reims (Marne). Des représentants seine-et-marnais assistaient à ce congrès qui a eu lieu dans un contexte économique et politique particulièrement difficile et tendu. Ils livrent leurs impressions.
Arnaud Rousseau (vice-président de la Fop)
« L’assemblée générale de la Fop a réaffirmé la volonté de produire plus et mieux pour nourrir, mais aussi pour fournir de l’énergie renouvelable et structurer des filières animales et végétales capables de créer de la valeur au profit des agriculteurs.
D’autre part, lors de l’assemblée générale d’Orama, l’ensemble des congressistes a traduit le mal-être des producteurs de grandes cultures dans un contexte économique compliqué et dénoncé le trop-plein administratif avec notamment les SNA (Surfaces non agricoles), dernière trouvaille d’une administration qui perd toute crédibilité.
Les tables rondes autour, notamment, du nouveau rôle des régions et du positionnement de l’agriculture ainsi que du rôle de la communication furent des moments pertinents de réflexion.
Enfin, la venue du ministre restera comme le temps fort de ce congrès. Son intervention, sans ambition, pleine de morgue et de provocation, restera marquée par une altercation avec les coopératives. Comment interpréter un tel dédain si ce n’est par le constat d’échec de la politique d’un ministre aux abois... qui planifie son départ. Les producteurs de grandes cultures doivent retrouver une ambition partagée avec leur ministre de tutelle. Il y a du pain sur la planche. »
Hugues Hincelin, administrateur de l’AGPM
« Le rapport d’activité de l’AGPM mettait l’accent sur l’importance des nouveaux débouchés du maïs, le revenu des agriculteurs maïsiculteurs dans ce contexte de grandes difficultés financières pour de nombreuses exploitations, la bonne gestion du ravageur Diabrotica (chrysomèle des racines du maïs), la certification des exploitations ayant comme principale culture le maïs dans le cadre du verdissement de la Pac, ainsi que l’irrigation nécessaire à la culture du maïs dans de nombreuses régions et l’importance de créer des retenues pour certains bassins de productions. Un débat sur le changement climatique, en présence du spécialiste de la météo, Philippe Verdier, et du directeur général d’Arvalis, Jacques Mathieu, a permis d’affirmer que la France et sa maïsiculture sont capables de s’adapter et d’apporter des solutions à ce phénomène incontestable. Enfin, dans le cadre du plan Écophyto II, le président Daniel Peyraube a soutenu « la nécessité d’agir grâce à notre énergie collective à tous les niveaux des échelons syndicaux » et a souligné son engagement à résister aux pressions subies par les grandes cultures et notamment le maïs, ces dernières étant sources de réponses aux défis alimentaires, énergétiques et climatiques ».
Philippe Heusèle (administrateur de l’AGPB)
« La commercialisation de nos récoltes, difficile pour la troisième année consécutive, doit nous faire prendre pleinement conscience de la nécessité d’avoir une vraie stratégie de commercialisation de nos productions, certainement plus simple et plus sûre lorsqu’elle est mise en œuvre avec notre organisme stockeur, notamment coopératif.
Je retiens également de ce congrès le fossé, très inquiétant, entre nos organisations professionnelles agricoles et le ministre de l‘Agriculture. Ce dernier refuse de comprendre que pour les producteurs soumis aux aléas du marché mondial, la compétitivité des exploitations réside d’abord dans la productivité à l’hectare. Comment garder autrement dans notre pays un tissu d’exploitations suffisamment dense, à taille humaine, lorsque nos concurrents directs sur les marchés mondiaux ont souvent des structures de plusieurs milliers d’hectares ? Seuls un renforcement de nos filières organisées et un accès facilité aux moyens de production peuvent nous le permettre. Or le ministre, au lieu de favoriser cette synergie, semble vouloir nous diviser et suscite la défiance. Il évite ainsi d’apporter les réponses attendues en matière de “pause” normative. Enfin, la table ronde organisée sur la communication et l’initiative “Agridemain” apportait une touche positive. C’est à nous tous, agriculteurs, qu’il revient de parler de notre métier. Nous pouvons le faire simplement, avec notre voisinage, mais aussi en ligne, sur la plate-forme #agridemain, qui a pour but de promouvoir auprès du grand public une image en accord avec la réalité du monde agricole. »
Propos recueillis par Laurence Goudet-Dupuis