ZNT et baisse de ressources au menu de la session de rentrée
Les membres de la chambre d’Agriculture d’Eure-et-Loir se sont réunis à Chartres le 23 septembre autour de sujets d’actualités.
C’est par une minute de silence à la mémoire de Christian Martin, technicien de la chambre d’Agriculture, en charge, entre autres, du suivi des essais et particulièrement apprécié pour son altruisme, décédé le 19 septembre à l’aube de prendre sa retraite, qu’à débuté la session de rentrée de ses membres, le 23 septembre à Chartres.
Son président, Éric Thirouin, a démarré ensuite par son tour de l’actualité agricole afin que Sophie Brocas, la préfète d’Eure-et-Loir, qui assistait aux travaux, en ait la substantifique moelle avant de partir.
Une actualité agricole plutôt chargée avec, entre autres, la sécheresse, le projet d’arrêté du Gouvernement sur la mise en place de Zones de non traitement a proximité des habitations ou sa volonté de diminuer de 15 % dans sa future loi de Finance, la Taxe additionnelle à la taxe sur le foncier non bâti (TATFNB), qui contribue à son financement.
La perte pour la chambre consulaire serait de l’ordre de 500 000 euros, autant d’actions d’accompagnement en moins, « alors que l’agriculture est à un tournant, a pointé Éric Thirouin. Nous attendons un soutien de l’État. Ce projet de loi de Finances témoigne d’une piètre stratégie ».
Avant cela, le président de la Chambre a souligné l’impact de la sécheresse au cours de la campagne : « C’est ce qui l’a marquée. Elle a été amplifiée par trois canicules. Jamais le département n’avait enregistré de séries sèches aussi longues, dans la même année et à fortiori dans le même été ».
Il a noté les conséquences pour l’implantation des SIE, les semis de colza et l’impact sur l’élevage, soulignant : « Nous sommes surpris de voir que l’Eure-et-Loir, contrairement aux autres départements de France, ne bénéficie pas de dérogation à l’implantation de SIE et d’autorisation à l’implantation de cultures dérobées, qui permettrait la reconstitution de stocks, fortement entamés depuis juillet ».
Dans ce contexte, il relève néanmoins « l’exemplarité de la gestion de l’irrigation et de la nappe de Beauce par l’Organisme unique ».
Et poursuit : « Cette situation doit faire prendre conscience au Gouvernement de la nécessité de stocker l’eau. Il faut développer toutes les pistes de stockage de l’eau lorsque c’est possible. C’est un enjeu majeur pour demain. J’espère que l’étude sur la nappe de la Craie sera conduite à l’image de celle sur la nappe de la Beauce, qui est exemplaire ».
Au sujet des ZNT, Éric Thirouin n’a pas mâché ses mots, pour lui, si les agriculteurs sont habitués aux aléas : « il y a une constante, c’est la pression et l’absence de vision stratégique de la part du Gouvernement. Dans le cadre des États généraux de l’alimentation, la profession s’était engagée a signer des chartes sur la bonne utilisation des produits phytosanitaires pour répondre à la préoccupation des riverains. Cette charte de bon voisinage a été signée le 8 juillet. Aussi ce projet d’arrêté du Gouvernement a choqué l’ensemble du monde agricole », a-t-il relevé.
De plus, la mesure qui demande aux exploitants de prévenir ses voisins avant toute intervention : « conduirait innévitablement à une explosion des tensions, du stress et des peurs. Elle ne peut en aucun cas être appliquée systématiquement, ni par la loi, ni par les chartes », a-t-il prévenu.
Selon des estimations, la mise en place de ZNT engendrerait des pertes allant jusqu’à 20 % de la production agricole selon les régions.
« La notion même de ZNT, quelle que soit la distance, est innacceptable car elle instille auprès des riverains qu’il y a danger dès qu’on utilise un produit phytosanitaire. Une fois de plus un amalgame est fait entre le danger et le risque d’exposition. On veut mettre les gens les uns contre les autres. Ce n’est plus un problème de santé mais un problème de société », a résumé le président.
Les membres de la chambre d’Agriculture ont ensuite approuvé deux délibérations, l’une qui s’oppose à la mise en place d’une réglementation et à l’application de nouvelles zones de non traitement et leurs conditions de mise en œuvre, l’autre qui demande à ce que la TATFNB soit maintenue à son niveau actuel.
La suite des travaux a été consacrée au budget rectificatif 2019, qui prévoit un déficit prévisionnel de 110 000 euros, et à la certification Haute valeur environnementale des exploitations.
Hervé Colin