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Les irrigants d'Eure-et-Loir auront l'eau des nappes pour la campagne

L'Association des irrigants d'Eure-et-Loir a tenu son assemblée générale jeudi 20 mars à Chartres, l'occasion de rassurer ses adhérents sur les quantités d'eau disponibles dans les nappes pour la prochaine campagne.

Jeudi 20 mars, à Chartres. L'Association des irrigants d'Eure-et-Loir s'est réunie en assemblée générale, la première pour son président Aymeric Souchet (3e à g.).
Jeudi 20 mars, à Chartres. L'Association des irrigants d'Eure-et-Loir s'est réunie en assemblée générale, la première pour son président Aymeric Souchet (3e à g.).
© H.C. - Horizons

C'est dans une ambiance plutôt détendue, même si les tensions autour de l'eau sont loin d'être apaisées, que s'ouvre, jeudi 20 mars à Chartres, l'assemblée générale de l'Association des irrigants d'Eure-et-Loir (AIEL), présidée pour la première fois par Aymeric Souchet.

Nappes rechargées

De fait, dès la première intervention : « Je ne prends pas de gros risques en disant que le coefficient pour la nappe de Beauce sera de 1 pour la prochaine campagne* », annonce Francis Golaz, en charge de la gestion quantitative de l'eau pour la chambre d'Agriculture. Il précise qu'il faudra cependant tenir compte d'un coefficient de 0,982, dit de solidarité, pour permettre l'arrivée de nouveaux irrigants.

Pour autant, selon les données du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) qu'il présente, le niveau des nappes est satisfaisant dans la partie est du département, un peu plus en difficulté à l'ouest sur la nappe du Cénomanien. « En Beauce, nous avons basculé d'une situation tendue il y a deux ans, le coefficient était de 0,66 en 2023, à une situation plus favorable, il a plu et les nappes se sont rechargées », rembobine Francis Golaz.

Puis, évoquant une année où la nappe avait continué à se remplir après la détermination d'un coefficient moins favorable, il rappelle : « Il y a des règles de gestion en nappe de Beauce et l'on s'y tient. Si l'on veut garder notre souplesse et être crédibles, il ne faut pas contester cette gestion ». Jean-Michel Gouache, qui vient de céder sa place de président de ­l'Organisme unique de gestion collective (OUGC) de la nappe de Beauce à Matthieu Mardelet, met en garde : « Il ne faut pas toucher à nos règles, certains aimeraient bien le faire à notre place, on le paierait cher ».

Attention en rivière

Poursuivant son tour d'horizon, Francis Golaz prévient : « Attention en rivière, les nappes sont encore un peu fragiles à l'ouest, il peut y avoir des difficultés et il n'est pas exclu qu'en été il y ait des restrictions. Pour la nappe de Craie, si la recharge a plus tardé que pour celle de Beauce, elle est bien remontée. Nous sommes à quatre mètres au-dessus du seuil de gestion, ça devrait bien se passer cette année ».

La suite de l'assemblée générale est consacrée à une intervention sur la modulation de l'irrigation intraparcellaire (lire plus bas) puis au partenariat conclu entre la chambre d'Agriculture, le Sdis 28 et l'AIEL, pour permettre aux pompiers d'alimenter une réserve d'eau temporaire issue d'un pompage d'irrigation, pour lutter contre les feux (lire plus bas).

Lors des questions diverses, un point est fait par Alexia Jourdin, l'animatrice de l'AIEL, sur l'évolution des tarifs de l'électricité. Elle souligne d'abord le retour de Claudia Huard qui va reprendre ces dossiers en main après son congé maternité et qui est aussi la référente pour l'offre du fournisseur Lucia.

Elle pointe : « Avant les crises (Covid, crise ukrainienne, baisse de la production nucléaire…, NDLR), le marché de l'électricité était relativement stable et proche du niveau régulé de l'offre Arenh, autour de 40 euros le MWh. Il y a eu donc cette flambée (jusqu'à 1 130 euros) puis les prix sont redescendus pour se stabiliser en 2024 autour de 85 euros. Mais ils sont toujours plus hauts en hiver. Si vous devez renégocier un tarif, ne le faites pas à ce moment-là mais en été ou à l'automne, c'est la règle d'or », souligne-t-elle.

Vigilance pour 2025

Concluant ses travaux, Aymeric Souchet livre quelques perspectives pour 2025 : « Nous resterons vigilants sur la sectorisation de la nappe de Beauce dont nous n'entendons plus trop parler en ce moment… Il y a aussi les programmes des Agences de l'eau qui sortent pour 2025-2030. Sur celui de Seine-Normandie, il est annoncé une baisse de 10 % des prélèvements, et la sobriété maximum pour celui de Loire-Bretagne. Nous aimerions aussi que les études sur le déplacement des forages de l'Aigre avancent ».

Quant à celle de la nappe de la Craie, prévue initialement pour 2026, elle devrait permettre de lever les contraintes. Cependant, pour Jean-Michel Gouache, tant que Chartres métropole n'aura pas bouclé son autonomie complète en matière d'alimentation en eau, les choses n'évolueront pas. Si l'ambiance est détendue, les irrigants ne désarment pas.


*Ce coefficient a été officialisé par la Commission locale de l'eau (Cle) du Sage de la nappe de Beauce le 24 mars.

Vols de câbles

L'AG de l'AIEL est l'occasion de signaler des vols de câbles électriques d'irrigation entre la pompe et le forage ou sur les rampes, sur une dizaine de sites dans les secteurs de Cormainville et Fains-la-Folie, et cela continue.

Une cohorte d'irrigants volontaires

La chambre d'Agriculture, le Sdis et l'Association des irrigants d'Eure-et-Loir ont signé une convention de partenariat. Si elle est à l'image de celle qui regroupe les agriculteurs en cohorte pour aider les pompiers à lutter contre les feux de chaumes, celle-ci fait appel aux irrigants pour remplir les réserves incendie temporaire dont s'est doté le Sdis. La présence de l'irrigant est nécessaire pour brancher le raccord idoine à leur pompe d'irrigation afin de remplir la réserve.

 

Un système de modulation adapté aux rampes et pivots

Thierry Bordin est conseiller à la chambre régionale d'Agriculture.

Conseiller à la chambre régionale d'Agriculture, Thierry Bordin intervient lors de l'assemblée générale de l'AIEL jeudi 20 mars à Chartres, pour parler d'un système dénommé VRI pour Variable rate irrigation, c'est-à-dire, dans la langue de Molière, irrigation par asperseur à débit variable : « De quoi envisager l'irrigation de précision sur des dizaines d'hectares, soit arroser 50 hectares comme son potager », s'enthousiasme l'intervenant.

Deux essais conduits

Pour étayer son propos, Thierry Bordin évoque deux essais conduits en 2023 et 2024 par la Chambre du Loiret afin d'estimer les économies d'eau possibles, les effets sur le rendement, le temps de travail et donc l'intérêt d'investir dans ce type de matériel. Lors de cette expérimentation, le système devait intégrer les cartes de modulation de l'OAD Net-irrig par Seabex.

Ainsi, les zones de la parcelle avec la plus faible réserve utile ont reçu la dose d'eau maximum et inversement. Les résultats se sont avérés probants avec une franche baisse de la consommation d'eau (40 % sur une parcelle expérimentale de 34 hectares) ainsi qu'une optimisation des rendements en lissant l'hétérogénéité parcellaire des sols, ce qui a fait apparaître d'autres facteurs limitants, comme d'anciens chemins ou des différences de potentiel variétal.

D'un point de vue économique, Thierry Brodin estime que la durée d'amortissement du matériel est la même que pour un pivot normal, grâce aux économies d'eau réalisées. Pour sa part, l'option VRI seule est rentabilisée en quatre ans avec les cultures à fort pouvoir d'exploration racinaire, moins rapidement sur légumes ou pomme de terre…

Gain de temps

Mais là où le système entièrement automatique apporte un vrai plus, c'est en termes de temps de travail. Ainsi, s'il faut compter environ 150 heures de travail par campagne pour gérer deux enrouleurs, l'option VRI ne réclame qu'une demi-heure, décomposée en 5 minutes par tour d'irrigation via l'application smartphone du pivot… On n'arrête pas le progrès.

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