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ZNT : « C’est du grand n’importe quoi »

Le gouvernement voudrait mettre en place des Zones de non-traitement (ZNT) autour des habitations. La réaction d’Éric Thirouin, président de l’AGPB et de la chambre d’Agriculture d’Eure-et-Loir.

Le gouvernement envisage la création de zones de non-traitement (ZNT) à proximité des habitations. D’où vient cette nouvelle menace pour l’agriculture ?

Il y a eu des débats et l’Assemblée nationale a tranché pour que l’on réinstaure un dialogue entre agriculteurs et non-agriculteurs qui sont de plus en plus inquiets et expriment des peurs vis-à-vis des produits phytosanitaires. Et du coup, nous nous sommes engagés, et c’est d’ailleurs l’objet de la Charte de bon voisinage signée la semaine dernière, à favoriser ce dialogue, expliquer notre métier et les mesures que l’on prend vis-à-vis des riverains pour appliquer les produits phytosanitaires... C’est la dynamique des États généraux de l’alimentation. Ce qui était sorti des discussions c’est que chaque département devait signer une charte avant le 1er janvier.

Ce qui est en train de se faire...

Oui, mais là où nous sommes fous furieux, et c’est pourquoi les FDSEA sont allés à la rencontre des parlementaires, des représentants de l’État et ont lancé les actions téléphoniques, c’est que le gouvernement veux passer outre en interdisant aux agriculteurs de traiter à proximité des habitations sur des bandes de cinq à dix mètres selon la taille des cultures, de dix mètres incompressibles pour les produits classés CMR* et de prévenir les riverains douze heures avant tout traitement. C’est du grand n’importe quoi ! Ce sont des décrets pondus par des gens qui ne connaissent rien à l’agriculture. Nous utilisons des produits qui sont autorisés par l’administration, même s’il y en a de moins en moins, nous suivons des règles strictes, nous appliquons la loi votée par les parlementaires de faire des chartes... Mais il est hors de question de rentrer dans un système de délation, anxiogène, car si on doit envoyer un SMS à chaque fois que l’on suppose que l’on va traiter, car ça ne se décide toujours qu’au dernier moment, c’est comme si on nous demandait de provoquer de nous-mêmes les réactions épidermiques des uns et des autres. Ce sera hors de question. Des mesures comme ça, si elles devaient être prises — je parle des douze heures —, il faudrait ne pas les appliquer.

On se souvient qu’en 2014 il avait déjà été question de ne plus pouvoir traiter à proximité des habitations...

Oui, c’était sur 200 mètres... Aujourd’hui, il y a déjà des règles qui s’appliquent pour les personnes vulnérables à proximité de lieux sensibles. Ces distances peuvent être ramenées à zéro mètre à partir du moment où des mesures sont appliquées et celles qui me semblent cohérentes sont les mesures que nous avons dans la Charte de bon voisinage. À partir du moment où l’on s’engage dans cette charte, il me semble évident qu’il ne soit pas nécessaire d’instaurer des zones de non-traitement. Nous avons un Président de la République qui s’engage à lutter contre l’artificialisation des sols et qui décrète quelques jours plus tard qu’il faut ne plus produire sur ces sols, car si on ne traite pas, et cela concerne aussi les traitements en bio, ça veut dire que l’on ne peut pas produire, pas récolter... Si on veut une agriculture en décroissance et une perte d’activité économique, il n’y a pas meilleure façon de s’y prendre. Nous sommes pour améliorer le dialogue avec les riverains, pour appliquer de nouvelles pratiques de façon forte et engagée, mais pas avoir des zones de non-traitement et appeler nos voisins pour leur dire ce que l’on va faire !

Propos recueillis par Hervé Colin

*Cancérigène, mutagène et reprotoxique

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