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Yohann Serreau : « Les soucis peuvent arriver maintenant »

Éleveur laitier à La Gaudaine et élu référent élevage à la chambre d’Agriculture, Yohann Serreau brosse un tour d’horizon du secteur laitier en Eure-et-Loir.

Le coronavirus désorganise le marché des produits laitiers et certains industriels ont demandé aux éleveurs de réduire leur production alors qu’avec le printemps celle-ci atteint son pic.

Néanmoins, l’Eure-et-Loir semble échapper à cette contrainte  : «  Ici, les producteurs sont liés à de grands groupes, Lactalis ou Bel essentiellement, qui sont habitués à gérer les pics de production. Ils adaptent leur transformation au contexte. Ce sont plutôt les petites entreprises qui sont touchées car elles sont souvent mono-produit  », explique Yohann Serreau, éleveur laitier installé à La Gaudaine, qui ajoute  : «  Pour sa part, Lactalis était plutôt inquiet de pouvoir faire tourner ses usines  ».

Cependant, l’industriel consacre environ un tiers de la production à l’exportation, or les prix de la poudre et du beurre sont en forte baisse  : «  Les soucis peuvent arriver maintenant, craint l’éleveur. Les prix peuvent baisser. Nous verrons si la loi Egalim est résiliente, si les industriels jouent le jeu, elle devrait nous protéger contre ça. Pour l’instant, nous ne savons pas si les industriels vont profiter de la crise Covid-19 pour baisser les prix, nous le saurons peut-être fin mai… Jusqu’à présent nous avions des prix corrects (324,32 euros les 1  000 litres en avril) et des perspectives très favorables au début de l’année  ».

Mais le gros problème des éleveurs euréliens est ailleurs  : «  Notre souci est plutôt climatique. L’excès d’eau a empêché de récolter à l’automne, ceux qui ont pu récolter après, ce n’était pas très bon… Puis les prairies se sont dégradées, il y a eu des difficultés pour sortir les vaches du fait du manque de portance. Chez ceux qui l’on fait, l’herbe ne repousse plus et les fauches de printemps se soldent par un manque d’environ 20  %. Si nous n’avons pas de l’eau en conséquence très rapidement, au moins trente millimètres, ça va être problématique. C’est pourquoi nous avons demandé très tôt, pour ne pas agir en pompiers, la possibilité de faucher les jachères. Mais nous n’avons pas de réponse… Si elle arrive en juillet, ce sera trop tard. Après le 15 mai, le foin perd sa valeur alimentaire…  ».

Hervé Colin

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