Une réaction unie face à la crise
Les organisations agricoles d’Eure-et-Loir multiplient les actions pour aider les agriculteurs à passer le cap.
Le constat, tout le monde le fait : la récolte est catastrophique. Maintenant, il faut faire avec. Les organisations professionnelles agricoles d’Eure-et-Loir se sont réunies, à l’incitation de la chambre d’agriculture, le 8 août à Chartres pour partager leurs analyses et lister leurs actions pour aider les agriculteurs à passer ce cap.
La profondeur du gouffre se précise au fur et à mesure de l’avancée de la moisson.
Selon les différentes coopératives du département, les rendements moyens devraient atteindre 56 q/ha en blé tendre, 23 q/ha en blé dur, 57 q/ha en orge d’hiver, 55 q/ha en orge de printemps et 33 q/ha en colza.
Le problème majeur a bien été l’absence de fécondation et l’avortement précoce des grains. Et encore, les grains qui restaient n’ont pas été remplis correctement.
Bien que trop tôt pour énoncer des certitudes, il est clair que la commercialisation sera un des enjeux importants de cette année.
Grosso modo, entre les rendements désastreux et les doutes sur l’écoulement, il manquera sans doute 253 millions d’euros à la ferme eurélienne.
Sur un chiffre d’affaires habituel de l’ordre de 530 millions d’euros, c’est une chute de 46 % des ventes globales à laquelle il faut s’attendre.
« Au delà de l’économie, ce qui m’inquiète le plus, ce sont les aspects humains de la situation », réagit Eric Thirouin, le président de la chambre d’Agriculture. Les agriculteurs ont besoin de soutien aussi bien économique que psychologique.
Un tour des organisations agricoles permet de voir qu’elles ont pris des mesures pour aider à passer le cap.
Les coopératives accompagnent les achats d’approvisionnements pour la moisson future parce qu’elles ne veulent pas que les agriculteurs abaissent la qualité technique. Les banques Crédit agricole VDL et Crédit mutuel Centre proposent des solutions de financement de la prochaine campagne. Groupama Centre Manche peut faire des échéanciers de paiement en attendant la moisson prochaine.
Mais toutes les organisations agricoles ajoutent qu’elles voient apparaître dans cette situation extrême des agriculteurs en grande difficulté structurelle.
Ces cas sont difficiles à recenser avec précision mais ils dépassent l’anecdote.
La présidente de la MSA Beauce-Cœur de Loire, Cendrine Chéron, avance un chiffre : « 25 % des agriculteurs cotisants ont déclaré, en juin, un revenu annuel inférieur à 4248 euros. »
Les organismes économiques oscillent plutôt entre 10 et 15 % des exploitants en situation très difficile.
Collectivement, les organisations agricoles envisagent de renforcer le dispositif Aidagri dès la rentrée 2016 parce que les effets de cette crise risquent d’être lourd pendant longtemps.
« Les soutiens à la trésorerie permettront de passer un cap cette année. Mais il ne faut pas se bercer d’illusions : le trou est bien creusé », prévient Eric Thirouin.
Les centres de gestion et la chambre d’Agriculture vont s’emparer d’un audit simple, élaboré au niveau régional, pour aider tous les exploitants à mesurer la difficulté posée par cette année désastreuse et proposer les mesures à engager pour l’avenir.