Intercommunalité.
Une lutte entre l'urbanisme et l'agriculture dans le Val d'Ardoux
En zone périurbaine, quelle place accorder à l'agriculteur et comment résister à l'urbanisation galopante ? L'exemple de la communauté de communes du Val d'Ardoux.
Maire de Mareau-aux-Prés, Bertrand Hauchecorne préside la communauté de communes du Val d'Ardoux : « L'agriculture fait partie de l'économie. » Il y a quelques années, l'institution a créé la zone d'activité de la Métairie : un projet de deux millions d'euros ayant bénéficié de subventions de l'État, du Conseil régional et du Conseil général. S'y est ajoutée la vente de terrains. Au final, l'opération n'aura coûté que 100.000 EUR à la communauté de communes.
Située à Dry, ladite zone accueille une quinzaine d'entreprises, des PME essentiellement, pour un total d'environ cent cinquante emplois. La moitié seulement des huit hectares étant occupés, il reste de la place pour recevoir d'autres entreprises. « Nous nous trouvons dans un secteur qui était déficitaire sur le plan économique car nous sommes loin des routes principales et des dessertes ferroviaires. Or nous avions la volonté de disposer de ressources fiscales et de créer un réseau d'entreprises utiles au territoire. »
Seuls 4 % des actifs de la communauté de communes sont agriculteurs. « Mais la sensibilité agricole reste forte et cela donne une identité au territoire : une dimension à la fois affective et économique. » « L'agriculture périurbaine génère une forte valeur ajoutée » poursuit Bertrand Hauchecorne, citant l'exemple du vin. « Elle a également un marché proche. » Les ventes à la ferme en sont l'illustration. « Mais il y a une lutte entre l'urbanisme et l'agriculture : les terrains sont chers. D'où l'intérêt de veiller à pérenniser les terres agricoles. »
8 km2 de terres agricoles
La superficie totale de la commune de Mareau-aux-Prés s'élève à 1.300 ha dont seulement 150 sont situés en zone constructible. Si on enlève 4 km2 d'espaces naturels, cela laisse près de 8 km2 de terres agricoles. « L'enjeu consiste à les garder non constructibles. » La commune a gardé sa compétence urbanisme : « On est maître des choses » commente le premier magistrat mareprésien.
Bertrand Hauchecorne se trouve aux affaires depuis 1995 : « Dès mon élection, j'ai eu une politique claire : préserver les terres agricoles et éviter l'urbanisation galopante. Une politique renforcée par le Grenelle de l'environnement : avant, je me basais sur ma propre vision. Aujourd'hui, je m'appuie sur la loi. »
« Maintenir l'identité du village » : c'est le cheval de bataille de l'élu local. Avec 1.300 habitants, la population de Mareau-aux-Prés croît de 1 % par an, soit quinze âmes de plus chaque année. À l'échelle de la communauté de communes, on compte huit mille habitants. « Nous avons la volonté d'intégrer les nouvelles populations au monde agricole. »
Dans ce but, l'Office de Tourisme mène différentes actions. Par exemple, tous les ans, des marches mettant en valeur les agriculteurs sont organisées. « L'objectif est que les gens deviennent curieux du monde agricole » conclut Bertrand Hauchecorne.
Un Schéma de cohérence territoriale en 2017
Sixième du nom, la session agricole de la communauté de communes du Val d'Ardoux avait lieu le mardi 11 février à l'Espace Loire de Cléry-Saint-André. Il y fut question du Schéma de cohérence territoriale (Scot) du syndicat mixte du Pays Sologne Val Sud. Prévu par la loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU) du 13 décembre 2000 et renforcé par la loi Grenelle II du 12 octobre 2010, le Scot se veut un outil de planification territoriale avec des perspectives de développement durable.
Le périmètre qui nous intéresse concerne vingt-neuf communes et un bassin de 43.000 habitants. Prochainement, le bureau d'études chargé d'élaborer le document sera choisi. Celui-ci démarrera son travail après les élections municipales de mars. Dès cette année, un diagnostic du territoire sera établi. Puis la procédure suivra son cours jusqu'en 2017 avec l'enquête publique et l'approbation du projet.
Ce dossier revêt des enjeux majeurs pour l'agriculture. Commentaire de Bertrand Hauchecorne, président de la communauté de communes du Val d'Ardoux : « Un Scot n'est pas un Plan local d'urbanisme (PLU) : on ne réfléchit pas à la parcelle. D'où cette question : à quel niveau descend-on pour définir les différentes zones ? La commune semble être un échelon trop petit pour avoir une analyse synthétique : la communauté de communes paraît être l'échelon opportun. Il faudra préserver les meilleures terres pour l'agriculture. »
Soyez présents !
Les propos du maire de Mareau-aux-Prés sous-entendaient le maintien d'exploitations agricoles : « Les professionnels devront réfléchir au renouvellement des générations. » Premier vice-président de la chambre d'agriculture du Loiret, Jean Daudin fit cette déclaration : « Les agriculteurs devront s'impliquer dans la réalisation du Scot : soyez présents ! » L'élu consulaire ajouta : « Attention aux cabinets d'études qui arrivent avec des idées préconçues ! »
Bertrand Hauchecorne voulut rassurer son auditoire : « Le Scot apportera une plus grande sécurité que le PLU. » Le second est élaboré à l'échelle communale : en cas de changement d'équipe, celui-ci peut être remis en cause. En revanche, dans l'esprit, un Scot est valable une quinzaine d'années et sa modification s'avère beaucoup plus complexe techniquement à mettre en oeuvre.
« À 40 ans, on veut des terres agricoles et, à 70 ans, on veut les revendre en terrains à bâtir » s'exprima Jean Daudin : « Un moment donné, il faut être cohérent ! » Un message repris à son compte par Bertrand Hauchecorne : « Les terres agricoles doivent être pérennisées quand elles ont de la valeur et le Scot y contribuera ! »