Un week-end à toute vapeur au Compa
Le Compa a organisé les 29 et 30 juin à Chartres, sa 7e fête des tracteurs anciens entièrement consacrée aux prémisses de la mécanisation : Passion vapeur.
Après avoir consacré sa biennale des tracteurs anciens à Someca, Farmall, Ford, Lanz, Renault et aux tracteurs du plan Marshall, le Compa a dédié sa 7e édition, les 28 et 29 juin, aux débuts de la mécanisation avec Passion vapeur.
Les équipes du conservatoire de l’agriculture et de l’association des Amis du Compa ont réussi à faire venir à Chartres des machines exceptionnelles.
Hélas, en dépit de ses efforts, bridée par un manque de communication du conseil départemental et par le pic de canicule du samedi, la fête n’a pas rencontré le public escompté.
En effet, seulement un petit millier de personnes est venu admirer les machines exposées. Il y avait pourtant là de quoi s’immerger avec bonheur dans le passé de la mécanisation en général et dans celle de l’agriculture en particulier.
La vedette de cette fête a été sans conteste le célèbre fardier conçu par Cugnot en 1769, le premier véhicule automobile de l’histoire, dont chacun connait la silhouette puisqu’une gravure le représentant figure dans tous les bons manuels d’histoire. Inspiré par les recherches menées par Denis Papin, Thomas Savery ou Thomas Newcomen, Cugnot fut le premier à utiliser la force de la vapeur pour faire se déplacer un véhicule terrestre.
La machine que les visiteurs ont pu admirer est une réplique à l’identique de l’original — qui se trouve au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) à Paris —, construite en 2010 autour d’un projet initié par la commune natale de l’inventeur, Void (Meuse), et conduit par l’École des arts et métiers Paris-Tech.
Ses mensurations sont impressionnantes : un empattement de 3,42 m, la longueur d’un but de football (7,32 m), 2,20 m de haut et autant de large, pour un poids de 3,2 tonnes. Il se déplace à la vitesse d’un homme qui marche grâce à son moteur à deux cylindres en ligne qui entraîne la roue avant, et de nombreux visiteurs ont pu en faire l’expérience. Son chaudron placé devant est chauffé au bois et il faut l’alimenter après une heure et demie de fonctionnement.
Aux côtés du fardier trônaient aussi de belles locomobiles routières, celles de Pecard, de Robert Bell ou d’Allchin, et d’autres — Breloux ou Merlin — destinées à animer des générateurs ou des outils, comme cette machine à sabots Baudin qui en a fabriqué tout le week-end.
La visite se poursuivait à l’intérieur du musée par la présentation d’une série de superbes modèles réduits, issus des collections du musée ou réalisées par des passionnés.
À l’image d’Yves Conan, venu de Bretagne avec ses répliques de machines fidèles et fonctionnelles ou de Gustave Vadé, collectionneur de Bonville, aussi minutieux qu’inventif. « Quand nous avons un souci, c’est lui que nous allons voir », a souligné Laurent Touche, le responsable de l’atelier de restauration du Compa.
À la manœuvre, comme toujours lors de ce type de manifestation, il a regretté bien sur le manque de public, mais s’est réjoui d’avoir vu des gens intéressés et surpris par la qualité, la beauté et l’efficience des machines présentées.
Hervé Colin