Un an après l’élection présidentielle : un bilan insoutenable pour les céréaliers
Près d’un an après l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République, l’Association générale des producteurs de blé (AGPB) déplore des mesures très coûteuses pour les céréaliers. Entre transferts financiers dans le cadre de la PAC, réduction des phytosanitaires ou encore séparation de la vente et du conseil, ce sont 2,3 milliards d’euros de charges supplémentaires qui pèsent potentiellement sur les producteurs.
«Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, les céréaliers paient le prix fort alors que le contexte économique dans le secteur est loin d’être au beau fixe ! », s’est exclamé Philippe Pinta, Président de l’Association générale des producteurs de blé (AGPB), dans un communiqué de presse datant du 17 avril. Il ajoute :« Entre les décisions déjà prises et les réflexions en cours par les pouvoirs publics, nous estimons que le gouvernement fait peser 2,3 milliards d’euros par an de charges supplémentaires sur les producteurs ! Le gouvernement nous plonge dans l’incompréhension et le désarroi ! ».
D’ores et déjà, les décisions prises par le gouvernement en 2017, avec le transfert financier du premier pilier de la PAC vers le second, la suppression de la déduction de sept points de cotisations MSA représentent un coût de 300 millions d’euros par an. Ensuite, la restriction drastique par la France en l’absence d’alternatives crédibles économiquement de l’utilisation de certains phytosanitaires, entraînerait non seulement un différentiel de compétitivité avec les autres pays européens mais aussi un surcoût pour les producteurs de 1,5 milliard d’euros par an.
Alors que l’examen de la loi qui fait suite aux Etats Généraux de l’Alimentation se tient au Parlement et que le gouvernement va présenter sa feuille de route sur les produits phytosanitaires, si des mesures, comme la séparation des activités de vente et de conseil, l’augmentation de la redevance sur les produits phytosanitaires venaient à être adoptées, ce sont 500 millions d’euros par an supplémentaires, qui s’ajouteraient à la charge des producteurs.
«Les céréaliers ne peuvent plus supporter de nouvelles charges et menaces qui remettent en cause l’équilibre économique de leurs entreprises et de toutes les filières qui en découlent », affirme Philippe Pinta. Face à ces lourdes menaces, les administrateurs de l’AGPB réunis en Conseil d’Administration, ont adopté à l’unanimité une motion à l’attention du Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation. Ils exigent du gouvernement un juste retour à la raison face à la réalité de la situation économique des producteurs, profondément dégradée.
Des efforts importants réduits à rien
Les producteurs en transition permanente pour répondre aux attentes de la société ont réduit de 40 % les quantités de pesticides, et utilisent des molécules dont la toxicité a été divisée par
8,5 en 60 ans. Pour autant,leurs efforts n’ont pas été payants, leurs charges sur le poste phytosanitaires ayant augmenté de 40 % en 20 ans. Ces reports de coûts sur les agriculteurs sont liés à la disparition croissante de produits, remplacés par des produits de plus en plus coûteux en termes d’homologation et grevés de taxes croissantes, + 150 M€ de taxes redevances pollutions diffuses (RPD) en 10 ans, sans compter les besoins d’équipements en matériels de plus en plus précis. Les menaces d’évolution réglementaire française découragent d’autant plus ces efforts, déjà annihilés par les hausses passées des charges. Les producteurs de grandes cultures ne peuvent plus supporter de telles menaces qui remettent en cause l’équilibre économique de leurs entreprises et de toutes les filières qui en découlent.