"Tous réunis, montrons la force de notre réseau"
Retrouvez les points essentiels du rapport moral de Cyrille Milard lors de l’assemblée générale de la FDSEA 77.
« La crise importante que nous subissons touche nos trésoreries et notre moral. Nos ainés ont connu des difficultés et s’en sont relevés. Ne sombrons pas dans le fatalisme et relevons la tête. Des atouts, nous en avons dans ce beau département. Nous avons la capacité de nous adapter pour faire s’exprimer le meilleur de nous. Parce que l’agriculture est la solution pour répondre aux attentes sociétales, à la transition énergétique, aux besoins d’une alimentation de qualité et ne l’oublions pas nous sommes les gardiens de la terre de nos ancêtres ».
C’est par ces mots que le président de la FDSEA 77, Cyrille Milard a conclu son rapport moral alors qu’il présidait sa première assemblée générale le mardi 29 mai à Nangis.
Pour la quatrième année, la conjoncture est difficile. Et cette année encore, le climat n’a pas épargné les agriculteurs seine-et-marnais. Certains ont vu les inondations revenir, avec des records de précipitations. Près de 2000 hectares ont été impactés. Mais le caractère exceptionnel de cet évènement a saturé les nappes de surfaces rendant le retour dans les terres, pour les semis de printemps, impossible pour beaucoup.
« Certains agriculteurs sur des secteurs bien connus ont été pris en otages par les gestionnaires d’ouvrages. Le conseil départemental, lui, n’a pas attendu pour débloquer une enveloppe de 100 000 € sur 3 ans pour venir en aide aux agriculteurs les plus touchés. Nous travaillons pour affiner les critères d’attributions trop restrictifs à mon goût », a-t-il souligné.
L’intervention de la profession porte ses fruits, l’ensemble des partenaires territoriaux, l’Etat et les gestionnaires des affluents ont été réunis. « La mise en place d’un fond pérenne pour indemniser les agriculteurs sinistrés ainsi qu’un observatoire des inondations seront créés. Les paroles doivent se concrétiser en actes ».
L’ignorance et l’incompétence sont souvent dévastatrices, note le responsbale agricole : « L’agribashing est à la mode, certains en font leur fonds de commerce… Notre débat sur les médias et l’agriculture nous a éclairés sur la stratégie à appliquer. Notre communication est perfectible, mais elle existe : Agri demain en est un exemple. La profession doit aller de l’avant, souligne Cyrille Milard. Soyons offensifs et mettons dans nos assolements cette nouvelle culture : la communication intensive ! »
Concernant les Etats généraux de l’alimentation « les espoirs ont été nourris afin de changer le rapport de force face aux industriels. Nous savons d’ores et déjà que pour le secteur des grandes cultures, la note sera salée : séparation de la vente et du conseil sur les produits de santé du végétale, la suppression des rabais, remises, ristournes et augmentation de la RPD, bref, aucun effet sur nos consommations d’intrants sauf une énième augmentation de charges pour nos entreprises ».
Il y a un an, le candidat Macron séduisait la profession agricole en voulant favoriser la liberté d’entreprendre et libérer les carcans. Mais « Au regard des positions imposées par le ministre Hulot, on continue l’acharnement pour faire disparaître nos moyens de productions » ; « Oui nous avons besoin des abeilles et nous travaillons à préserver la biodiversité aux cotés des chasseurs par exemple mais pas que…. Comme l’initiative du canton de Lizy-sur-Ourcq avec près de six hectares semés en jachère mellifère. Agriculture raisonnée et maintien de la biodiversité sont compatibles ».
Au sujet du glyphosate et de la politique d’échanges, Cyrille Milard demande : « Quelle est la politique du gouvernement en matière d’agriculture, y’en a-t-il une ? » Et d’ajouter : « Les décisions gouvernementales représentent près de 2 milliards d’euros de charges supplémentaires pour la ferme France. Dans le même temps, les Etats prônent le marché unique et sa libéralisation. (...) Le budget de la Pac est en perdition avec une coupe annoncée de plus de 40 milliards d’euros, soit une baisse, suivant les secteurs, de 10 à 17 %. Il nous faut un DBP plancher pour rester compétitifs ».
« Quelle est l’ambition de nos dirigeants ? », interroge-t-il. Faire de la France un « modèle vert » ? « Un modèle de transition écologique ? L’économie fait tourner le monde, nous devons vivre de notre métier pour relever ces défis ».
« Nous respectons profondément la France, mais quand l’agriculture qui a fait ce pays ne vaut rien aux yeux de l’Etat : nous nous devons de sortir les barricades. Et oui, retenez que notre colère est grande et que nous n’avons plus rien à perdre. En attendant nous continuerons à travailler, à développer et à encourager la résilience de notre agriculture. Et pour répondre à ces objectifs, nos vrais partenaires ne se défaussent pas », note le président de la FDSEA, faisant allusion au conseil départemental, à la chambre d’Agriculture et au conseil régional qui vient d’annoncer un pacte agricole ambitieux.
« Tous réunis aujourd’hui, montrons la force de notre réseau FDSEA/JA et confortez notre volonté de gagner les prochaines élections chambre d’Agriculture. Même si la concurrence syndicale est faible voire en perdition par ses difficultés à fédérer autour de ses idées, elle existe et nous la respectons. Toujours est-il qu’à la FDSEA, la richesse de nos positions, de nos différences, parce que l’agriculture est plurielle, est un atout que nous cultivons. », conclut Cyrille Milard.