Portes ouvertes à la ferme
« Nos efforts doivent être rémunérés »
Dimanche 12 septembre, le réseau Bienvenue à la ferme a organisé une journée portes ouvertes. Le Gaec Le Boël, situé à Nourray, a participé à l'événement et en a profité pour faire passer un message : les pratiques vertueuses méritent d'être rémunérées.
Dimanche 12 septembre, le réseau Bienvenue à la ferme a organisé une journée portes ouvertes. Le Gaec Le Boël, situé à Nourray, a participé à l'événement et en a profité pour faire passer un message : les pratiques vertueuses méritent d'être rémunérées.
Chaque année, Bienvenue à la ferme organise des portes ouvertes. L’occasion pour les producteurs et les consommateurs d’échanger autour des pratiques agricoles. Dimanche 12 septembre, quatre exploitations de Loir-et-Cher ont accueilli des visiteurs.
Parmi elles, le Gaec Le Boël, à Nourray, participe chaque année à l'événement. Diversifiée, l’exploitation compte plusieurs ateliers de production : céréales de vente, volailles, noix, asperges… « Nous allons devoir arrêter cette production dans environ quatre ans, explique Philippe Noyau, l’un des trois associés de l’exploitation. Au-delà de dix ans, elles deviennent trop fines et les clients en veulent des grosses. Deuxième chose : une maladie du sol se développe avec les asperges et il n’est pas possible d’en replanter tout de suite, donc pour le moment nous avons fait le tour des terres qui correspondent à cette culture ».
Pour les associés, cette porte ouverte est l’occasion idéale pour « communiquer avec les consommateurs ». « Nous sommes là pour parler de ce que nous faisons et de comment nous le faisons, quitte à provoquer un petit peu pour rappeler que ce que l’on produit doit être rémunéré », indique Philippe Noyau.
Certifié HVE
Dimanche, les exploitants ont particulièrement insisté sur leurs pratiques environnementales. Depuis quelques mois, ils ont obtenu la certification Haute valeur environnemental (HVE). Pour l’acquérir, plusieurs normes sont à respecter. Les agriculteurs sont notamment notés sur leur Indicateur de fréquence de traitements phytosanitaires (IFT), leur bilan azoté, leurs pratiques irriguantes et leurs aménagements agroécologiques.
Pour le Gaec Le Boël, ce label permet de récompenser des années d’efforts. « Nous mettons en place des choses pour favoriser le développement de la biodiversité, limiter l’utilisation de produits phytosanitaires, depuis longtemps. Nous avons donc voulu voir où l’on se situait en demandant cette certification », explique Philippe Noyau. En effet, les associés ont par exemple parfois recours au désherbage mécanique, implantent des cultures peu consommatrices d’azote ou productrices d’azote, pratiquent le non-labour… « Le fait de ne plus labourer nos champs nous a permis de gagner un demi-point de matière organique sur 20 cm en dix ans. Avec cela, nous avons stocké 12 t de matières organiques par hectare, ce qui correspond à 7,2 t de carbone. En dix ans, à l’hectare, nous avons stocké autant de carbone que produirait une voiture en roulant pendant 170 000 km, se réjouit Étienne Noyau. Néanmoins, nous sommes confrontés à des problèmes de mauvaises herbes et de campagnols qui nous forcent à retourner un peu en arrière dans certaines parcelles ».
Irrigants, les exploitants sont également vigilants concernant leur consommation d’eau. Pour contrôler leurs pratiques, ils ont investi dans des sondes tensiométriques connectées qui les informent des stocks d'eau dans les sols et leur permettent de définir des modèles climatiques. « Nous irriguons avant que la plante ne soit en stress, autrement il est trop tard. » Enfin, de nombreuses haies et bosquets ont également été implantés depuis l’installation des trois associés. « Nous avons fait cela pour deux raisons : développer la biodiversité et parce que nous sommes chasseurs. » Une parcelle de 4 ha est même entièrement dédiée à l’agroforesterie.
Pour les agriculteurs, il est désormais important que les acheteurs prennent en compte les efforts réalisés en les rémunérant. « Si l’un d’eux veut acheter des produits HVE sans plus-value, il peut, mais ça ne sera pas les nôtres », affirme Philippe Noyau.