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Les éleveurs laitiers, pilier fondamental de l’agriculture seine-et-marnaise

Les assemblées générales de la FDSPL (Fédération départementale des syndicats de producteurs de lait) et de l’AEPL (Association des éleveurs de producteurs de lait) de Seine-et-Marne se sont tenues à Frétoy le 3 avril.

Frétoy (Seine-et-Marne), jeudi 3 avril. Cément Delos et Christophe Pigeon présidaient pour la première fois les assemblées générales de l'AEPL 77 et de la FDSPL 77.
Frétoy (Seine-et-Marne), jeudi 3 avril. Cément Delos et Christophe Pigeon présidaient pour la première fois les assemblées générales de l'AEPL 77 et de la FDSPL 77.
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Présidées pour la première fois par Christophe Pigeon et Clément Delos, les assemblées générales de la FDSPL 77 (Fédération départementale des syndicats de producteurs de lait) et de l’AEPL 77 (Association des éleveurs de producteurs de lait), à Frétoy jeudi 3 avril, ont été l’occasion de dresser les moments forts de l’année écoulée, valider les comptes et aborder différents sujets d’actualité. Renouvellement des membres du conseil d’administration, évolution de la cotisation, renforcement de la communication à la foire de Coulommiers, un concours de vaches laitières étant organisé, conjoncture actuelle du prix du lait chez les trois opérateurs que sont Lactalis, Sodiaal et Pré-Forêt, etc. ont fait l’objet d’échanges.

La volonté de travailler en lien avec la plateforme d’approvisionnement des cantines Approv’halles, dans le cadre des missions de l’AEPL a été évoqué par Clément Delos. Le principal point de blocage concerne actuellement les yaourts. Les quantités demandées sont parfois trop élevées, empêchant certains éleveurs d’intégrer le système. Des ajustements sont envisagés pour réduire ces volumes et permettre l’intégration d’un plus grand nombre de producteurs, tout en répondant aux exigences des marchés publics.

Les normes et le bien-être animal

D’autre part, Christophe Pigeon est revenu sur la volonté initiale des autorités de classer tous les élevages bovins comme des installations industrielles IED (Installations classées pour la protection de l’environnement), les soumettant aux mêmes réglementations que les unités industrielles. « Grâce à l’intervention des membres du bureau de la FNPL, les éleveurs bovins ont réussi à faire entendre leur voix : aujourd’hui, ils sont les seuls à être restés sous le statut agricole. En revanche, les filières volailles et porcines ont été reclassées en installations industrielles, entraînant notamment des taxes supplémentaires ».

Cette distinction a permis aux éleveurs bovins d’échapper, pour l’instant, aux lourdeurs administratives imposées au secteur industriel. Christophe Pigeon a précisé que cette situation pourrait évoluer lors de la prochaine révision, prévue pour 2028. En attendant, cette « bouffée d’air » permet à la filière de conserver une certaine souplesse réglementaire.

Clément Delos a ensuite évoqué les discussions européennes toujours en cours sur les normes de bien-être animal. La FNPL, en lien avec d’autres associations d’éleveurs ainsi que des organisations de défense des droits des animaux, travaille actuellement à l’élaboration d’une charte sur le bien-être animal. L’objectif est de parvenir à un compromis équilibré entre exigences sociétales, faisabilité sur le terrain et pérennité des exploitations.

Charte de bonnes pratiques et AOP

« Ce travail est indispensable pour conserver notre engagement dans la charte des bonnes pratiques d’élevage. Il ne faut en aucun cas la perdre, car elle constitue le premier pilier de la livraison de lait pour l’AOP Brie de Meaux et de Melun. Cette exigence fait partie intégrante des règles fixées par l’ODG (Organisme de défense et de gestion), mais également de notre cahier des charges de collecte et des engagements contractuels dans le cadre du contrat laitier ».

D’ailleurs, le bilan des contrôles ODG pour l’année 2024 fait apparaitre cinq non-conformités principalement liées à l’autonomie de zone fixée à 85 %. Face à cette récurrence, une réflexion est en cours au sein de l’ODG pour envisager une révision des seuils : faire passer l’autonomie de zone de 85 % à 80 % et l’autonomie d’exploitation de 60 % à 50 %. Cette adaptation permettrait de rester en phase avec la réalité du terrain tout en maintenant les exigences de qualité propres à l’AOP.

La pression des épizooties

Autres difficultés persistantes, celles liées à la situation sanitaire des bovins. Les vaccins contre la fièvre catarrhale ovine (FCO) sont actuellement en attente. Outre les épisodes de FCO sérotype 3, puis 8, la maladie hémorragique épizootique (MHE) a également touché les élevages. Obtenir les rappels de vaccins reste extrêmement complexe, les laboratoires ne pouvant lancer la production que lorsqu’un volume minimal de commandes est atteint.

L’information est relayée par les vétérinaires, mais la procédure est lourde. Face à ces difficultés, le mot d’ordre reste le renforcement de l’immunité des troupeaux. Il est notamment recommandé d’investir dans la minéralisation, une pratique qui semble avoir un effet positif selon plusieurs retours de terrain. L’hétérogénéité des effets de ces maladies a été souligné par Jean-Claude Pette : « Certaines vaches testées positives n’ont présenté aucun symptôme, tandis que d’autres ont subi une baisse significative de production ».

Enfin, le secrétaire général de la FDSEA 77, Pascal Verrièle, a félicité les présidents « pour l’excellent taux de cotisations, preuve d’un syndicat actif, dynamique et bien représenté. Les éleveurs laitiers constituent un pilier fondamental de l’agriculture en Seine-et-Marne. La FDSEA 77, tout comme la chambre d’Agriculture, est pleinement consciente des difficultés rencontrées par la filière laitière, de ses besoins, et de la conjoncture actuelle. Ces enjeux sont régulièrement portés à la connaissance des élus du Département et de la Région qui se montrent attentifs et réceptifs aux arguments avancés sur l’importance stratégique de cette filière. C’est pourquoi, malgré le contexte de restrictions budgétaires, un budget dédié à l’agriculture, à l’élevage et à la production laitière a été maintenu ». Pour conclure, il a insisté « sur la nécessité d’une représentation équilibrée de toutes les filières au sein du conseil d’administration de la FDSEA 77, y compris celles de l’élevage ».


Valoriser la viande de vache laitière

Le projet de valorisation de viande de vache laitière via l’OP LVA Ile-de-France a été détaillée.

Un zoom sur le projet de valorisation de la viande de vache laitière présenté lors d’une réunion du SIE (services Île-de-France élevage) par Philippe Dufour, président de l’OP LVA Île-de-France, organisation de producteurs pour commercialiser l’ensemble des bovins d’engraissement de ses adhérents a été fait. L’initiative connaît un réel succès, en particulier dans l’ouest de l’Île-de-France.

En 2024, environ 150 carcasses ont été négociées, principalement avec les groupes Métro et Sodexo, deux acteurs majeurs de la restauration collective, notamment pour les cantines d’entreprises. Jusqu’ici, il s’agissait essentiellement de vaches allaitantes commercialisées sous le label « Île-de-France ».

Des discussions sont en cours et Elior a exprimé son intérêt pour la vache laitière de réforme ainsi que le jeune bovin laitier. Cette démarche serait hors du cadre de la FDSPL 77. Le système d’adhésion proposé prévoit une part fixe de 1 euros par jeune bovin et une part variable sur la base du poids de la carcasse, dont 5 centimes par kilo seraient reversés à l’OP.

Le prix de la viande est négocié sur la base d’un indicateur de coût de production, représentant 80 % du prix final. Ainsi, toute augmentation des coûts de production est automatiquement répercutée sur le prix payé à l’éleveur. À titre de comparaison, les ventes réalisées à l’ouest de l’Île-de-France ont généré un prix supérieur d’environ 1 euro/kg carcasse par rapport au prix de marché.

L’OP prend également en charge le transfert des animaux : le transporteur est rémunéré à hauteur de 0,28 euro/kg.

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