Tech&bio 2014 tient ses promesses
Le salon Tech&bio d’Ambroise réunit trois cent cinquante agriculteurs pour des ateliers techniques de haute volée.
Quelque 350 visiteurs, vignerons, techniciens ont visité jeudi 10 juillet au lycée viticole d’Amboise le second salon Tech& ; ; ;Bio Val-de-Loire. Une belle réussite du point de vue de la prestation, à mettre au crédit des chambres d’Agriculture ligériennes avec au premier rang d’entre elles cette année, celle d’Indre-et-Loire. Autre acteur de cette journée, le lycée agricole d’Amboise. Au domaine de La Gabillière, une large place était faite aux outils d’entretien du sol (travail superficiel interrang et sur le rang) tractés par des engins ou des chevaux. En vue aussi, un système d’effeuilleuse innovant associant un cylindre ajouré attirant les feuilles par dépression tandis que l’autre cylindre, en caoutchouc, les arrache.
À Amboise, la chambre d’Agriculture et le lycée conduisent des essais d’enherbement total. Obtenir un tapis peu concurrentiel pour la vigne mais limitant les infestations d’adventices sans avoir à intervenir sous le rang, c’est un Eldorado recherché par plus d’un vigneron. De surcroît, l’enherbement améliore la porosité du sol qui s’enrichit en azote sortie hiver sans pour autant détériorer la qualité du raisin à la vendange. Sur place, les vignerons ont pu observer qu’un tapis de légumineuses (trèfle blanc, lotier, minette) pourtant dense, pénalisait moins la vigne qu’un couvert de graminées (pâturin, vulpie, kœlérie).
« Au vigneron de trouver le juste équilibre »
Des conclusions tempérées par Anne-Cécile Kaspryk (chambre d’Agriculture d’Indre-et-Loire — CA 37), qui rappelle la forte pluviométrie des deux campagnes concernées. « Au vigneron de trouver le juste équilibre pour calmer ou encourager la vigueur de sa vigne », conseille Pascal Mallier, de la CA 37.
Le site d’essais présentait également une parcelle de vignes plantée d’alignement de rosiers hybrides. « Dans le cadre du plan Écophyto 2018, notre objectif est ici d’observer si les rosiers hébergent anagrus atomus, un hyménoptère parasitoïde des œufs de cicadelles de la cicadelle verte », décrit Aurélie Mançois, chef d’exploitation du lycée : « Si c’est le cas, nous poursuivrons l’essai par l’implantation d’une haie arbustive qui offrira un site d’hivernage à l’insecte. »
De nombreux vignerons ont suivi avec intérêt l’atelier sol axé sur l’assimilation des minéraux stockés en solution dans les « trous » du sol. Un sol poreux est donc un sol fertile et un sol fertile, c’est un sol vivant. Les pédologues dénombrent trois types de porosité : la porosité électrochimique due aux bons vieux complexes argilo-humiques ou limono-humiques ; la porosité mécanique occasionnelle (sécheresse, gel-dégel), travail du sol ou plus ou moins durable, matière organique stable ; la porosité biologique, favorisée ou non par les pratiques culturales du vigneron.
Les micro-organismes du sol assurent la cohésion
En effet (et c’est moins connu), c’est l’infinité des micro-organismes du sol qui, en produisant le mucus microbien, assure la cohésion des agrégats. La vie du sol s’entretient par l’enherbement d’engrais verts semés broyés jeunes, par des apports de fumier de ferme peu compostés, sans négliger les chaulages d’entretien pour compenser l’acidification naturelle provoquée par l’activité microbienne et les pluies. Le tassement du sol par les passages d’engins est un risque, compensé (s’il est modéré) par un « gratouillage » régulier du terrain. Certains vignerons optent même pour le retour des chevaux dans les vignes, souvent réalisé par des prestataires.
L’atelier traction animale Tech& ; ; ;bio 2014, très suivi, a d’ailleurs montré les services que pouvait rendre un Percheron ou un Comtois correctement dressé à la voix. Des constructeurs, souvent artisans régionaux, ont su aborder intelligemment ce marché en imaginant des outils agréables à conduire, y compris par des femmes (relevage électrique d’outils à dents).
Philippe Guilbert, Terre de Touraine