Semences et plants : un chiffre d'affaires de 3,2 milliards d'euros
L'interprofession vient de publier son bilan 2013-2014 : l'excellence de la filière se traduit dans les faits.
« La production de semences est un vecteur d'innovations » a déclaré le mercredi 11 décembre à Paris Pierre Pagesse. Le président du Groupement national interprofessionnel des semences et plants (Gnis) s'exprimait lors de la conférence de presse annuelle de l'entité. « L'ensemble des technologies est un atout précieux et est en perpétuelle évolution. » Selon l'orateur, le crédit impôt recherche a permis « une accélération des capacités de recherche ». Quid de l'horizon 2025 ? « Il faut dix ans pour concevoir une nouvelle variété. La réflexion autour de celles qui apparaîtront d'ici là a déjà commencé. L'enjeu : adapter les semences aux besoins du futur. » Nourrir la planète, affronter le changement climatique et préserver l'environnement.
Pierre Pagesse évoqua également les semences de ferme. Sans ambiguïté, le président du Gnis s'est fait le chantre du Certificat d'obtention végétale (COV) plutôt que du brevet : « Le COV protège la propriété intellectuelle de l'obtenteur mais sans confiscation : cela permet d'accélérer le progrès. » Pour le blé tendre, un accord interprofessionnel existe depuis 2001. Le 1er juillet dernier, celui-ci a été étendu à l'ensemble des céréales à paille et prévoit une contribution volontaire obligatoire (CVO) de 0,70 EUR la tonne livrée. Soit 23.600.000 EUR au titre de l'année 2014. Pour 85 %, cette somme ira chez les créateurs de variétés, selon leur part de marché. Quant aux 15 % restants, ils alimentent le Fonds de soutien à l'obtention végétale (FSOV : www.fsov.org) en blé tendre. Des programmes de recherche transversaux portés par des acteurs publics et privés. Une restitution est prévue le 8 janvier prochain à Paris.
Trois millions d'emplois
Entré en application cette année, un deuxième accord interprofessionnel concerne les plants de pomme de terre certifiés : l'agriculteur se déclare auprès de la Société coopérative d'Intérêt collectif agricole anonyme des Sélectionneurs Obtenteurs. Le professionnel qui recourt aux plants de ferme paye sa contribution à la Sicasov et les sommes récoltées vont entièrement aux obtenteurs. Le dispositif comporte un volet sanitaire : les agriculteurs doivent effectuer des analyses. S'agissant des protéagineux et des fourragères, la situation devrait se décanter d'ici juin : un médiateur a été nommé. L'enjeu : définir les modalités permettant de collecter facilement la CVO sur les semences de ferme.
L'orateur ne pouvait occulter les OGM. « On est proche de la thérapie génique : réparer un gène déficient au moyen de la transgénèse. La même technique de réparation que sur l'homme. » Le président du Gnis s'est projeté en 2025 selon le scénario suivant : l'Allemagne aurait « basculé » du côté de l'autorisation de production, ce qui est « probable », alors que la France appliquerait une « restriction totale ». « Or l'Allemagne est un débouché majeur de la filière semencière française. Les entreprises trouveraient des solutions en allant produire à l'étranger et la France en subirait les conséquences. » Pierre Pagesse a ajouté : « Je suis un Européen convaincu et tout ce qui fait régresser l'unité économique et politique de l'Europe est négatif. Or c'est le cas avec le principe de subsidiarité sur les OGM. »
« Les semences sont en capacité de relever tous les défis qui sont devant nous a encore dit le président du Gnis. La production de semences est synonyme de compétitivité pour l'agriculteur qui les utilise. Le premier maillon de la chaîne agroalimentaire. L'industrie agroalimentaire ne pourra plus créer d'emplois si le gisement de matière première n'est pas compétitif. » Or trois millions d'emplois sont en jeu. « C'est aujourd'hui qu'on prépare l'avenir » a conclu Pierre Pagesse.
Exportations : 1.418 millions d'euros
- À l'échelle mondiale, la France est le troisième marché intérieur pour les semences avec un chiffre d'affaires de 2,8 milliards de dollars, derrière les États-Unis (12 milliards) et la Chine (10 milliards). Pour la campagne 2013-2014, le chiffre d'affaires de la filière semences et plants s'est élevé à 3,2 milliards d'euros.
- La France est le premier exportateur mondial de semences avec 1.418 millions d'euros. Sachant que les importations sont de 685 millions d'euros, cela représente un solde de la balance commerciale de 733 millions d'euros. La filière contribue pour 24 % à l'excédent commercial du secteur des produits agricoles, sylvicoles et piscicoles. Exprimées en dollars, les exportations françaises s'élèvent à 1.804 millions. Derrière, on trouve les pays suivants : Pays-Bas (1.583 millions), États-Unis (1.531 millions), Allemagne (727 millions) et Chili (388 millions).
- Pour la campagne 2013-2014, la part des exportations dans le chiffre d'affaires du secteur est de 45 %. Pour certaines espèces, cela dépasse les 50 % : maïs et sorgho (1.075 millions d'euros de chiffre d'affaires dont 588 millions d'exportations) ; betteraves (206 millions dont 104 millions à l'exportation) ; oléagineux et fibres (417 millions dont 214 millions à l'exportation) ; potagères et florales (673 millions dont 373 millions à l'exportation).
- La France est le premier producteur européen de semences d'espèces agricoles avec 322.100 ha (hors potagères), soit 17 % de la surface continentale. Derrière, on trouve l'Allemagne (188.500 ha) et l'Italie (172.300 ha).
La filière en chiffres
- 132 stations de recherche.
- Budget total de la recherche : 300 millions d'euros, soit 13 % du chiffre d'affaires des entreprises.
- 600 nouvelles variétés chaque année.
- 139 espèces produites en 2014.
- 6.036 variétés inscrites au catalogue français.
- 73 entreprises de sélection.
- 241 entreprises de production.
- 17.800 agriculteurs multiplicateurs.
- 8.500 distributeurs.
- 490.000 agriculteurs utilisateurs.
- 15 millions de jardiniers amateurs.
- 15.000 emplois. Avec les agriculteurs multiplicateurs, cela fait près de 50.000 emplois.
Les chiffres clés du Gnis
- 198 salariés dont 74 experts terrain.
- 230 représentants professionnels membres des sections.
- 15.815 inspections réalisées par le Service officiel de contrôles.
- 21 sites web.
- 135 participations à des évènements médias (émissions de télévision, radio, interviews, conférence de presse, etc.).
Un rôle de fédérateur
Structure unique au service d'une logique de filière, le Gnis exerce deux missions interprofessionnelles : coordonner les relations entre les professionnels de la filière et représenter la filière semences en France et à l'étranger et informer tous les publics. S'y ajoute une mission de service public via le Service officiel de contrôle : garantir la qualité variétale et technologique des semences.
De nouvelles missions interprofessionnelles ont également été confiées au Groupement. L'enjeu : une reconnaissance européenne des spécificités des interprofessions françaises dans le cadre des nouvelles règles de l'Organisation commune de marché unique. Par ailleurs, depuis le 1er avril, l'entité assure la conduite des contrôles phytosanitaires en vue de la délivrance des documents officiels accompagnant les semences et plants amenés à circuler au sein de l'Union européenne. Et, à compter du 1er janvier 2015, le Gnis réalisera les contrôles permettant de délivrer les certificats d'exportation à destination des pays tiers. Les Services régionaux de l'Alimentation continueront à délivrer ledit document, mais sur la base des contrôles du Gnis (inspections des cultures, prélèvement de terre et contrôle des lots).
La France, leader mondial des semences
En 2013/2014, la filière accuse le coup de trois années de croissance exceptionnelle des exportations (+16 % en moyenne) qui ont amoindri les stocks en semences de maïs et oléagineuses, 1er et 3ème postes à l'export. Afin de les reconstituer, les opérateurs français ont fait appel à leurs partenaires hors du territoire national, en plus d'augmenter considérablement leurs productions, pour faire face à la demande française et internationale. A cela, s'ajoutent des tensions géopolitiques sur les principaux marchés de la France, qui ont impacté à la baisse les volumes exportés, notamment à l'Est de l'Europe, mais aussi sur l'Afrique et le Moyen-Orient.
En conséquence, les importations bondissent de 17 % à 685 MEUR, tandis que les exportations marquent le pas et se stabilisent à 1.418 MEUR, entraînant un recul de 12 % du solde de la balance commerciale qui se maintient néanmoins au niveau élevé de 733 MEUR.
Malgré ce ralentissement, la part des semences et plants dans le solde de la balance commerciale du commerce extérieur français des produits agricoles, sylvicoles et piscicoles progresse sensiblement de 17 % à 24 % en raison d'une diminution sensible des exportations de céréales en volume et en valeur (-62 MEUR).
La France reste le leader mondial des exportations de semences de grandes cultures. Les entreprises de la filière, en majorité des PME et des coopératives, rayonnent sur 150 pays à travers le monde.
La croissance des exportations est tirée par les semences potagères fines
Si le maïs reste la première espèce exportée avec un total de 583 MEUR, soit 171.709 tonnes et représente 51 % du solde de la balance commerciale, les exportations se maintiennent à un bon niveau grâce aux potagères fines qui dégagent un excédent record de 214 MEUR dû à un total exporté jamais égalé de 338 MEUR. Dans une moindre mesure, les plants de pomme de terre participent aux résultats avec de nouveaux records réalisés à l'export (63 MEUR) et par le solde de la balance commerciale en hausse de 13% à 45 MEUR.
63% des exportations de semences potagères fines se concentrent sur le marché européen. Elles progressent plus particulièrement vers les Pays-Bas et l'Espagne. Sur les pays tiers, elles gagnent 48 % sur les USA, 35 % sur le Brésil et 36 % sur l'Australie.
L'Union européenne confirme son rang de première zone cliente de la France
72 % des exportations de semences françaises sont à destination de l'Union européenne, avec l'Allemagne qui affirme son poids prépondérant au sein de la zone (256 MEUR). Cette année, une reprise sensible des importations (+9 %) et des exportations qui marquent le pas (+3 %) conduisent à une stabilité du solde de la balance commerciale à 651 MEUR avec les autres pays de l'UE. L'entrée de la Croatie dans l'espace communautaire participe pour 13 % à la progression des exportations. La croissance à l'export est principalement portée par les potagères fines en hausse de 20 % (+35MEUR). Viennent ensuite les oléagineux (+7 MEUR) et les plants de pomme de terre (+6 MEUR).
La filière n'est pas épargnée par les tensions géopolitiques à l'international
Le solde excédentaire des échanges de la France avec les pays tiers chute de 40 % et atteint 151 MEUR. Il est le reflet d'une baisse sensible (-8 %) des exportations sur les principaux marchés de la France conjuguée à des importations qui bondissent de 36 % suite aux besoins accrus de la France en semences de maïs et oléagineuses.
La CEI occidentale reste la première zone cliente de la France sur les pays tiers, malgré un recul de 17 % des exportations, essentiellement sur l'Ukraine et la Russie. Les semences de tournesol sont les plus touchées devant le maïs et les betteraves sucrières. Sur la plupart des autres régions, le solde de la balance commerciale s'altère du fait d'importations élevées, mais aussi d'exportations en recul sur les zones touchées là encore par des tensions géopolitiques. Seules l'Egypte et la Libye font mentir cette constatation. La France enregistre de bons résultats sur la Suisse et la Norvège dont les importations ont plus que doublé (potagères). Enfin en Asie, le solde de la balance commerciale repart significativement à la hausse après deux années successives de régression. Cette situation résulte d'une baisse sensible des importations (- 12 %) et d'une reprise significative des exportations portées par le maïs à destination du Japon (+41 %), les plants de pomme de terre, qui arrivent sur le marché ouzbek, et les potagères fines en croissance sur la CEI Asiatique (+20 %), le Japon (+25 %) et l'Inde (+11 %).