Robot de traite : les effets techniques et économiques
Depuis une quinzaine d’années, les robots de traite se sont multipliés dans les exploitations laitières françaises, notamment pour réduire la pénibilité du travail et pallier le manque de main-d'œuvre. La chambre d'Agriculture de région Île-de-France fait le point.
Depuis une quinzaine d’années, les robots de traite se sont multipliés dans les exploitations laitières françaises, notamment pour réduire la pénibilité du travail et pallier le manque de main-d'œuvre. La chambre d'Agriculture de région Île-de-France fait le point.
Les réseaux d’élevage Grand-Est et Île-de-France se sont penchés sur les impacts de la traite robotisée, aussi bien techniques qu’économiques.
La situation prise en exemple est celle d’un système polyculteur-éleveur — Gaec à deux associés, 210 ha dont 100 ha de surface fourragère principale (SFP), 76 vaches laitières (VL) à 8 100 l/VL —, initialement en salle de traite Parabone 2 x 6 avec tourteaux et céréales auto-consommées distribuées au DAC suivant la production. Les vaches reçoivent une ration de base 2/3 ensilage de maïs, 1/3 ensilage d’herbe et pâturent 10 ha au printemps et 20 ha en été, avec en complément du maïs ensilage.
- 2 min/VL/jour
L’introduction d’un robot de traite modifie significativement l’organisation du travail : temps d’adaptation aux vaches laitières mais aussi à l’éleveur, notamment d’un point de vue temps et confort de travail. Le temps de traite est réduit, avec un gain théorique de deux minutes par vache par jour, soit environ trois heures en moins pour la traite, mais une heure de surveillance quotidienne supplémentaire est requise. Cependant, ce gain varie d’une exploitation à l’autre en fonction de la saturation du robot, avec des écarts pouvant atteindre plus ou moins 20 %.
Impact sur la production de lait
Dans la réflexion du changement de système de traite, l’effectif vaches laitières est maintenu — ce qui est généralement observé dans les fermes suivies par les réseaux d’élevage — avec en moyenne sur l’année 68 vaches traites et 8 vaches taries. Étant proche du seuil de saturation de la stalle — le seuil de saturation d’une stalle de robot est de 2 200 kg de lait/jour —, le pâturage est réduit à 10 ha durant toute la saison, impliquant plus de maïs ensilage apporté en début d’été et plus d’enrubannage en fin d’été. Pour répondre aux nouveaux besoins fourragers du troupeau, 2 ha d’ensilage de maïs viennent donc remplacer 2 ha de colza vendus. En parallèle, le niveau de production des vaches et la qualité du lait sont maintenus du fait du niveau de saturation du robot, de la productivité des vaches déjà importante et d’une quantité de concentrés apportée globalement stable. Ainsi, le produit total diminue de 3 000 euros, majoritairement dû à la baisse du produit cultures de vente.
Sur l’ensemble des élevages robots en Seine-et-Marne, seulement un fait pâturer 2 à 4 h/j, un autre fait de l’affouragement en vert, et pour la majorité des autres robots, les vaches ne voient aucun brin d’herbe hormis ceux apporté par le foin ou l’ensilage d’herbe.
Charges opérationnelles : + 15 000 euros/an
L'installation d’un robot de traite entraîne une augmentation des coûts liés aux concentrés, souvent parce que les éleveurs optent pour l’achat de concentrés plus appétents (VL 18). Cela représente une hausse d’environ 15 euros/1 000 litres de lait. De plus, les coûts de lavage du robot augmentent également, ajoutant environ 5 euros/1 000 litres. En moyenne, ces surcoûts peuvent entraîner une hausse des charges opérationnelles de près de 15 000 euros par an dans un modèle type.
EBE de - 35 000 euros/an
Bien que le robot induise une augmentation des factures d’eau et d’électricité (+ 13 % environ) ainsi qu’une maintenance régulière (1 300 euros par tranche de 100 000 l), la baisse des cotisations sociales va contrebalancer ces augmentations (- 4 000 euros).
Ainsi, dans notre exemple, l’EBE est en baisse de 14 000 euros avec une annuité supplémentaire liée au robot (21 000 euros pour un emprunt sur dix ans).
Le revenu disponible (EBE - annuités) diminue donc de 35 000 euros par an avec la mise en place du robot, ce qui représente ici 57 euros/1 000 litres.
Optimisation de la production laitière
Dans des situations où le robot approche la saturation, il est possible d’augmenter la production laitière par vache, mais cela nécessite une gestion rigoureuse des concentrés.
Par exemple, une hausse de la production de 8 100 à 8 600 litres par vache peut être obtenue avec un apport contrôlé de concentrés de 220 g/l. Toutefois, cela entraînerait une baisse de 44 €/1 000 l en termes de revenu disponible.
En revanche, un mauvais contrôle des concentrés, avec des apports qui montent à 300 g/l, peut aggraver la situation, réduisant encore davantage le revenu disponible (- 73 euros/1 000 l). Il est donc crucial de surveiller la quantité de concentrés, en particulier dans les zones avec des cahiers des charges stricts comme l’AOP, où l’utilisation de concentrés est limitée à 2 tonnes de matière sèche par vache et par an.
Conclusion
L'installation d’un robot de traite peut considérablement améliorer les conditions de travail des éleveurs, mais elle entraîne aussi des changements profonds dans la gestion de l’exploitation. L’optimisation du système est indispensable pour éviter les dérives économiques, notamment en ce qui concerne la gestion des concentrés et l’adaptation de la ration. Si vous souhaitez investir dans un robot de traite, il semble indispensable de faire appel à un conseiller de votre chambre d’Agriculture pour vous accompagner dans votre projet.