Jeunes Agriculteurs
Quelle identité pour la région Centre ?
La question de l'identité régionale a alimenté les débats lors de l'assemblée générale des JA du Centre. Ces derniers ont élu un Loirétain à leur tête.
« Notre région a un problème d'identité et de nom. Nos habitants ne savent pas comment ils s'appellent : nous ne sommes rien. Quelque chose qui pèse sur le dynamisme régional. » Des propos signés Marie-Madeleine Mialot. La vice-présidente du Conseil régional s'exprimait le lundi 10 mars à Orléans lors de l'assemblée générale des Jeunes Agriculteurs du Centre. Une réunion où une table ronde sur l'identité de la région Centre figurait au programme.
Thomas Diemer, trésorier national des JA, a exprimé son point de vue : « Les Jeunes Agriculteurs sont attachés à leur territoire du fait de leur profession et de leur engagement syndical. L'échelon régional devient de plus en plus important : beaucoup de choses s'y négocient. Il faut donc que nous nous y fassions une place en étant bien structurés. »
En matière d'identité régionale, cet Alsacien savait de quoi il parlait : « L'Alsace est peut-être plus facile à situer sur une carte que la région Centre : cela résulte d'une histoire particulière et demeure présent dans la mémoire collective. Mais le phénomène est également lié à l'agriculture : la main de l'homme a façonné les paysages. »
Une sous-estimation du potentiel
« La région Centre n'est pas plus artificielle que d'autres » a déclaré Pierre Allorant, maître de conférence en histoire du droit. L'universitaire orléanais cita les exemples de la Champagne-Ardenne et du Languedoc-Roussillon. « Orléans, Tours et Bourges ont été en compétition sur les plans économiques, universitaires et culturels. » Et cette concurrence, toujours perceptible aujourd'hui, expliquerait l'absence d'une identité clairement définie.
L'intervenant a poursuivi en ces termes : « Longtemps, la région a eu mauvaise presse en France car elle faisait référence aux anciennes provinces du temps de la monarchie : elle incarnait une sorte de nostalgie de nature à contester l'unité de la nation. Mais les départements n'ont pas toujours une identité marquée. Toutefois, celle-ci est beaucoup plus ancienne. » Le maître de conférence évoqua les compétences de chacun : le département intervient en matière de construction des collèges et de prise en charge de la dépendance. « C'est concret » a jugé Pierre Allorant. De son côté, la région se charge du développement économique, de la formation professionnelle, etc. « C'est plus abstrait. »
« La région Centre a beaucoup souffert d'une sous-estimation de son potentiel » a encore dit l'orateur : elle est la cinquième ou sixième région industrielle française. « Si nous en restons à des querelles de clochers entre Orléans, Tours et Bourges, nous n'en sortirons jamais ! »
La signature C du Centre
Sous l'égide du Conseil régional, lors du Salon de l'agriculture, a été lancée officiellement la signature C du Centre. « Nous la devons aux agriculteurs » a indiqué Marie-Madeleine Mialot. Un prolongement des treize contrats d'appuis aux filières. L'enjeu : « Mieux faire connaître les produits agricoles aux touristes. Nous serons repérés par les actions que nous mènerons. » Vice-présidente des JA du Centre, Caroline Laigneau fit cette annonce : « Nous recherchons des agriculteurs désireux de s'inscrire dans la démarche. » Pierre Allorant suggéra, pour sa part, d'allier agriculture et culture : « Les touristes qui viennent en région Centre ne le font pas pour poser une serviette sur une plage mais pour trouver un plus. »
L'innovation et les pôles de compétitivité sont des atouts majeurs : « L'agriculture peut être un vecteur d'identité régionale » s'exprima Charles-Éric Lemaignen, conseiller régional et président de la communauté d'agglomération Orléans Val de Loire, présent dans la salle. En clôture des travaux, Éric Thirouin, président de l'organisation syndicale, livra le point de vue de la FRSEA : « La signature C du Centre répond à une attente de consommation locale. Mais cela concurrence les Appellations d'Origine contrôlée : celles-ci devront garder leur identité propre et il ne faudra pas mélanger les deux concepts (...) Trouver une synthèse est un travail quotidien. La région est incontournable sur le plan géopolitique. »
Maxime Poincloux, nouveau président
Au cours de la partie statutaire, qui se déroulait à huis-clos, Maxime Poincloux a été élu président des Jeunes Agriculteurs du Centre. Il succède à Joël Norais, qui achevait son mandat de deux ans et qui était atteint par la limite d'âge. Le nouveau dirigeant est un producteur de céréales et de betteraves âgé de 32 ans. Installé en individuel sur cent hectares à Labrosse (Loiret), l'intéressé a rejoint les JA en 2004, un an après son installation.
Durant deux ans, il a été vice-président des JA du Loiret, chargé de la communication. Dans la mandature précédente, il occupait les fonctions de trésorier régional et avait la responsabilité de la formation.
Comment l'intéressé appréhende-t-il son nouveau rôle ? « Il faut savoir évoluer. Les JA représentent une grande école permettant d'évoluer professionnellement et personnellement et apportent une ouverture d'esprit. » Parmi les sujets sur lesquels il entend travailler, Maxime Poincloux cite : les aides du deuxième pilier de la PAC, désormais régionalisées, la concrétisation des Mesures agroenvironnementales et l'installation. Objectif : « Redéfinir le schéma régional des structures. »
Développer JAProg
Le nouveau président souhaite également développer JAProg, trois outils informatiques d'aide à la décision dont l'un porte sur les coûts de production. Le sens de la démarche : « Sensibiliser les Jeunes Agriculteurs à leur rôle de chefs d'entreprises. »
« Il y a un travail à faire avec le Conseil régional autour de la signature Ó du Centre, du Répertoire Installation-Transmission et en matière foncière » a poursuivi le nouveau président régional. « Bien qu'étant céréalier-betteravier, j'aurai à coeur de défendre toutes les agricultures. Nous devons créer une identité et une solidarité entre les différentes régions naturelles qui composent notre territoire. »