Carburants.
« Nous pourrions fournir dès cette année les volumes correspondant à l'objectif de 10 % en 2020 »
Sylvain Demoures, le secrétaire général du SNPAA, explique quelles sont les perspectives pour la production française de bioéthanol.
La France est le premier producteur européen d'éthanol avec un volume annuel de dix-neuf millions d'hectolitres : quelle est la part de la production d'origine betteravière ?
Sylvain Demoures : Avec 49 %, la production d'alcool de betterave représente près de la moitié de la production française totale d'alcool. Effectivement, la France occupe la première place au niveau européen avec une production de près de dix-neuf millions d'hectolitres d'alcool agricole, soit 30 % de la production européenne. Quant à la production d'alcool d'origine betteravière, elle s'élève à neuf millions d'hectolitres.
La majeure partie de la production d'éthanol est constituée de bioéthanol destiné aux carburants : dans quelle proportion précisément ?
S.D. : Les deux tiers de la production française d'alcool sont destinés au marché des carburants.
Que représente le bioéthanol de betterave par rapport à la production totale de bioéthanol ?
S.D. : Selon les chiffres publiés par le Centre d'études et de documentation du sucre, le bioéthanol de betterave représente un peu plus du tiers de la production totale de bioéthanol.
40 % des stations-services
Si la consommation de sucre destinée à l'alimentation humaine est relativement stable, quelles sont les perspectives pour le bioéthanol ?
S.D. : En France, celui-ci a des volumes qui sont relativement stables dans un marché des essences qui est en décroissance : la part de marché de l'éthanol progresse donc année après année.
Que faudrait-il faire pour doper la consommation de bioéthanol ?
S.D. : Il faudrait que les produits contenant de l'éthanol, le sans-plomb 95-E10 et le super-éthanol E85, soient davantage distribués dans les stations-services. Le SNPAA dispose de tout un programme d'accompagnement des distributeurs de carburants, qu'il s'agisse des pétroliers, des supermarchés ou des hypermarchés. Objectif : permettre à ces distributeurs de déployer une offre dans les stations-services de manière agréable et pratique pour les consommateurs.
Quel doit être, d'après vous, le niveau optimum d'incorporation du bioéthanol ?
S.D. : Depuis deux ans, la France a un objectif de 7 % dans l'essence. Or nous étions à 5,8 % en 2012 et nous espérons dépasser la barre des 6 % en 2013.
Qu'est-ce qui empêche d'atteindre plus rapidement cet objectif de 7 % ?
S.D. : En matière de disponibilité des produits, nous pourrions fournir dès cette année les volumes correspondant à l'objectif de 10 % en 2020 : toutes les conditions sont réunies pour que les choses se mettent en place. Cependant, du côté d'un certain nombre de distributeurs, il y a eu des freins d'ordre commercial dans les supermarchés ou des problèmes de disponibilité des équipements : pour atteindre les 7 %, il faudrait que l'ensemble des stations-services propose le sans-plomb 95-E10, qui est le carburant destiné à remplacer le 95 et le 98, que tout le monde connaît. Or seules un peu plus de 40 % des stations le proposent. Il est aussi nécessaire de distribuer de manière un peu plus large le super-éthanol E85. Toutefois, on progresse : on a gagné 10 % de stations par rapport à l'année précédente. Il faudrait tripler le nombre de stations et atteindre mille unités pour que le carburant soit suffisamment distribué.
Les pulpes de betteraves
Promouvoir le bioéthanol, c'est bien. Mais comment assurer l'équilibre entre alimentation humaine et industrie ?
S.D. : En France, la demande supplémentaire de biocarburants a correspondu à une augmentation des productions par l'utilisation des jachères alliée à une amélioration des rendements.
Donc, le développement des biocarburants ne se fait pas au détriment de l'alimentation humaine...
S.D. : Bien au contraire ! La production de biocarburants contribue à l'augmentation de la disponibilité de l'alimentation, notamment pour le bétail, avec les drêches de céréales ou les pulpes de betteraves. Plus, concernant nos collègues fabriquant du biodiésel, les tourteaux de colza. En remplacement de tourteaux de soja OGM importés d'Amérique du Sud ou d'Amérique du Nord.