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«Nous n’avons pas une stratégie expansionniste mais qualitative ! »

Grégoire et Bertrand Péricat, éleveurs avicoles à Beaune-la-Rolande, sortent des discours convenus : nous les avons rencontrés.

Grégoire Péricat, à gauche, et son frère Bertrand.
Grégoire Péricat, à gauche, et son frère Bertrand.
© Olivier Joly

«Notre père était céréalier et élevait des lapins racontent Grégoire et Bertrand Péricat, installés à Beaune-la-Rolande. En 1996, nous avons décidé de monter un élevage avicole et de faire de la vente directe. Objectif : pérenniser l’outil de production de nos parents : nous étions au début de la nouvelle PAC et nous avions la volonté de maîtriser le circuit de distribution. » Via des ventes à la ferme et des marchés parisiens. « Des bouchers de la capitale ont vu la qualité de nos produits : deux d’entre eux nous ont demandé de leur réserver une partie de notre production. » Vingt ans plus tard, les deux frères travaillent avec une vingtaine de bouchers d’Île-de-France : avec les supermarchés, cela représente 75 % de leur chiffre d’affaires.

« Nous sommes concurrencés par Rungis. Notre plus-value : nous sommes des artisans. On a des poulets plus âgés qu’à Rungis. On fait des souches anciennes à croissance lente et bien travaillées : les volailles se conservent longtemps. (…) Nous n’avons pas une stratégie expansionniste mais qualitative ! » Près de vingt éleveurs travaillent avec Grégoire et Bertrand Péricat. « Nous faisons beaucoup de social. L’enjeu : pérenniser un outil de production local. Sur la région, il existe un savoir-faire détenu par des gens d’une cinquantaine d’années et qui ne gagnent pas suffisamment leur vie avec le système actuel. Nous leur offrons la possibilité de faire de la vente directe avec leurs lots : stands sur des marchés et des rôtisseries d’Île-de-France. » Cette activité représente 25 % du chiffre d’affaires de l’entreprise.

30 % de volume en plus en trois ans

« La croissance est là : depuis trois ans, nous avons pris 30 % de volume en plus. » La fratrie recherche des éleveurs avec un objectif de dix mille poulets par semaine. «Nous n’avons pas besoin de gens qui investissent un million d’euros pour venir travailler avec nous ! Nous nous contentons de bâtiments de 400 m2 ! Ce qui compte, ce n’est pas la marge brute mais le résultat par volaille : il faut maîtriser les charges fixes, donc limiter les remboursements d’emprunts, et améliorer la vente directe. Or chacun a un potentiel autour de sa ferme. » Les deux Beaunois proposent abattage, découpe et conditionnement. « Selon les cas, nous reprenons de 80 à 100 % du lot apporté par l’éleveur : les 20 % restants, l’éleveur les commercialise lui-même. Au lieu de gagner quelques centimes par volaille, l’éleveur gagne quelques euros. Pas besoin de distribuer mille poulets par semaine pour gagner sa vie : avec cent ou cent cinquante unités, on y arrive facilement. L’enjeu : une vraie indépendance de l’agriculture. »

En décembre 2013, les deux aviculteurs ont mis en service un abattoir. Montant de l’investissement : deux millions d’euros. « Un outil au service des agriculteurs et non d’industriels ! » Les deux associés ont besoin de 3.500 m2 de bâtiments dans les quinze mois qui viennent. Soit huit bâtiments. Sachant que les intéressés en ont récupéré neuf au cours des deux dernières années, l’objectif est réalisable. « Nous savons que notre discours sort du langage convenu : nous proposons aux gars de bosser et de gagner dignement leur vie ! "

L’entreprise en un coup d’œil

• Appellation : SCEA la Ferme du Luteau.
• Année de création : 1996.
• Localisation : Beaune-la-Rolande.
• Associés : Grégoire et Bertrand Péricat.
• Un abattoir de 1.400 m2.
• Production : entre 6.000 et 8.000 poulets à cou nu et pintades abattus chaque semaine.
• Effectifs : 34 salariés.
• Chiffre d’affaires : 4,4 millions d’euros.
• Une SARL de commercialisation : les Gourmets de nos fermes.

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