Nicolas Caillon : jeune éleveur passionné de normandes
Nicolas Caillon, 27 ans, a repris seul l’exploitation de vaches laitières de son père. Il est la quatrième génération d’éleveurs sur sa ferme située à La Chapelle-Vicomtesse, au nord du Loir-et-Cher.
Avant même d’aller à l’école, il voulait déjà suivre les traces de son père. Nicolas Caillon a une passion pour l’élevage de vaches, mais pas n’importe lesquelles : les normandes. Et lorsqu’il les appelle, les belles blanches et brunes galopent à travers champs pour le rejoindre.
« La plus grande c’est Jonquille, elle a une très bonne génétique, elle a même été choisie pour donner des embryons », raconte l’éleveur.
Avant de s’installer, il a suivi un BEP puis un bac professionnel « Production animale » ainsi qu’un BTS « Analyse et conduite d’un système d’exploitation » en apprentissage. « J’ai aussi effectué des remplacements pour voir différents modes de fonctionnement », précise-t-il.
Il a repris l’exploitation familiale en 2010 avec trente vaches et construit un nouveau bâtiment comprenant soixante logettes, une salle de traite et une nurserie.
« Les trois premières années ont été les plus difficiles car les bêtes ont souffert de différentes maladies qui entraînaient jusqu’à 50 % d’avortement », raconte-t-il. Mais une fois ce mauvais cap passé, il a pu doubler son cheptel.
Seul sur son exploitation avec un apprenti, sa priorité n’est pas de faire du volume : « Je veux poursuivre le travail de mes ancêtres. »
Aujourd’hui, il produit 380 000 à 390 000 litres de lait par an qu’il revend à Lactalis. « L’avantage avec les vaches normandes est que leur lait est composé de beaucoup de matière grasse et de matière protéique, donc il est principalement utilisé pour faire du fromage, ce qui est un peu mieux payé », explique-t-il. Cela lui permet d’atteindre un prix net vendu qui avoisine, en moyenne, trois cents euros la tonne de lait.
Mais Nicolas Caillon estime que pour pouvoir se verser l’équivalent d’un Smic, il faudrait que la tonne de lait soit rémunérée 350 à 380 euros, et plutôt au minimum 400 euros pour que ce soit satisfaisant au regard des heures de travail passées (entre 70 et 80 par semaine).
Il a réfléchi à la vente directe, mais cela prend beaucoup de temps et ce n’est pas gérable tout seul. « J’ai aussi mon propre fourrage et dès que c’est possible, les vaches pâturent dans les soixante-dix hectares qui entourent la ferme car j’estime que c’est meilleur pour leur santé, leur bien-être — et ça me coûte moins cher », ajoute l’éleveur. Les vaches sont ainsi nourries avec 50 % de maïs et 50 % d’herbe.
L’élevage représente 75 % de son chiffre d’affaires et la culture de céréales (blé, colza), 25 %.
Nicolas Caillon est également très impliqué dans différents groupes. Il est président du syndicat Jeunes agriculteurs sur le canton de Droué-Mondoubleau et administrateur pour le Loir-et-Cher, il est également administrateur d’une Cuma, du Crédit agricole, du GDA et très actif dans un service de remplacement.
« Il ne faut pas rester seul dans son coin et aller échanger avec d’autres agriculteurs pour se remettre en question et améliorer certains points », explique-t-il. Un esprit collectif qu’il applique au quotidien car il a aussi acheté du matériel avec un voisin et partage un semoir.
Il fait également partie du groupe technicoéconomique en céréales et du groupe lait suivi par le GDA pour travailler sur la réduction des charges. « Comme on ne gère pas le prix de vente de nos produits, c’est la seule solution pour augmenter nos revenus », souligne l’éleveur. Il est enfin adhérent d’un groupement d’achat pour tirer les prix sur ses produits et prendre au fournisseur le plus offrant. « Ces groupes nous aident énormément à passer la crise », ajoute-t-il.
Et en plus de tout cela, il fait partie d’un syndicat d’éleveurs de race normande. « Je suis piqué de ça », sourit-il.