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Interview.
« Ni l'administration ni la profession agricole ne doivent camper sur leurs certitudes ! »

Dans un entretien, Simone Saillant, directrice départementale des Territoires, livre son point de vue sur les principaux dossiers agricoles du Loiret : PAC, directive nitrates, réglementation et aviculture.

L'idée d'interroger la directrice départementale des Territoires nous taraudait depuis un certain temps. L'occasion s'est présentée le vendredi 6 décembre dernier, à l'issue de l'assemblée générale d'AgroPithiviers, à laquelle l'intéressée avait assisté. Ingénieur agronome de formation, Simone Saillant est entrée dans la fonction publique en 1997. En poste à la DDT du Loiret depuis un peu plus d'un an, elle s'exprime sur les principaux sujets d'actualité agricole du département.

Loiret agricole et rural : Depuis un peu plus d'un an, vous exercez les fonctions de directrice départementale des Territoires : comment se passe votre immersion dans l'univers agricole ?

Simone Saillant : Quand on est à la tête d'une DDT, l'univers est plus large que le seul domaine agricole ! Une DDT réunit les anciennes Directions départementales de l'Équipement et de l'Agriculture. Nous allons des plans de prévention des risques d'inondations à l'urbanisme, en passant par le logement social, l'agriculture, l'environnement, la forêt et la chasse. J'y ajoute la sécurité routière puisque notre administration comprend les inspecteurs du permis de conduire.

Je connaissais déjà un peu le monde agricole dans le département car, précédemment, j'étais déléguée interrégionale Centre et Île-de-France de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage. Auparavant, j'avais été adjointe de la directrice régionale de l'Agriculture et de la Forêt. Ce qui m'avait permis de travailler sur les dossiers eau, irrigation et Agence de Bassin. J'avais donc perçu certaines problématiques du Loiret et cela m'a permis d'appréhender mon poste avec peut-être plus de facilité.

 

Un élément de sécurisation

Intervenait également une connaissance des acteurs : Michel Masson, Xavier Beulin, Jean Daudin, Jean-Marc Leluc, etc. Je ne les ai pas découverts lors de ma prise de fonctions ! Cela a été, je pense, un élément de sécurisation : nous étions déjà dans une relation de confiance. Nous ne sommes pas toujours d'accord. Mais nous nous connaissons et je pense que nous nous apprécions: En tout cas, moi, j'apprécie ces responsables agricoles. Et cela aide à aborder les dossiers au quotidien.

LAR : Au mois de décembre dernier, vous avez assisté aux assemblées générales de la C.A.PRO.GA. et d'AgroPithiviers : qu'avez-vous retenu de la coopération en tant qu'outil économique où l'homme est mis au centre des préoccupations ?

Si. Sa. : Effectivement, j'ai beaucoup apprécié les assemblées générales auxquelles j'ai participé. Notamment pour les remontées de terrain qu'elles permettent. L'administration n'est pas enfermée dans sa tour d'ivoire ! Cela me permet, lorsque je suis amenée à m'exprimer, de délivrer un certain nombre d'informations et de messages.

Dans le monde en pleine évolution que nous traversons, ni l'administration ni la profession agricole ne doivent camper sur leurs certitudes ! C'est vraiment très important à un moment où beaucoup de choses se négocient : la réforme de la Politique agricole commune, le cinquième programme de la directive nitrates, etc. Je suis persuadée que personne parmi nous n'a raison à lui tout seul : à chaque moment, les arguments de l'autre peuvent faire avancer.

Pour en venir à la coopération, je trouve que c'est un modèle très intéressant de l'agriculture mais qui dépasse également celle-ci. Il y a de l'humain, de la mutualisation. Existe aussi une certaine sécurisation, qui est une valeur montante : quand on voit la volatilité des marchés, c'est un outil qui fait chaud au coeur ! La profession agricole, plus que d'autres, se caractérise par un certain isolement. Or la coopération est un moyen de rompre celui-ci et de mettre en commun tout ce que chacun a de meilleur pour en faire bénéficier tout le monde.

LAR : Parlons à présent de la directive nitrates : quels sont les enjeux du cinquième programme d'actions et où en est-on de la procédure ?

Si. Sa. : Je rappelle le contexte : un double contentieux entre la France et l'Union européenne. L'un vise le zonage, c'est-à-dire les communes où les mesures s'appliqueront, et l'autre les mesures en elles-mêmes. En juin dernier, notre pays a été condamné pour l'aspect zonage. Nous nous attendons à la même chose concernant le programme d'actions. La France n'a pas attendu et c'est pourquoi le programme national a été révisé. Le zonage l'a également été. Actuellement, nous travaillons sur les programmes d'actions régionaux. Il y a un double enjeu : protéger la ressource en eau et conserver la compétitivité des exploitations.

 

Un durcissement prévisible

Certaines Régions ont attendu la sortie des textes nationaux pour se mettre à travailler et devront le faire dans un temps très court. Une démarche qui n'est pas propice pour bien poser les problèmes et favoriser l'acceptation des décisions. Or en Région Centre, depuis le mois d'avril dernier, il y a des groupes de concertation au niveau technique. Ceux-ci rassemblent les coopératives, les instituts techniques, les chambres d'agriculture et les services de l'État. Il est bien évident que les mesures seront durcies puisque nous sommes attaqués sur le fait que la Commission européenne trouve que le programme est trop light. Sur ce sujet difficile, il faut se garder des analyses à l'emporte-pièce et invoquer des arguments techniques.

Lire la suite dans la version papier de notre édition du vendredi 17 janvier 2014.

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