Nathalie Dedieu, une inspectrice aux deux visages
Après un détachement à la DGCCRF, la technicienne a réintégré le Gnis. En toile de fond, les nouvelles missions du Groupement interprofessionnel en matière de contrôles phytosanitaires.
Titulaire d'un BTS agricole technologies végétales (spécialité semences), Nathalie Dedieu est arrivée à la Délégation régionale du Groupement national interprofessionnel des semences et plants (Gnis) en 1996. Pendant treize ans, elle a exercé les fonctions d'inspectrice au Service officiel de contrôle (Soc). « Un poste très technique » où les aspects réglementaires sont en première ligne. L'enjeu : le respect des normes de qualité en vue de la certification. « On a affaire aux professionnels et à de la matière vivante : même s'il existe des normes, il faut savoir s'adapter aux contraintes culturales qu'on rencontre. (...) Tout est une question de pédagogie et de diplomatie. Nous sommes là pour que l'agriculteur multiplicateur puisse produire et vendre des semences de qualité. »
Puis, pendant cinq ans, la technicienne a été mise à disposition de la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF). « J'avais une bonne connaissance de la réglementation et j'étais rigoureuse : cela me correspondait. » L'intéressée était inspectrice pour les grandes cultures. « J'ai été obligée de me spécialiser dans toutes les espèces. Je rencontrais les professionnels commercialisant des semences. » Dans son poste précédent, notre interlocutrice contrôlait la production. Au sein de l'administration, elle contrôlait la distribution. « Dans le premier cas, je veillais à la conformité des lots de semences. Dans le second cas, je vérifiais que la semence commercialisée correspondait à la réglementation : étiquetage, information du consommateur, qualités évolutives du produit. »
Une nouvelle organisation des contrôles
Nathalie Dedieu est rentrée au bercail en mars dernier. « J'avais un agrément qui était renouvelé tous les ans. Nous étions trois à être détachés à temps complet et quinze autres agents à temps partiel. Or la DGCCRF n'a pas renouvelé notre agrément : cette dernière ayant la volonté de reprendre la main sur les contrôles, elle n'utilise plus l'expertise du Gnis. » La jeune femme exerce une double mission : premièrement, elle est chef de projet formation Maîtrise sanitaire en production de semences et plants à la Société française de Formation, d'Expertise et de Conseil de la Filière Semences (l'Asfis), filiale du Gnis. « La réglementation relative à la certification sanitaire des végétaux est suivie par la Direction générale de l'Alimentation (NDLR : DGAL, qui dépend du ministère de l'Agriculture) mais, dans les années 1990, sa mise en oeuvre a été confiée au Gnis pour certaines espèces de semences et plants. »
Or cette année 2014 marque la mise en oeuvre d'une nouvelle organisation des contrôles : le Soc est chargé de ces derniers et de l'apposition du passeport phytosanitaire. Quant à la délivrance du certificat phytosanitaire, il reste du ressort de la DGAL, qui se repose sur les contrôles du Soc. Commentaire de Nathalie Dedieu : « Les dispositifs phytosanitaires ont pour objectif de protéger les ressources végétales et cultivées contre l'introduction et la dissémination des organismes nuisibles aux plantes en réduisant au minimum toute entrave à la circulation internationale des personnes et des biens. » « On veut gérer les organismes nuisibles » insiste la technicienne, qui ajoute : « Pour circuler à l'intérieur de l'Union européenne, les plantes doivent avoir un passeport phytosanitaire. Hors UE, certains pays exigent que le végétal soit introduit avec un certificat phytosanitaire. » Précisons que le dispositif réglementaire relatif au passeport phytosanitaire est défini par des directives européennes.
Avant janvier 2017
Depuis cette année, le Soc est délégataire du ministère de l'Agriculture pour les missions de contrôles liées à la délivrance du passeport et du certificat phytosanitaires des semences et plants. « L'État a décidé de responsabiliser les entreprises. » Cela signifie que la DGAL souhaite que les entreprises procèdent à des autocontrôles et le Soc pourra les prendre en compte pour la délivrance du passeport et du certificat. « Mais il faut que l'entreprise puisse faire la preuve des garanties nécessaires. » L'enjeu : se voir appliquer un taux de contrôles officiels allégé. D'où la mise en place de formations.
Celles-ci visent deux publics. Tout d'abord, les inspecteurs du Soc afin qu'ils acquièrent de nouvelles compétences. « Avant, ils faisaient du contrôle variétal. Aujourd'hui, ils doivent aussi effectuer des contrôles phytosanitaires (NDLR : cela est valable pour les espèces concernées par la nouvelle délégation). » Quant aux établissements semenciers, ils constituent le deuxième public visé : « Pour mettre en place les autocontrôles et que le Soc les prenne en compte, il faut que les entreprises disposent des compétences nécessaires. » Les entreprises voulant effectuer des autocontrôles doivent présenter un plan de maîtrise phytosanitaire avant janvier 2017. Sur le fond, il semble logique que l'Asfis mette en oeuvre ces formations puisque cette dernière est spécialisée dans les formations semences de manière générale. Le catalogue 2015 prévoit six rendez-vous (lire l'encadré) pouvant accueillir une douzaine de personnes à chaque fois. Des sessions d'une ou deux journées.
50 % des surfaces pour les légumes secs
L'autre volet de la mission de Nathalie Dedieu consiste à être un relais auprès d'un certain nombre d'acteurs : distributeurs de semences, agriculteurs, enseignants et étudiants du monde agricole, prescripteurs du monde agricole, grand public et jardiniers amateurs. « Un poste nouveau à la Délégation du Gnis. Objectif : renforcer les actions et la communication auprès de ces publics en ayant une présence de proximité. » L'intéressée justifie : « Il est indispensable de montrer l'implication des acteurs de la filière et le rôle de chacun : de plus en plus, le secteur de la semence est concerné par les enjeux de société. » L'occasion aussi de rappeler l'importance de ce secteur. La région Centre pèse d'un poids considérable en termes de multiplication d'espèces : 13 % des surfaces nationales toutes espèces confondues ; 50 % des surfaces nationales pour les semences de légumes secs ; 30 % des surfaces nationales pour les potagères fines ; une vingtaine de stations de sélection et une trentaine d'usines. La résultante de conditions pédoclimatiques favorables et d'un réseau d'agriculteurs multiplicateurs performants. « Des établissements semenciers de toute la France et même de l'étranger viennent proposer des contrats de multiplication en région Centre. » Un réel potentiel de développement !