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Myciculture
Mathieu Teixeira se lance dans la culture de morilles

En 2020, Mathieu Teixeira fait le pari de cultiver la morille. Après une première année de production parsemée d’embûches, l’habitant de Ladon ne perd pas espoir.

Connu de nombreux agriculteurs loirétains, Mathieu Teixeira possède plusieurs cordes à son arc. Responsable de la Fédération départementale des Cuma, il est également président de la Fête de la Sange et trésorier de la Fédération des chasseurs du Loiret. En 2020, cet hyperactif souhaite valoriser ses 3,5 hectares de terrain avec un objectif rémunérateur, peu énergivore et ne nécessitant pas de salarié. Après quelque temps de réflexion, Mathieu se tourne finalement vers une production empreinte de nostalgie pour lui : la morille. « Petit, j’allais à la cueillette des champignons avec mes grands-parents, se souvient-il. J’adorais ça ». Correspondant à tous ses critères, le champignon devient le produit référent de son plan d’entreprise (PE). Malheureusement pour le jeune exploitant, rien ne va se passer comme prévu.

Analyser le marché

Mathieu Teixeira a toujours souhaité devenir agriculteur. En lançant son projet de culture de morilles, il espère bien toucher du doigt son rêve. C’est pour ça qu’en 2020, afin de bien s’y préparer, il se rend à Annecy pour visiter une jeune exploitation agroforestière. Baptisée Les Morilles du lac, la société propose une méthode naturelle qui séduit le responsable des Cuma du Loiret. « Leur approche n’implique ni serre, ni tunnel en plastique, souligne-t-il. Pour produire de la morille, nous devons jouer avec les éléments. De plus, nous travaillons en collaboration en échangeant nos données. J’ai aimé cette transparence ». Il installe alors sa parcelle sur 6 000 m2, « l’une des plus grosses en France » selon lui. Après avoir fait de nombreux essais de terre, son plan de financement le projette sur cinq années durant lesquelles il n’a le droit qu’à un échec.

Autant en emporte le vent

Malgré tous ses efforts, cette première année de production ne sera pas à la hauteur de ses attentes. Le 4 décembre 2021, une tempête se déclare arrachant l’ensemble de la structure protectrice dont l’installation venait de s’achever.

Le vent violent déracine les poteaux et les ancrages. Pourtant, la morille a besoin d’être protégée pour pousser. Mathieu Teixeira avait mis en place des voiles d’hivernage sur douze bandes de culture afin de limiter les excès de température. Au niveau de la structure, il avait déployé un voile conçu spécialement pour la filière champignon. Ce voile permet de limiter les rayons du soleil. Il garantit un contexte ombragé sous la structure pour un développement optimal des champignons forestiers. Désemparé, le champignonniste ne peut que constater les dégâts : « Les morilles n’ont pas poussé à cause de la chute du voile protecteur et du gel du mois d’avril. Cependant, la structure est restée humide et plutôt chaude. D’autres champignons ont réussi à s’y développer, indiquant la bonne santé de mon support ».

Après cette première épreuve, un second événement est venu perturber les projets de Mathieu Teixeira. Le trichoderma, un champignon pourtant auxiliaire de culture pour les céréales, est venu s’attaquer au peu de morilles restantes.

Face à ces deux coups durs consécutifs, le cultivateur n’a pas baissé les bras. Trois mois après la tempête, il a remonté l’habitacle alors constellé de trous, réinstallé de nouveaux ancrages et remis 1 m3 de béton à chacun de ses poteaux.

Un optimisme à toute épreuve

Loin d’être démotivé par cette année compliquée, Mathieu Teixeira a de nouveau travaillé le sol de sa parcelle afin notamment de récupérer les 3 800 pots d’argile dans lesquels est implanté le mycélium. Sa nouvelle bâche, arrivée au début du mois de juin, va être de nouveau installée. Il compte même créer un outil pour rembobiner toutes ses bâches sur place. Trois coups de déchaumage sont prévus dans le courant de l’été afin de détruire un maximum d’adventices.

Les pots seront de nouveau enterrés au mois de septembre. Le champignon constituera ses réserves durant l’hiver pour une fructification aux mois de mars et d’avril. La production de morilles de l’agriculteur est certifiée bio et 100 % de ses ventes sont destinées aux restaurateurs. Dans un futur proche, Mathieu Teixeira espère développer d’autres champignons, comme le pied bleu, le lactaire ou le mousseron des prés. Il souhaite également équiper son terrain de sondes capacitives pour analyser ses réserves et connaître la température de ses sols. Toujours dans un souci d’analyse, il compte investir dans un microscope. « Je veux être en capacité de produire mon propre mycélium plutôt que l’acheter, conclut-il. À terme, j’aimerais qu’un de mes bâtiments devienne un laboratoire de transformation ou de préparation et pourquoi pas un local de vente ».

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