Élevage laitier
« Maintenir un équilibre vie pro/vie perso, c'est un combat de tous les jours »
Brigitte Delpech est à la tête de la ferme laitière des Petits Bois à Montigny-Lencoup (Seine-et-Marne). Maman de deux petites filles de 2 et 5 ans, elle a mis en place une organisation millimétrée entre vie professionnelle et vie personnelle.
Brigitte Delpech est à la tête de la ferme laitière des Petits Bois à Montigny-Lencoup (Seine-et-Marne). Maman de deux petites filles de 2 et 5 ans, elle a mis en place une organisation millimétrée entre vie professionnelle et vie personnelle.
Elle est de celles qui ne s'arrêtent jamais, de celles qui ont embrassé le métier dès le plus jeune âge, de celles qui sont en permanence sur tous les fronts, qui assurent à tous les postes, quitte à parfois (souvent) s'oublier… À 32 ans, Brigitte Delpech est à la tête d'une exploitation laitière qu'elle a largement fait évoluer depuis son installation en 2015. Partie d'une quinzaine de vaches et de 75 hectares de cultures et prairies, la ferme des Petits Bois, dans le sud de la Seine-et-Marne, compte aujourd'hui 25 têtes, plus d'une centaine d'hectares de terres et surtout, un atelier de transformation et un magasin de vente directe à la ferme, ouvert jusqu'à il y a peu… sept jours sur sept.
Entre les traites, les cultures, la transformation, la vente, les livraisons, l'administratif, la comptabilité…, le quotidien de Brigitte Delpech est toujours intensément rythmé. Et ça ne s'arrête pas là. L'éleveuse est aussi maman de deux jeunes enfants de 2 et 5 ans et son conjoint travaille à temps plein à l'extérieur. Pour la jeune trentenaire, l'équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle est un combat de tous les jours. « On sait à quel point notre métier d'éleveur est chronophage. Les animaux, c'est sept jours sur sept et toute l'année. Depuis que j'ai mes filles, je mets un point d'honneur à m'organiser pour être présente pour elles. La clé, c'est une organisation millimétrée et un entourage solide et présent. Mais malgré cela, j'ai en permanence l'impression de jouer les équilibristes », confie Brigitte Delpech.
« Une organisation à flux tendu »
Les journées de la jeune éleveuse commencent toujours au petit matin, « généralement à 5 heures, 6 heures si je n'arrive pas à me lever », sourit-elle. Elle file directement à l'exploitation pour « mettre en route le travail et organiser la journée, il n'y a pas de place pour l'improvisation ». Puis elle regagne son domicile « vers 7 h 30, 8 heures quand mon conjoint part à son travail. Je prends le relais avec mes filles et j'ai un moment avec elles avant de les emmener à l'école ». C'est elle aussi qui les récupère en fin d'après-midi. « Il me reste toujours du travail mais j'y retourne plus tard lorsque mon conjoint est de retour. J'ai vraiment sacralisé ces moments avec elles pour les voir, sinon on se fait vite aspirer par le tourbillon de l'exploitation », tranche la jeune femme qui récupère aussi son aînée pour le déjeuner deux jours par semaine. « Je peux compter sur l'aide de mes parents qui ne sont pas encore en retraite, ainsi que de mon frère qui travaille sur l'exploitation. Le plus difficile, ce sont les périodes intenses de travaux comme les semis, les récoltes ou les fins d'année avec les marchés de Noël. C'est une organisation à flux tendu et le jour où mes parents vont arrêter, il faudra encore revoir toute l'équation », s'inquiète Brigitte Delpech.
« Une question de volonté et d'organisation »
Depuis toutes petites, les deux fillettes ont aussi été habituées à accompagner l'éleveuse dans ses activités professionnelles : livraisons, transformation ou boutique à la ferme après l'école… Parfois, il n'y a pas le choix. « L'aînée est patiente, la deuxième beaucoup moins, sourit la jeune femme. Il faut trouver des stratagèmes ou s'organiser différemment en demandant de l'aide. Je réajuste en permanence ».
Dans cette course infernale contre le temps, Brigitte Delpech a tout de même pris une décision en faveur de sa vie personnelle il y a quelques semaines en décidant de fermer la boutique le dimanche après-midi. « Jusqu'à l'été dernier, nous étions ouverts tous les jours. Désormais, j'ai décidé de fermer le dimanche. Cela me fait une journée où je sais que c'est un peu ''service minimum''. On s'organise en famille pour les traites et l'élevage mais l'emploi du temps est allégé ». Allégé, enfin… pas tout à fait : « Il y a toute l'organisation de la maison à gérer, les courses, le ménage… Et bientôt il y aura les devoirs ! Ça, je le redoute car je voudrais être là et il faudra encore que je me réorganise totalement pour que cela soit possible », pointe Brigitte Delpech qui ne s'accorde que très peu de temps pour elle. « Je vais chez le coiffeur mais c'est à peu près tout, lance timidement la jeune femme. Avant je faisais du sport une fois par semaine mais j'ai arrêté car ça ne rentre plus dans l'emploi du temps ».
Et il n'est pas non plus question de parler de vacances : « On a pris quatre jours l'été dernier. Et du fait des conditions météo difficiles pour travailler dans les champs, j'ai été peu présente lors des dernières vacances de la Toussaint. Ça a été difficile pour mes filles qui m'ont réclamé les derniers jours », confie la jeune éleveuse, alors gagnée par l'émotion mais qui n'envisage pas sa vie autrement. « C'est vrai que c'est un vrai tourbillon mais j'ai la chance d'avoir un conjoint qui comprend et accepte mon travail et mes contraintes. Sans cela, ce ne serait pas possible. Tout le reste est une question de volonté, d'équilibre et d'organisation ».
Cet article fait partie d'un dossier Élevage laitier