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« L’investissement dans la bineuse est vite rentabilisé »

Marc Leprince a choisi la carte agronomique pour lutter contre les adventices. Il a diversifié et allongé sa rotation et remplace dès que possible les désherbages chimiques par des passages à la herse étrille ou à la bineuse. Une stratégie rentable.

Equipé d’une herse étrille, d’une écimeuse et deux bineuses, Marc Leprince passe aussi dans les céréales bio que dans les betteraves ou les tournesols conventionnels.
Equipé d’une herse étrille, d’une écimeuse et deux bineuses, Marc Leprince passe aussi dans les céréales bio que dans les betteraves ou les tournesols conventionnels.
© Chambre d’Agriculture du Loiret

Dans la cour, la herse étrille est attelée au tracteur. Les sols argilo-calcaire sont ressuyés, Marc Leprince va pouvoir désherber son champ de seigle associé à des lentillons. Agriculteur à Greneville-en-Beauce (Loiret) avec ses parents sur 210 ha, il a modifié sa rotation pour mieux gérer le désherbage de ses parcelles. Il cultive, en conventionnel, du blé tendre (60 ha), de l’orge de printemps (60 ha), des betteraves (20 ha) et du tournesol (20 ha). Chaque année depuis 2009, il convertit quelques hectares en bio. Aujourd’hui, sur 50 ha bio, il produit de la luzerne, du petit épeautre, du seigle associé avec des lentillons, du lin oléagineux de printemps, des pommes de terre, des oignons, et des semences de féverole. «L’alternance de cultures de printemps et de cultures d’hiver permet de décaler les flores. Les adventices d’hiver germent avant les cultures de printemps, je peux donc les maîtriser facilement avec des faux semis. En choisissant bien ses cultures par rapport aux adventices, on peut ainsi obtenir une efficacité très satisfaisante, voire surprenante», souligne Marc Leprince.

Betteraves : jusqu’à deux passages économisés

La famille Leprince a toujours utilisé le désherbage mécanique. Dans les cultures conventionnelles, les engins viennent en complément du désherbage chimique. Pour les betteraves par exemple, il commence par deux passages désherbants chimiques, puis passe la bineuse. Il économise ainsi au moins deux passages de pulvérisateur, soit environ 60 €/ha de produits phytosanitaires en moins. Pour le tournesol, après un semis assez profond (4 cm), à 75 000 grains/ha, à 50 cm d’écartement, Marc effectue un désherbage à l’aveugle avec la herse étrille. Mais attention aux réglages. «La préparation du sol doit être impeccable et uniforme, et la herse doit rentrer au maximum de 2 cm dans le sol pour ne pas abimer les graines de tournesol. En passant à 15 km/h environ, on supprime toutes les levées d’adventices. C’est très efficace. On peut attendre facilement un mois après pour désherber à nouveau, cette fois-ci avec une bineuse et des doigts Kress». Pour ces cultures, il a investi, avec deux autres collègues, 32 000 € dans une bineuse Carré, avec guidage caméra.

La herse étrille dans les céréales bio

L’agriculteur utilise également la herse étrille ou la bineuse dans les céréales bio. Il a acheté d’occasion, en copropriété, une autre bineuse à betteraves, qu’il a modifiée pour travailler les féveroles, le lin ou le seigle avec un écartement de 18 cm. Une fois que le sol est ressuyé, il déclenche ses passages en fonction du salissement. « Pour quelques véroniques des champs, je ne vais pas sortir la herse. Par contre, un rond de vulpin, je ne le laisse pas. Un passage de herse autour du 10-20 mars permet d’en supprimer pas mal, même s’ils sont déjà implantés. Je finalise le travail avec une écimeuse. Un deuxième passage n’est pas obligatoire. Certaines fois, je ne fais que la moitié de la parcelle».

Par contre, pour les céréales conventionnelles, Marc Leprince laisse les engins sous le hangar. «C’est une question de stratégie. Le désherbage mécanique n’est pas compatible avec 200 unités d’azote sur le blé, car la fertilisation renforce les adventices. Je pratique parfois le désherbage mécanique à la herse étrille sur l’orge de printemps, mais les doses d’azote sont inférieures à celles d’un blé, environ 130 unités».

Pour l’agriculteur qui utilise les deux modes de désherbage, le mécanique n’est pas plus contraignant que le chimique. Dans la Beauce venteuse, il trouve plus facilement des créneaux pour sortir la bineuse que le pulvérisateur, et les chantiers sont assez rapides grâce à sa herse étrille de 12 mètres. Enfin, l’investissement dans une bineuse est vite rentabilisé. Même s’il y a des coûts supplémentaires de fioul et de mécanique, l’engin permet, sur tournesol, d’économiser 80 €/ha et jusqu’à 120 €/ha de produits phytosanitaires, si on supprime l’anti-graminée.

Rendez-vous le 12 mai

Marc Leprince viendra témoigner de ses pratiques lors des «Rencontres désherbage», organisées par la chambre d’agriculture du Loiret, le 12 mai à Traînou. Le matin, des stratégies de désherbages, en différents systèmes (agriculture de conservation, de précision ou bio) seront évoquées. Ce moment se déroulera sous forme d’échanges entre agriculteurs et experts chacun ayant un savoir-faire à partager. L’après-midi, rendez-vous à la plate-forme d’expérimentation de Traînou, avec démonstration de robots de désherbage et bilan des essais mesurant l’impact de différents paramètres agronomiques (travail du sol, variétés, dates et densités de semis).

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