L’heure est à la cueillette des poires du Loiret
La récolte des poires bat son plein dans le Loiret. Commencée avec quinze jours d’avance, celle-ci est exceptionnellement précoce, mais s’annonce normale.
La récolte de poires a commencé depuis quelques jours dans le Loiret. Au Verger de Melleray, à Saint-Denis-en-Val, Jérôme Brou s’attend à une récolte « normale, en espérant que les prix soient corrects »
Démarrée avec une quinzaine de jours d’avance, la cueillette des poires ne semble pas avoir trop souffert de la canicule des derniers jours. « C’est de plus en plus fréquent de commencer la saison début août, constate t-il. La précocité n’est pas un avantage pour nous car ça prolonge la durée de conservation du fruit en frigo. Or, on sait qu’une poire réfrigérée perd environ 1 % de son poids par mois ».
La sécheresse n’a pas eu, à ce stade, d’impact direct sur le développement des fruits car 100 % du verger est irrigué. « Sans irrigation pas de poires », assure l’arboriculteur qui constate tout de même davantage de fruits brûlés, notamment sur les arbres. « C’est récurrent d’avoir des fruits brûlés après la cueillette, mais c’est la première fois que je vois des fruits brûlés directement sur les poiriers (2 à 3 par arbre). »
Lui qui cultive une quinzaine d’hectares de poires, mais aussi des pommes et des fraises, est sur la fin de la récolte des Williams et va attaquer d’ici la fin de semaine la variété Conférence, puis La Doyenné du Comice et enchaîner avec Angélys ou encore la nouvelle variété Sweet sensation. « C’est pour le moment pas trop mal, affirme l’arboriculteur. Je pense que l’on va faire un tonnage relativement similaire à celui de l’année passée, c’est-à-dire 45 tonnes en Williams, et au total sur l’exploitation 450-500 tonnes ». À noter que sur un lot normal de Williams, environ 20 % des poires sont « hors calibre », abîmées, piquées. Celles-ci sont envoyées chez un industriel pour être distillées et transformées en alcool de poire principalement.
À ce jour, l’une des inquiétudes de l’agriculteur concerne la recrudescence de ravageurs, notamment le psylle qui affaiblit les poiriers au printemps et déprécie les fruits. « Depuis 2-3 ans, on voit de plus en plus de larves de psylles sur les jeunes rameaux ou sur les feuilles », explique-t-il.
« D’habitude on laisse les auxiliaires faire le boulot de prédation, mais cette année, ils n’étaient pas là… Les coccinelles et chrysopes sont arrivées avec un bon mois de retard, laissant le temps aux psylles de s’installer ». Jérôme Brou a eu beau essayer de mettre de l’argile et de la potasse, les ravageurs se sont multipliés très vite et ont causé des dégâts visibles qui vont engendrer le déclassement du fruit : couleur grise, taches noires…
Une menace prise très au sérieux au sein du Coveta (Centre orléanais de vulgarisation et d'études des techniques arboricoles), dont il est le président : « Depuis une dizaine d’années on voit revenir des cochenilles, acariens, phytoptes, hoplocampes et anthonomes mais nous n’avons pas toujours de traitements autorisés pour lutter. Le groupe est là pour chercher et tester des solutions alternatives que ne nous donnent pas l’État, souligne t-il. Toutes nos actions ont pour objectif d'améliorer la performance de nos entreprises arboricoles et d'en assurer la pérennité ».