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Les bioénergies, source de développements technologiques

VALBIOMCENTRE organisait son forum annuel à Orléans. Un rendez-vous axé sur la méthanisation et le bois énergie.

Philippe Lirochon : « C'est la vocation de VALBIOMCENTRE de contribuer au développement économique de la région. »
Philippe Lirochon : « C'est la vocation de VALBIOMCENTRE de contribuer au développement économique de la région. »
© Loiret agricole et rural

« Nous sommes au coeur de développements technologiques. La quantité de biomasse augmente fortement : il existe des gisements agricoles et ils sont à mettre en lien avec des utilisations locales. La région Centre dispose aussi de gisements forestiers conséquents. Nous avons vu des acteurs locaux capables de se prendre en charge et c'est la vocation de VALBIOMCENTRE (lire par ailleurs) de contribuer au développement économique de la région en mettant en relation l'industrie, l'agriculture et la recherche. » À l'issue d'une matinée de travaux, c'est le message qu'a délivré Philippe Lirochon. Le président de l'association s'exprimait lors du forum que l'entité organisait le jeudi 19 juin à Orléans dans les locaux de la Délégation interrégionale du Centre national de la Recherche scientifique. Un rendez-vous annuel axé sur les bioénergies : la biomasse pour la méthanisation et le bois.

Onze unités de méthanisation sont en fonctionnement en région Centre et cinq autres le seront d'ici la fin de l'année. Ce premier groupe, qui a représenté un investissement total de quinze millions d'euros, produit 17.800.000 kW d'électricité par an. Pour cela, 85.000 tonnes de biomasse sont nécessaires. Une matière première provenant des effluents d'élevage (71 % des approvisionnements), de déchets externes (industrie agroalimentaire et collectivités locales pour 19 % des approvisionnements) et des intercultures (10 % des approvisionnements). Chargé de mission recherche, référencement et innovation à la chambre d'agriculture du Loiret, Laurent Lejars a rappelé quelles étaient les conditions pour que la biomasse destinée à la méthanisation réponde aux objectifs : « La matière doit se dégrader rapidement par fermentation. » Garantir les approvisionnements étant une nécessité, le technicien a ajouté : « Les projets se raisonnant sur quinze ans, attention à ne pas dépendre d'un produit extérieur. D'où l'intérêt de prévoir des solutions de secours. On commence également à sentir un peu de concurrence. »

Un gisement potentiel de 7,5 millions de tonnes

Les cinq nouvelles unités de méthanisation créeront une pression sur la demande de biomasse. Or le gouvernement veut que la France dispose de mille méthaniseurs à l'horizon 2020 : cela en ferait une cinquantaine en région Centre... D'où l'intérêt d'un inventaire des gisements fermentescibles. Une action menée en 2010 et en cours de réactualisation. On estime que le gisement régional potentiel qui pourrait aller à la méthanisation s'élève à 7,5 millions de tonnes. Une matière qui possède toutefois déjà des débouchés, notamment l'alimentation animale. Précisons que la paille, la menue paille et les intercultures ne sont pas prises en compte : elles constituent une sécurisation des approvisionnements. Au cours de son intervention, Laurent Lejars a soulevé un certain nombre de questions : « L'évolution du prix de la biomasse fermentescible ; la concurrence entre projets mais aussi avec des pays étrangers, voire des régions voisines, où le soutien à la méthanisation est plus prononcé ; la durée de montage des dossiers, qui ne facilite pas la sécurisation des approvisionnements. »

Des projets de territoire

L'optimisation de la logistique constituait le thème d'une deuxième table ronde. Parmi les intervenants, Cyril Flamin, de COOPENERGIE, une Union d'une vingtaine de coopératives du Nord du Bassin parisien et de la région Centre : « Il faut une organisation importante au niveau du champ : la récolte de paille se fait en peu de temps, environ trois semaines. Or on en a besoin toute l'année. Souvent, un conditionnement est nécessaire : une presse est à mettre en oeuvre. L'étape suivante concerne le stockage. Collectif ou chez l'agriculteur. Dans tous les cas, il faudra investir dans des unités dédiées. » Puis interviendra la commercialisation : « Les industriels ont besoin de sécuriser leurs approvisionnements. Or les coopératives ont la capacité de contractualiser et sont ensuite en mesure de travailler avec leurs adhérents. » Ainsi, fournir 100.000 tonnes de paille, pour un rendement de trois à quatre tonnes par hectare, impliquerait entre cinq cents et mille agriculteurs. « Toutefois, il faut plus réfléchir à des projets de territoire ne dépassant pas soixante mille tonnes qu'à des projets de grande ampleur. »

« La sécurisation des approvisionnements est un pilier de la réussite d'un projet de méthanisation » a déclaré Sandrine Marques, de VERDESIS, filiale d'EDF. L'opérateur établit différents modèles de contrats selon le type d'acteur et l'équilibre économique du projet : de 5.000 tonnes par an jusqu'à 40.000 ou 60.000 tonnes pour les plus grosses opérations. Précisons que la contractualisation est un critère fixé par les banques pour financer un projet.

Un marché instable

La Sidésup produit annuellement : de quinze à seize mille tonnes de pellets de bois, de trente-cinq à quarante mille tonnes de pulpe de betterave et de quinze à dix-huit mille tonnes de luzerne déshydratée. Pour cela, l'entité d'Engenville utilise de douze à quinze mille tonnes de bois énergie. Cela représente la moitié de la consommation de la structure, l'autre moitié étant constituée du gaz naturel. Mise en service il y a sept ans, la chaudière au bois avait représenté un investissement de deux millions d'euros. Commentaire de Jean-Marie Bélières, directeur général de l'entreprise : « Au début, il y avait peu de gens capables de fournir du bois énergie. Heureusement qu'il y avait l'Office national des Forêts ! Puis de 2008 à 2011, nous avons croulé sous les offres. Nous avons sécurisé nos approvisionnements par du stockage : nous disposons d'une avance d'un mois. Mais depuis un an, en raison d'une forte demande, nous éprouvons des difficultés à avoir du bois de qualité. En hiver, celui-ci est humide. Nous sentons qu'il y a un problème de ressource et de mobilisation de celle-ci. Il faudrait que le consommateur ou l'amont ait la capacité de stocker. »

Le représentant de la Société d'intérêt collectif agricole souleva un deuxième problème : « Nous nous étions lancés dans le bois par souci d'économie. Aujourd'hui, nos confrères sont au charbon. Or celui-ci est plus compétitif, d'autant que les quotas de CO2 ne valent pas grand-chose. Le marché des granulés de bois est instable et sujet à des crises potentielles. Si l'hiver avait été rude, la situation aurait été bien pire ! Pour augmenter notre production, nous aurions besoin d'autres matières : plaquettes, grondins, etc. Or nous sommes en concurrence avec d'autres utilisations du bois : pâte à papier, fabrication de panneaux, etc. »

Une convention avec EDF

André Kiener, directeur commercial d'EDF Grand Centre, et Philippe Lirochon ont signé une convention. « Il y a une quantité de sujets sur lesquels nous allons travailler ensemble » a déclaré le représentant de l'opérateur électrique. Qui a ajouté : « La biomasse pour la méthanisation représente un intérêt car ce n'est pas une production intermittente : pour fournir de l'électricité, c'est très important. » Pour sa part, le président de VALBIOMCENTRE fit cette déclaration : « Les enjeux sont forts et nous allons tenter d'apporter notre pierre à l'édifice. »

Un réseau fédérateur

Dédié à la valorisation de la biomasse non alimentaire, VALBIOMCENTRE s'adresse aux entreprises industrielles et agricoles qui souhaitent développer des produits, des procédés ou des services utilisant des agro-ressources locales comme source d'énergie, de matières premières ou auxiliaire de fabrication. L'association regroupe plus de soixante entreprises (PME-PMI), coopératives agricoles, agriculteurs, associations, Universités et centres de compétence. L'objectif de ce réseau fédérateur est de favoriser l'utilisation innovante dans l'industrie de produits issus de la biomasse régionale en mettant en relation l'industrie, l'agriculture et la recherche. Pour en savoir plus, joindre le 02.37.84.20.00.

 

Chiffres-clés

- SAU régionale : 2,4 millions d'hectares, dont 1.300 ha de bois et 400 ha de miscanthus.

- Paille : 2,6 millions de tonnes de matière sèche.

- 11 unités de méthanisation en fonctionnement. + 5 autres à venir.

- 94 chaufferies au bois en fonctionnement.

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