Le thé du Perche d’Émile Auté
À 42 ans, Émile Auté s’est lancé le défi de cultiver du thé dans le Perche, sur le Roussard de Sargé.
Après de nombreuses années dans le monde de la restauration sur l’île d’Oléron, Émile Auté est revenu à Vendôme, sur sa terre d’origine, pour se lancer dans une aventure qui lui tient à cœur : cultiver du thé dans le Perche. « J’avais envie de changer de vie, de revenir à la terre, et de vivre au vert, explique-t-il. Le monde du thé est magique, aussi large que celui du vin ».
Avec un nom de famille qui sonne bien, Émile Auté a créé il y a maintenant cinq ans sa marque « Les thés des châteaux » et concocte des recettes maison de haute qualité. Il ne fait pas simplement des thés verts, blancs ou noirs. « Lorsque je crée des thés et infusions bio, je laisse libre cours à mon imagination, à mes envies et surtout à mes sens, souligne-t-il. Je recherche quelque chose de différent, original, savoureux et local par le goût mais aussi l’aspect, la couleur et la senteur ».
Aujourd’hui il propose une cinquantaine de saveurs (thé noir, vert ou rooibos, avec chocolat, baies de goji, pétales de roses, bleuets, riz soufflé…), mais aussi de nombreux mélanges uniques en leur genre comme celui du Clos-Lucé auquel il ajoute des baies sauvages et du basilic, ou encore le thé des Dames de Chenonceau avec fraise et rose, ou celui de Valmer avec raisin, baies de sureau, d’aronia et cassis.
Bien que les thés viennent de petits producteurs chinois, vietnamiens et indiens, cet « artisan arômatiseur » a fait le choix de se fournir en fruits, légumes et fleurs (carottes, cassis, pommes, betteraves, baies sauvages, basilic…) auprès de producteurs de la région. « La totalité de la production est assemblée et agrémentée en Loir-et-Cher avec de vrais morceaux de fruits, des fleurs et des baies. J’ai le plaisir de vendre du thé à la fraise avec de vrais morceaux de fraises, c’est ce qui fait toute la différence. »
Mais ce « sommelier du thé » voulait encore plus. C’est pourquoi il a créé en début d’année son exploitation agricole pour commencer à cultiver ses propres théiers sur le Roussard de Sargé. « Il me manquait le début de la chaîne… Je veux progresser en tant que planteur de thé, avoir une démarche logique avec mes idées de produire local », déclare Emile Auté.
Lors de son dernier voyage en Inde, il avait donc rapporté près de 4 000 graines de Camellia sinensis (pour la qualité de ses feuilles) qu’il a semées il y deux ans à raison d’un mètre carré pour chaque pied. Ayant un très faible taux de retour sur graine, il également planté directement des plants de deux ans et demi prêts à être récoltés. « Pour m’aider je pioche dans différentes techniques de biodynamie, permaculture, agroforesterie…, poursuit-il. Mais il faut surtout laisser le temps que la nature travaille et que l’arbre grandisse. »
En attendant que la production soit à maturité et qu’il puisse récolter, il s’affaire à tailler les arbres en arbustes (pas plus d’1 m 30 de haut) à plat pour « avoir les bourgeons qui sortent, facilement identifiables et à hauteur d’homme pour faciliter le ramassage ». Prévue au printemps 2020, sa première récolte se fera sur la base de 500 plants âgés de 4 ans et sera renouvelée en juillet puis en août. « Le projet prévoit 5 ha en 5 ans. Le but est aussi d’initier les autres, leur faire part de mon expertise. C’est un métier stimulant et passionnant. »
Grâce a Emile Auté, on oublie le côté cérémonial du thé et on se laisse séduire par ces parfums locaux, vrais et naturels.
Doriane Mantez