Le biocontrôle est-il soluble en grandes cultures ?
La Scael a consacré son 4e Clubagro au thème du biocontrôle, en invitant trois spécialistes à expliquer et des agriculteurs à témoigner.

Pour son quatrième Clubagro qui s’est déroulé le 6 mars sous le dôme de la CCI à Chartres, le groupe coopératif Scael a choisi le thème du biocontrôle. Fidèle à sa formule, il a invité trois spécialistes à en expliquer les tenants et aboutissants, puis une table ronde les a réunis avec deux agriculteurs qui ont témoigné de leur expérience.
Si le biocontrôle se définit comme une méthode de protection basée sur des mécanismes naturels, la question était de savoir s’il pourrait un jour remplacer les produits phytosanitaires actuels et plus particulièrement en grandes cultures.
En effet, comme l’a expliqué Thibaut Malausa, chargé de recherches à l’Inra (Institut national de la recherche agronomique) : « Dans les serres, le biocontrôle a quasiment remplacé les phytos. En fruits et légumes il y a des solutions. En grandes cultures on a plus de mal à avancer, surtout pour des questions économiques ».
Un peu plus tard, Jean-Luc Gauthier, qui exploite les Jardins d’Imbermais, a indiqué qu’en effet il utilisait des bourdons pour polliniser et soigner ses tomates, des trichogrammes pour lutter contre le ver blanc ou des acariens contre les thrips… « C’est efficace en serre mais plus aléatoire à l’extérieur. Et ça me coûte 10 000 euros à l’hectare… »
Une somme évidemment complètement rédhibitoire en grandes cultures. Le coût est d’ailleurs l’un des freins identifiés à l’utilisation de ces solutions.
Il y a cependant des exceptions, à l’image du phosphate ferrique utilisé comme anti-limace (Sluxx HP).
La difficulté de démontrer l’efficacité du biocontrôle est un autre frein, a souligné Ronan Goff, le vice-président d’IBMA* France : « C’est difficile de faire la preuve par micro-parcelles et l’appropriation prend du temps par rapport au conventionnel. Aujourd’hui, le biocontrôle représente 5 % du marché, ce sera 15 % dans quelques années car la pression sociétale va continuer ».
Cependant, le fait est qu’il y a peu de solutions en grandes cultures. Claude Maumené, d’Arvalis, a précisé que sur les 85 substances actives recensées, cinq étaient utilisables en céréales, six en maïs.
Il a pris l’exemple de la lutte contre la septoriose pour expliquer : « ce que nous avons trouvé de mieux c’est soufre et phosphonate, en substituant une demi dose conventionnelle avec du soufre, c’est efficace à 60 %, ce qui est correct… En combinant biocontrôle et génétique, on ira plus loin ».
Les agriculteurs présents on relevé les problèmes engendrés par l’augmentation des volumes à épandre et du nombre de passages nécessaires. La route semble encore longue…
Hervé Colin
*IBMA France est l’association française des entreprises de produits de biocontrôle