La ruralité, cheval de bataille de Lamotte-Beuvron pour 2024
La commune de Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher) espère accueillir les épreuves d’équitation lors des Jeux olympiques de 2024.
Mardi dernier, Serge Lecomte, président de la Fédération française d’Équitation (FFE), a accueilli Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, Nicolas Perruchot, président du Département, et Pascal Bioulac, vice-président du Département en charge de l’agriculture et maire de Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher), au Parc équestre fédéral de ladite commune.
Situation économique des établissements équestres, liens avec l’agriculture, dynamiques de territoires et perspectives olympiques 2024 ont alimenté les échanges.
Nicolas Perruchot a ouvert la discussion : « Organiser les épreuves d’équitation à Lamotte-Beuvron lors des Jeux olympiques (JO) de 2024 nous tient à cœur. Cela valoriserait trente-cinq années d’investissements des collectivités locales. La FFE a parfaitement géré le site. Celui-ci accueille des milliers de visiteurs chaque année. Tout est en place pour réussir une compétition planétaire. Par ailleurs, la ruralité doit être présente aux JO. Prévoir des épreuves équestres à Versailles (Yvelines) serait une hérésie économique et écologique. »
Serge Lecomte a emboîté le pas au président du Département : « L’équitation représente une passerelle entre l’agriculture et le sport. L’exigence et le dépassement de soi sont des valeurs partagées par toutes les filières agricoles... L’équitation contribue à la dynamique des territoires et doit être soutenue dans le cadre des politiques européennes. L’agriculture fait partie de notre culture. Organiser les épreuves d’équitation à Versailles en 2024 entrerait en contradiction avec la sobriété économique. Le monde rural apporte une solution de bon sens. Les territoires ruraux doivent profiter des JO. »
Pascal Bioulac fut le troisième intervenant : « Le Parc équestre est l’un des deux plus importants centres équestres mondiaux en termes de retombées économiques. La Sologne a la faculté de s’adapter à des rendez-vous hors norme, à l’image du Generali open de France. Les parcs équestres sont des exploitations agricoles et accueillir les JO braquerait les caméras sur les territoires ruraux. »
S’il n’a pas nié que le site avait « besoin de monter en gamme », l’élu a pourfendu « les bien-pensants de l’équitation internationale qui préfèrent les châteaux et le caviar ».
Christiane Lambert s’est exprimée en ces termes : « La FNSEA est attachée à la filière équine. Lors du confinement, la famille du cheval a vécu des moments difficiles. Nous avons accompagné les centres équestres. Le public revient. L’équitation est une activité économique pour nos territoires ».
Se revendiquant « militante de la ruralité », la présidente de la FNSEA a appelé à « une ruralité décomplexée » et a émis le souhait que la Politique agricole commune 2021-2027 reconnaisse les éleveurs équins : « La filière a été précurseur du bien-être animal ».
La dirigeante syndicale a également évoqué la TVA applicable au secteur : « Nous sommes en négociation avec Bercy et l’Union européenne. L’objectif est d’aboutir à une harmonisation. »
Sans ambiguïté elle a conclut ses propos : « Notre pays y gagnerait à ne pas tout centrer sur Paris et à donner un peu de lumière aux territoires ruraux ».
Organiser les épreuves d’équitation à Lamotte-Beuvron lors des JO de 2024 coûterait 12 millions d’euros, contre 27 millions d’euros à Versailles pour des installations qui disparaîtraient à l’issue des épreuves. Le comité d’organisation des JO de 2024 devrait rendre sa décision à la fin de l’année.
Olivier Joly
Photo : Le 6 octobre au Parc équestre fédéral de Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher). De g. à d. : Pascal Bioulac, Nicolas Perruchot, Christiane Lambert et Serge Lecomte.