Environnement
La luzerne permet de réduire les émissions de méthane des ruminants de 10%
Une étude menée par la ferme expérimentale d'AgroParisTech a montré que les vaches laitières en production émettent 10 de méthane entérique en moins quand elles sont nourries avec de la luzerne enrubannée à la place d'ensilage d'herbe.
En extrapolant ce résultat, la ferme laitière France pourrait économiser 51 000 tonnes de CH4 par an si la luzerne était généralisée dans les rations. Soit l'équivalent en pouvoir réchauffant de plus d'un million de tonnes de CO2
Le contexte
Le méthane (CH4) est l'un des gaz à effet de serre responsable du réchauffement climatique. L'agriculture est l'auteur de l'essentiel des émissions de méthane, en France , sous forme de méthane entérique issu des fermentations anaérobies du tube digestif des animaux. Le CH4 a par ailleurs un pouvoir réchauffant 21 fois plus élevé que le CO2 (à 100 ans). Dans la lutte contre le réchauffement climatique, le CH4 recueille donc une attention toute particulière. Dans ce contexte les producteurs de luzerne ont souhaité connaître l'effet de ce fourrage sur le comportement physiologique des ruminants notamment leurs émissions de méthane entérique. Une étude a été menée dans ce sens par la ferme expérimentale d'AgroParisTech à Grignon *.
L'essai
L'objectif de cet essai conduit de janvier à mai 2013 était d'observer l’impact de la structure des parois des légumineuses fourragères sur les émissions de CH4 entérique des vaches laitières, comparativement aux graminées fourragères. Les performances zootechniques ont également été mesurées. Pratiquement, deux lots de 6 vaches laitières réparties selon la méthode statistique du "carré latin" ont reçu l'un une ration alimentaire incluant de l’ensilage de graminées et l'autre une ration avec de l’enrubannage de luzerne. On a mesuré pour les 12 vaches individuellement: les émissions de méthane brutes, les niveaux d’ingestion et de production laitière, la qualité laitière ainsi que l’évolution des poids vifs.
Les résultats
Les résultats relatifs au CH4 montrent que l’enrubannage de luzerne a permis de réduire sensiblement ses émissions puisque le niveau d’émission brute est en effet passé de 450 gr par vache et par jour pour les graminées à 418 gr par vache et par jour pour la luzerne soit une baisse de 7 statistiquement significative qui atteint 10 si on la rapporte à la quantité de nourriture ingérée. Cette quantité de CH4 émise est également significativement réduite de 10 si on la rapporte à la quantité de lait produit, soit 1,2 gr de CH4 émis en moins par litre de lait.
Retrouver tous les détails de l'Etude de la Ferme expérimentale AgroParisTech de Grignon, dans le document joint ci-dessous.
La mise en perspective
Avec cette étude la luzerne apporte la preuve d'une aménité environnementale supplémentaire concernant la lutte contre l'effet de serre et le réchauffement climatique. Si l'apport de luzerne était généralisé dans les rations des 3,5 millions de vaches laitières françaises ce serait 51 000 tonnes de méthane entérique évitées à rapprocher des 1 456 000 tonnes de méthane entériques émises en France tous ruminants confondus.
Cette aménité vient s'ajouter à celles déjà connues et expertisées pour la luzerne:
. un bilan carbone positif (pour la luzerne déshydratée, incluant le process de déshydratation)
. une biodiversité protégée avec des populations d'insectes, d'oiseaux et d'abeilles significativement supérieures en luzernières
. unequalitéd'eaupréservée
. une augmentation de l'autonomie alimentaire des élevages français et européens