La grande Serbie encense le mutualisme à la française
Onze managers du Crédit agricole de Serbie ont passé une journée à Pithiviers. À l’ordre du jour : une découverte du mutualisme sur le terrain.
Du 2 au 7 novembre, le Crédit agricole Centre Loire recevait une délégation serbe de onze managers travaillant en agence ou au service agricole de la banque verte. Les intéressés, dont la moitié d’entre eux étaient également agriculteurs, avaient effectué le voyage afin de connaître l’agriculture française et l’organisation de la caisse régionale de l’établissement financier : sa dimension mutualiste, son organisation commerciale, son service financier dédié à l’agriculture, etc.
Le mardi 4 novembre, ces invités se trouvaient dans le Pithiverais. La visite d’une exploitation agricole de Rouvres-Saint-Jean figurait à leur programme. Sur place, ils ont été accueillis par Alain Sagot, Patrice Vellard et Gilles Desforges, trois agriculteurs de la commune. Chacun d’eux possède sa propre exploitation mais en 2006 ils ont mis en place une mutualisation : une société en participation, Savelorge, pour l’assolement en commun. Quatre cent quarante-quatre hectares de céréales, de betteraves, d’oignons et de semences potagères. Quant à la gestion du matériel, elle se fait dans le cadre d’une société en nom collectif : les Trois Roviers. Cela concerne cinq tracteurs de 95 à 190 CV, six enrouleurs, un pulvérisateur, un déchaumeur à dents, un déchaumeur à disques, etc.
Commentaire d’Alain Sagot : « Pour les pays de l’ancienne Europe de l’Est, la mise en commun n’est pas évidente car ils ont vécu une période difficile où cela était forcé. Ici, c’est volontaire et synonyme de dynamisme. La mise en commun la plus efficace concerne la matière grise : c’est par l’échange entre nous trois qu’on fait le plus de progrès car on est toujours plus fort en équipe. » L’agriculteur a cité l’exemple de la mise en route de nouvelles productions, en l’occurrence des semences potagères (épinard et ciboulette) : « On a beaucoup moins peur de se lancer à trois car on mutualise les risques. »
De la terre à la terre
La deuxième étape de la journée avait pour cadre la sucrerie Cristal Union de Pithiviers. Après une présentation en salle de trente minutes, la délégation serbe découvrit cinq pôles de l’établissement : l’atelier de réception avec l’échantillonnage des lots de betteraves, le lavage, la filtration, l’évaporation et la cristallisation. Dans un troisième temps, les managers prirent la direction de la caisse locale du Crédit agricole. À l’issue d’une discussion avec des conseillers financiers, les invités livrèrent leurs impressions sur la journée : « Nous retenons la qualité de l’accueil. Nous avons vu des clients de la banque sur le terrain. Or, en général, ils ne reçoivent pas de gros groupes chez eux. La visite de l’agence permettra de créer un pont avec le Crédit agricole de Serbie afin d’y instaurer le même système là-bas. La sucrerie est basée sur le modèle coopératif : producteurs et acheteurs y trouvent leur compte. C’est la première fois que nous voyions une organisation de type sociétaire sur le terrain : si aucun système ne protège l’exploitant, l’agriculture ne peut pas exister. »
Quid des mauvais souvenirs laissés par le collectivisme de l’époque soviétique ? « La terre n’appartenait pas à l’exploitant mais à l’État. Ici, elle est à vous et vous la mettez en commun. Chaque agriculteur est libre d’adhérer ou pas. » L’aspect technique de la sucrerie a également marqué les visiteurs : « Tout est utilisé : aucun coproduit n’est jeté. De la terre à la terre. Les enjeux : une réduction des apports d’azote et une optimisation des coûts. On devrait envoyer les propriétaires de sucreries serbes en France ! »
Débloquer le verrou financier
Le mot de la fin revint à Jean-Jacques Hautefeuille, président de la caisse locale du Crédit agricole : « Le modèle coopératif ne concerne pas que la production. Les agriculteurs ont su se regrouper pour favoriser le financement de leurs entreprises. Il y eut une époque où les banques privées ne prêtaient qu’à des gens qui avaient un patrimoine. Avec le Crédit agricole, on a débloqué le verrou financier. La Serbie a un grand besoin de financement de son développement et le Crédit agricole est dans son rôle en apportant son expertise : nous ne sommes pas dans la grande finance internationale mais dans la proximité et c’est la vocation de l’économie. »
Zoom sur Sophie Schraen
Depuis juillet dernier, Sophie Schraen dirige l’agence de Pithiviers du Crédit agricole. Auparavant, et durant six ans, elle avait exercé les mêmes fonctions à Courtenay. La jeune femme a intégré la banque verte il a une quinzaine d’années. « J’ai fait tous les postes : accueil, conseillère pour particuliers et conseillère pour professionnels. Je suis devenue manager par promotion interne. Mon souhait a toujours été de travailler au Crédit agricole : issue du monde agricole, j’ai d’abord occupé un emploi saisonnier avant d’intégrer l’entreprise en contrat à durée indéterminé. (…) Nous avons une relation de long terme avec nos clients : nous les accompagnons dans toutes les étapes de leur vie. Nous nous sentons utiles : accompagner les projets de nos clients, c’est aussi promouvoir l’économie du territoire. »
Un territoire à conquérir
Notre interlocutrice poursuit : «Dans l’entreprise, nous avons une relation de proximité : l’intérêt et la satisfaction des clients font partie de nos priorités.» Assurer la formation et la promotion des collaborateurs, «permettre aux clients de réaliser leurs rêves», veiller à la sécurité et au fonctionnement de l’agence : ce sont quelques-unes des missions de Sophie Schraen. Pour cela, la directrice d’agence fait appel à ses qualités d’adaptation, d’animation et de communication. Sans oublier une certaine rigueur et parfois aussi «savoir dire non et mais surtout l’expliquer».
Venir à Pithiviers constitua pour l’intéressée une forme de remise en cause : «À chaque changement d’agence, il faut conquérir son territoire et acquérir un relationnel. Mon ambition est que nous soyons reconnus comme étant un partenaire incontournable pour nos clients et tous les prospects. J’attache également beaucoup d’importance à la relation humaine, tant envers les clients qu’avec l’ensemble de l’équipe.»
L’agence en chiffres
- - 12.000 clients, dont 400 agriculteurs.
- - 75 % de taux de pénétration sur le marché agricole.
- - 20 collaborateurs.
- - 420 millions d’euros d’encours collecte.
- - 160 millions d’euros d’encours de crédits.
- - 8.000 contrats d’assurance-prévoyance.