La filière céréalière bio régionale cherche des producteurs
L’Union coops bio céréales (UCBC) a tenu son assemblée générale le 7 février à Senlis (Oise). L’occasion de dresser son bilan et de tracer ses perspectives.
L’UCBC (Union coops bio céréales), née en 2011 pour mutualiser la logistique et la mise en marché des produits biologiques des coopératives régionales, a organisé son assemblée générale annuelle à Senlis (Oise) le 7 février. Son président, Thierry Legris, a entamé l’après-midi par le bilan de l’activité : 3,9 millions d’euros de chiffre d’affaire pour 10 000 tonnes de céréales commercialisées et surtout une vraie dynamique de conversion à l’agriculture biologique car les livraisons en 2e année de conversion (C2) sont en hausse.
L’UCBC ne commercialise pas directement la production de ses coopératives mais a confié cette mission à Centre bio. Son directeur, Gilles Renart, a dressé le portrait de la filière bio en France. Malgré un chiffre d’affaires de 8 milliards d’euros en 2017 et une tendance à la hausse de 18 %, la bio ne représente que 2 % de l’agroalimentaire en France. Elle bénéficie de particularités. Ainsi, la vente directe par les producteurs représente 1 milliard d’euros, la filière viti-vinicole y est plus représentée (10 % du marché), un tiers des volumes est vendu dans des magasins spécialisés et la vente en GMS (grandes et moyennes surfaces) se développe rapidement pour atteindre 50 % des ventes. Selon Gilles Renart, c’est un signe de maturité : « le bio n’est plus un marché de niche ».
La collecte et la commercialisation des céréales bio posent des difficultés auxquelles les coopératives céréalières de l’UCBC ont dû faire face. D’abord, les nombres de céréales livrées est beaucoup plus important à cause des assolements plus diversifiés. Ensuite, l’accompagnement des producteurs est différent : il n’est pas rare qu’un conseiller en bio rayonne sur quatre départements et suive une centaine d’agriculteurs. L’approche transport est également plus compliquée : les producteurs étant éparpillés, 100 km d’approche jusqu’au silo bio au lieu de 15 km en moyenne. Les livraisons étant plus sales, le travail du grain sera plus poussé. Pour optimiser le transport, on raisonne par camion plein, contre des bateaux ou des trains pleins en conventionnel. Enfin, en bio, les analyses sont plus fréquentes. Au final, les coûts de collecte, approche, transport, investissement, stockage et travail du grain sont supérieurs en bio et la filière doit les assumer.
La parole a été donnée ensuite à Olivier Deseine, des Moulins de Brasseuil, de Mantes-la-Jolie (Yvelines), qui proposent quatre gammes : du bio, des farines écrasées à la meule, de la farine Label Rouge et du local « produit en Ile-de-France ». Il a rappelé que la consommation de pain en France est la plus basse jamais connue, à moins de 100 g/jour. Les consommateurs ont évolué, sont plus sensibles à l’environnement, en quête d’expériences et considèrent que l’acte d’achat est militant. Ils sont prêts à consommer moins mais mieux. « C’est la fin de la consommation de masse et, à terme, le bio pourrait représenter de 25 à 30 % des achats ». Cependant, les meuniers rencontrent des difficultés pour s’approvisionner en céréales bio et sont obligés d’importer. « Nous devons segmenter le marché en fonction des lots et nous devons créer à terme une filière blé bio français. Car le local est le critère de choix des consommateurs », a affirmé le meunier. Le bio seul ne suffit plus, il faut qu’il soit local et cela, le consommateur doit pouvoir le repérer immédiatement.
Dominique Lapeyre-Cavé
Des capacités de développement
Douze coopératives des Hauts-France, d’Ile-de-France, de Normandie et du Centre-Val de Loire composent actuellement l’UCBC : Agora, Bonneval Beauce et Perche, Cerena, Coopérative agricole de Milly-sur-Thérain, Noriap, Sana Terra, Scael, Sevepi, Terre Bocage Gatinais, Ucac, Uneal et Valfrance. Quelques chiffres : 350 agriculteurs livreurs ; 18 000 t de capacité de stockage ; 10 000 t collectées pour la récolte 2017 ; 25 000 t d’ici la récolte 2021...