Innovation
De l’hydrogène fabriqué grâce au biométhane et à l’agriculture
La start-up Spark Cleantech, associée à Métha Sologne Agri, fabrique de l’hydrogène à partir de biométhane, une première mondiale. Elle a détaillé son projet le 24 octobre à Lamotte-Beuvron
La start-up Spark Cleantech, associée à Métha Sologne Agri, fabrique de l’hydrogène à partir de biométhane, une première mondiale. Elle a détaillé son projet le 24 octobre à Lamotte-Beuvron


C’est une innovation inédite qui est en train d’émerger sur le site de Sologne Agri Méthanisation à Lamotte-Beuvron. Plusieurs acteurs le répètent en ce jeudi 24 octobre, dont Pascal Bioulac, maire de Lamotte-Beuvron : « C’est une première mondiale ». Mais que s'y passe-t-il donc ? La start-up Spark Cleantech présente son démonstrateur de production d’hydrogène et de carbone solide. Cette innovation est installée depuis le mois de juillet dernier et permet d’utiliser le biométhane produit au sein du méthaniseur pour produire de l’hydrogène et du carbone solide.
Une technologie, première mondiale
À la tête de la start-up Spark Cleantech, Patrick Peters, PDG, et Erwan Pannier, directeur technique — tous les deux cofondateurs —, expliquent leur technologie innovante et totalement inédite au niveau mondial. « On utilise la technologie de plasmalyse de méthane. On utilise un arc électrique, comme la foudre en boîte, dont on va contrôler la température pour casser la molécule de méthane (CH4) en hydrogène d'un côté et carbone solide de l'autre », explique Erwan Pannier.
Grâce à cette invention, la production de l’hydrogène permet d’utiliser cinq fois moins d’électricité que pour l’électrolyse, qui est la technique la plus répandue pour la production de l’hydrogène, et d'autant plus sans émettre de CO2. L’objectif de Spark Cleantech est de démocratiser le vecteur énergétique qu'est l'hydrogène, avec des tarifs moins prohibitifs qu'actuellement. « Avec notre solution, nous pouvons produire de l’hydrogène turquoise*, mais surtout capturer du carbone à l’état solide que nous pouvons ensuite revendre. Si nous produisons plusieurs kilos d’hydrogène, nous pouvons revendre le même nombre de kilos en carbone solide », explique le PDG de la start-up française. Le carbone solide est notamment utilisé dans l’industrie automobile pour les pneus.
Un objectif de 200 kg de production
Pour le moment, la start-up produit l’hydrogène grâce à des cellules (un tuyau dans lequel se déroule la plasmalyse), au nombre de cinq pour le moment. « Avec nos cinq cellules, pour le moment, nous sommes capables de produire 5 kg d’hydrogène et 15 kg de carbone solide par jour », se félicite Patrick Peters. La start-up souhaite avancer petit à petit, par étape. L’objectif de commercialisation en termes de quantité se situera aux alentours de 200 kg de production d’hydrogène par jour.
Florent Leprêtre, éleveur et représentant du collège agricole de Sologne Agri Méthanisation, est ravi que l’agriculture puisse jouer un rôle essentiel dans ce projet vertueux. « Quand nous avons démarré le projet du méthaniseur, nous savions que c’était vertueux. Cette collaboration avec Spark en est une illustration de plus », explique-t-il. Même fierté pour Pascal Bioulac, maire de Lamotte-Beuvron : « C’est une première mondiale et cela ne se passe pas à la Silicon Valley, mais bien à Lamotte-Beuvron. Nous sommes capables de choses intéressantes. Nos campagnes ont du talent ! ».
Une énergie d’avenir
L’hydrogène est une énergie verte (ou plutôt turquoise dans le cas actuel), qui pourrait, demain, faire fonctionner des véhicules lourds ou encore être à destination de l’industrie. Avec ce process vertueux en phase avec les objectifs de neutralité carbone d’ici à 2050, l’entreprise Spark espère réussir à atteindre l’objectif des 200 kg de production pour la commercialisation d'ici deux à trois ans. Une fois de plus, le monde agricole sera acteur de ces innovations.
*L'hydrogène turquoise est produit avec beaucoup moins d'électricité que l'hydrogène vert, ce qui le rend encore plus vertueux.