Aller au contenu principal

Conjoncture 2024 : forte baisse des résultats, mais moindre qu’en 2016

Le CERFrance Champagne Nord-Est Île-de-France a tenu sa traditionnelle réunion conjoncture le 3 octobre au Mée-sur-Seine, dans un contexte climatique et économique difficile.

Alors que le département de Seine-et-Marne subit les affres de la météo depuis plus d’un an, avec notamment des excès d’eau, cela se traduit dans les chiffres présentés jeudi 3 octobre lors de la traditionnelle réunion de conjoncture 2024 du CERFrance Champagne Nord-Est Île-de-France au Mée-sur-Seine.

La récolte estivale s’est avérée très décevante en volume et en qualité avec en Seine-et-Marne un rendement moyen en blé de 63,5 quintaux, soit une baisse de 24 % par rapport à 2023 (- 15 % au niveau national). Une grande amplitude des rendements est toutefois à noter : 30 à 69 q en blé, 30 à 76 q en orge d’hiver, 24 à 44 q en colza, la culture la moins impactée par la météo. S’ils sont inférieurs à la moyenne sur cinq ans, ils restent supérieurs à 2016.

En maïs, les premières données sont positives au vu de la conjoncture (90 tonnes/hectare contre 71 en 2016). En betteraves, si les premières estimations laissaient entrevoir un rendement en hausse avec toutefois un taux de sucre peu élevé, les espoirs ont rapidement été douchés dès les premiers arrachages proches de 70 t/ha. Ces estimations ayant été établies avant les inondations d’octobre, il convient d’être prudent face aux dégâts subis par les cultures encore sur pied et les difficultés rencontrées pour la récolte.

Côté prix, ils sont en baisse par rapport à 2023. Un impact de la qualité et des réfactions vont s’y ajouter.

Concernant les charges, certaines sont en hausse (+ 40 % de cotisations MSA du fait de la bonne récolte 2022), d’autres en baisse (- 15 % pour les carburants, - 60 % pour les engrais et amendements).

Des produits en baisse dans le nord-Seine-et-Marne

Plus précisément, les exploitations agricoles en système de polyculture du nord-Seine-et-Marne voient leurs produits baisser de 16 % à 1 620 e/ha, pour un EBE (Excédent brut d’exploitation) de 270 €/ha (- 25 %). La baisse du prix des engrais a permis de maintenir un EBE positif mais la hausse des frais financiers et des amortissements engendre un résultat négatif (- 50 €/ha contre 40 €/ha l’an passé).

Les exploitations agricoles du quart supérieur voient également leurs données économiques chuter mais leur résultat reste largement positif à 360 €/ha quand le quart inférieur s’établit à - 340 €/ha. Avec souvent des surfaces et des rendements moindres, l’absence de trésorerie leur a fait faire une impasse sur les engrais d’où un EBE/hectare qui, à contrario, s’améliore mais reste insuffisant.

À titre indicatif, en 2016, le résultat moyen pour ce groupe d’exploitation était de - 127 €/ha.

Dans le centre-Seine-et-Marne, un disponible qui se creuse

Dans le centre du département, le produit brut des exploitations de polyculture s’élève à 1 700 €/ha, soit une baisse de 80 €/ha pour un résultat économique moyen négatif de - 120 €/ha. En 2016, la situation était bien pire à - 225 €/ha.

Pour le quart supérieur, dont le résultat économique est de 130 €/ha, le disponible est positif et les annuités peuvent être payées. Pour le quart inférieur, l’EBE est tout juste positif mais le résultat est de - 280 €/ha. Toutefois, le disponible moyen est creusé par rapport à 2023 avec un effet plus marqué sur le quart supérieur.

Une tendance similaire, mais moins marquée dans le sud-Seine-et-Marne

Dans le sud du département, on retrouve la même tendance avec un tassement des moyennes. Ainsi le produit brut moyen s’élève à 1 450 €/ha, l’EBE à 220 euros et le résultat économique à - 60 €/ha, mais ces données sont loin de la catastrophe de 2016 dont le résultat moyen économique s’établissait à - 259 €/ha. Le quart supérieur devrait s’en sortir avec 150 €/ha de résultats et un disponible positif mais en forte régression.

Un système betteravier plus résistant

Le système betteravier (au moins 20 % de la sole en betteraves) semble résister le mieux avec un résultat économique positif à 160 e/ha mais en baisse (510 €/ha en 2023). À noter qu’un rendement moyen de 70 t/ha au lieu de 77 t/ha ferait passer l’EBE de 390 à 350 €/ha. Et des précautions sont à prendre au regard des premiers arrachages et des difficultés rencontrées à la suite des précipitations de ces dernières semaines. Le quart supérieur conserve un reste positif même avec les charges de mécanisation plus élevées (travail pour autrui, surface plus importante).

Dans ce contexte difficile, un zoom sur l’assurance multirisque climatique a été fait. Cette dernière limite les pertes et ainsi sécurise une exploitation pour un jeune agriculteur comme en régime de croisière. Plus la catastrophe est grande, plus elle est utile.

Autre point de vigilance, les conséquences de la FCO avec une incidence sur la hausse des achats de produits vétérinaires, la baisse de la lactation et de l’avortement et globalement une baisse de la productivité.

Enfin, un point a été dressé sur la trésorerie de fin de moisson alors qu’il faut financer les engrais et semences de la récolte 2025. Chaque situation a ses propres possibilités de financement : mobiliser l’épargne (DEP), report d’annuité (JA) et/ou prêt de trésorerie et/ou plan d’étalement ou apport de fonds propres en fonction des capacités financières propres.

Pour rappel, la DEP (Déduction pour épargne de précaution) n’est pas un moyen de défiscaliser mais d’étaler les impôts.

Alors qu’une étude fait ressortir les critères et seuils pour lesquels on risque de fragiliser l’entreprise — entre 2022 et 2023, le nombre d’entreprises en situation dégradées a été multiplié par six —, stratégie et robustesse de différents systèmes ont été détaillés.

Les années se suivent mais ne se ressemblent pas. Jamais cette maxime ne s’est avérée aussi vraie. « L’an passé nous avions insisté, dans un contexte de bons résultats, sur la nécessité de préserver les trésoreries et alerté sur les prélèvements à la source. Face au réchauffement climatique, l’avenir risque de mettre à jour une situation tendue. Prévoir pour ne pas subir passe par différents points : assurance risque climatique, analyse économique, calcul du seuil de rentabilité. Toutefois les écarts importants des résultats entre les exploitations démontrent que des marges de progrès sont possibles. Restons positifs », a conclu le président Seine-et-Marne du centre de gestion, Charles-Auguste Benoist.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Horizons

Les plus lus

S'abonner
Pour profiter de l'intégralité du contenu de notre site Internet, recevoir votre journal papier dans votre boîte aux lettres…
Publiez votre annonce judiciaire et légale
Le journal Horizons lance sa plateforme en ligne dédiée à la saisie des annonces judiciaires et légales, accessible à tous depuis…
Abonnez-vous à Horizons
Vous abonner à Horizons, c'est profiter de multiples avantages.
Hervé Beulin, Damien Rocher, Benoist Bertheau et Julien Lecointe (de g. à d.) sont tous les quatre agriculteurs dans l'Orléanais. Ils témoignent de leurs difficultés.
Dans l’Orléanais, les agriculteurs tirent la sonnette d’alarme
Ce premier volet d’une tournée à travers le département donne la parole aux agriculteurs. Dans le secteur de l’Orléanais, ces…
Vendredi 14 mars, à Orléans. La nouvelle chambre d'Agriculture Centre-Val de Loire a été installée. Elle est présidée par Maxime Buizard Blondeau (5e à d.). Il succède à Philippe Noyau.
Maxime Buizard Blondeau élu à la tête de la chambre régionale d'Agriculture Centre-Val de Loire
Lors de la session d’installation de la chambre régionale d’Agriculture Centre-Val de Loire,  vendredi 14 mars à…
Les femmes en agriculture
Longtemps restées dans l’ombre, les femmes jouent un rôle essentiel dans l’agriculture aujourd'hui. Pourtant, elles doivent…
Publicité