Jean-Pierre Debray est plutôt serein même par temps sec
Diversifier son fourrage pour être plus résilient face à la sécheresse, le témoignage de Jean-Pierre Debray, éleveur à Vaupillon.
Si l’on pouvait mettre de côté les difficultés économiques du secteur laitier, Jean-Pierre Debray serait plutôt un éleveur serein.
Installé depuis 1994 sur son exploitation familiale à Vaupillon, à la tête d’un cheptel d’une quarantaine de vaches normandes et de 67 hectares de cultures quelque peu morcelés, l’éleveur percheron a pour objectif de faire entrer le moins possible de camions venus de l’extérieur.
C’est ainsi qu’il cultive sur ses terres — outre du blé, de l’orge et du colza — du maïs, de la luzerne et entretient quelques hectares de prairies.
« J’achète aussi de l’herbe et du maïs sur pied, ainsi que de la betterave fourragère, pour sécuriser mon tas pour l’an prochain. À cause de la sécheresse, j’estime qu’il va me manquer deux hectares de maïs », pointe-t-il. Pour se passer au maximum de soja donc, il diversifie l’alimentation de ses vaches.
« La betterave apporte un plus à la ration. Elles aiment ça, elles mangent plus, et ça se marie bien avec la luzerne et le maïs. En termes de production, on y gagne », estime-t-il.
Le retour en grâce de la luzerne et de la betterave fourragère lui convient bien : « La betterave, c’est un peu compliqué à produire d’autant que je n’ai besoin que d’un hectare. Il faut du matériel spécifique, alors en se regroupant, c’est plus simple ».
Concernant l’évolution du climat, il pense « que l’on est parti dans un cycle un peu tendu. Ceux qui ont la chance d’avoir des terres plus profondes s’en sortent mieux. L’eau est devenue rare. Dans notre région, il va falloir apprendre à sécuriser ses stocks. Mais je dors assez tranquille », sourit-il, avant d’ajouter : « Et puis, quand le temps est trop humide, c’est pire, on ne peut rien faire du tout… ».
Pour sécuriser son approvisionnement, il envisage de semer une interculture de ray-grass avant le maïs, « en espérant que ça ne le pénalise pas ».
Et il ne faut pas rater la première coupe : « Elle a été bonne cette année, c’est ce qui nous sauve ».
En revanche, si la betterave et le maïs ne poussent que s’il y a de l’eau, « la luzerne, c’est simple, j’en fais du foin, j’en ensile et je peux faire trois ou quatre coupes, ça pousse même dans le sec car elle s’enracine profondément. Par contre il faut la réussir, ça ne pousse pas n’importe où et c’est plus facile à gérer sur de petites surfaces. Mais quand c’est bon, c’est bon, et on peut la garder quatre ans ».
Hervé Colin