Il réalise les rêves d’enfants malades
Après avoir perdu son frère d’un cancer, Honoré Carlésimo a créé une association pour réaliser les rêves des enfants gravement malades. Depuis trente-deux, il a fait le bonheur de plusieurs centaines d’entre eux.
« Tu sais quoi ? Le 15 décembre, le Père Noël vient voir les enfants à l’hôpital de Villejuif. Il arrive en parachute ! Et le 17, nous partons le retrouver dans son village, en Laponie. » Attablé dans son restaurant — italien — préféré, Honoré Carlésimo dévoile son scoop avec les yeux et le sourire d’un enfant.
Il n’en est pourtant pas à son coup d’essai. Des surprises comme celle-ci, cela fait trente-deux ans qu’il en organise au quotidien pour les enfants atteints de maladies graves. Honoré est le président de l’association Louis-Carlésimo, du nom de son frère, décédé « beaucoup trop jeune d’un foutu cancer ». « Pendant sa maladie, j’ai vécu des choses que je ne souhaite à personne. On se sent seul et démuni. » Alors, à la perte de son frère, la vie d’Honoré bascule. Cet ancien cadre à Aéroports de Paris, habitant de Paray-Vieille-Poste dans l’Essonne, crée l’association et y plonge à corps perdu. « D’abord, ce n’était que des visites aux enfants malades. »
Mais très vite, tout s’accélère : « On a commencé par des spectacles à l’hôpital, puis des sorties... » Et aujourd’hui, les rêves de ces enfants atteints de cancers, de leucémies ou en attente de greffes n’ont plus de cesse pour le retraité de 67 ans. « Le voyage à Kourou pour assister au décollage de la fusée Soyouz, les séjours à bord du porte-hélicoptère Jeanne-d’Arc en pleine mer, les invitations à l’Élysée, à Monaco... Je n’ai plus de limite. » À chaque fois, Honoré emmène avec lui « une quinzaine d’enfants des hôpitaux partenaires — parfois en phase terminale — encadrés par un médécin et plusieurs infirmières. Personne d’autre ne sait faire ça, il faut être un peu banjo ! » L’association compte plus de soixante bénévoles parmi lesquels des membres des équipes médicales — dont les professeurs Cabrol et Jasmin.
Honoré s’est constitué un carnet d’adresses et un agenda digne d’un ministre, jusqu’à y sacrifier son propre couple mais « le bonheur d’un enfant n’a pas de prix ». Et ce prix là, il le paye parfois. « Il m’arrive de pleurer », souffle ce faiseur de rêves au franc-parler qui garde en tête ce jour où, lors d’un voyage à New-York, un enfant récemment greffé cœur-poumon, émerveillé par tout ce qu’il découvre, le tire par la manche et lui dit avec un immense sourire : « Tu te rends compte de la chance que j’ai d’être malade ! » Ce jour-là, Honoré a su. Il a su qu’il était « digne de la mémoire de son frère », su qu’il avait « fait le bon choix ». Et désormais il sait aussi que s’il « doit partir demain », il aura fait « son devoir ».