HVE : une certification à adopter
Lors de la dernière session, les membres de la chambre d’Agriculture d’Eure-et-Loir ont été ouverts aux arcanes de la certification Haute valeur environnementale (HVE).
« La Politique agricole commune envisage une réforme en profondeur de la façon dont on aura accès aux aides du 1er pilier (DPB)… Ainsi, de 20 à 30 % de ces aides seraient liés à une démarche ’’éco-scheme’’. Si je prends une ferme eurélienne moyenne, ça représenterait autour de 10 000 euros d’aides. Pour y avoir accès, il faudrait répondre aux conditions de ’’l’éco-scheme’’. Ces conditions pourraient prendre la forme du respect d’une liste à la Prévert ou alors les représentants nationaux de l’agriculture biologique diront que c’est parfait : ces aides sont pour nous… Mais il est hors de question que l’on perde ces aides de l’Europe, 10 000 euros c’est a peu près le revenu moyen d’un agriculteur sur ces cinq dernières années », a souligné le président de la chambre d’Agriculture, Éric Thirouin, lors de la dernière session de ses membres, le 23 septembre.
Aussi, selon lui, pour avoir accès à ces aides de l’« éco-scheme », il faudrait être certifié HVE (Haute valeur environnementale).
« Dans le système HVE il y a trois niveaux de certification. Il me semble important d’engager l’ensemble des agriculteurs dans la certification de niveau 2 », a-t-il précisé.
Ajoutant : « Il y a l’enjeu de la Pac mais ça va plus loin. L’agriculture française est la plus durable du monde et c’est important de faire savoir ce que l’on sait faire. Une certification par une tierce personne, dans un cahier des charges reconnu par l’État, devrait pouvoir nous aider à renforcer notre communication positive sur la haute valeur environnementale de notre agriculture. À mon avis, ce sera aussi de plus en plus exigé à l’export dans l’avenir ».
La conseillère de la Chambre, Maud Évrard, a détaillé ensuite cette certification HVE. Il s’agit d’une certification globale de l’exploitation.
Le niveau 1 demande de faire un point réglementaire sur son exploitation, ce qui correspond à ce qui est déjà demandé dans la conditionnalité pour obtenir les aides Pac, par rapport à une grille de 65 critères. Il donne une certification qui permet de faire baisser la pression des contrôles et permet aussi d’accéder aux autres niveaux.
C’est l’agriculteur qui fait son auto-diagnostic, validé par un conseiller d’un système de conseil agricole.
Le niveau 2 est une étape intermédiaire qui demande de mobiliser des moyens, sans obligation de résultats, et qui permettrait donc d’avoir accès aux futures aides Pac.
Il porte sur quatre thématiques : la biodiversité, la stratégie phytosanitaire, la gestion de la fertilisation et, pour les irrigants, la gestion de la ressource en eau. Il compte vingt-cinq points de contrôle. La certification résulte d’un audit sur trois ans. L’accompagnement vers celle-ci peut bien sur être assuré par un conseiller de la Chambre.
Le niveau 3 permet lui d’obtenir une plus-value sur ses ventes et d’accéder à certains marchés (GMS). Il y a obligation de résultats et l’on peut afficher le logo. Pour l’obtenir, il faut avoir un certain nombre de points (10) au sein des quatre thématiques et respecter les exigences de deux indicateurs : avoir 10 % d’infrastructure agro-écologique et le poids des intrants dans le chiffre d’affaires doit être inférieur à 30 %.
C’est de cette démarche, entreprise par la ferme des Arches, qui compte quarante-huit exploitants dont douze certifiés HVE, à cheval sur l’Eure-et-Loir et le Loiret, dont a parlé l’agricultrice Élodie Levacher.
À l’issue de cet exposé, le président de la Chambre a repris la parole : « Je n’ai pas envie que l’on se réveille en 2023 et que personne ne soit prêt. C’est important que l’on soit actif et de voir si c’est faisable. Nous allons lancer des groupes pour expérimenter. Et il y a sans doute aussi un gros travail à faire avec un logiciel comme Mes Parcelles pour automatiser certaines saisies. On a trois ans pour y arriver », a conclu Éric Thirouin.
Hervé Colin