En 2014, ça déménage à AgroPithiviers
Coopérative. L'assemblée générale de la coopérative AgroPithiviers s'est tenue vendredi 5 décembre à Pithiviers.
Vendredi dernier, Benoit Ferrière, président de la coopérative de Pithiviers, l'Agro-Pithiviers, a conduit l'assemblée générale concluant l'année 2014 devant une salle comble. L'occasion aussi de rendre hommage au président d'honneur et ancien président Jean-Marc Coulon.
« 2013-2014 est la campagne de retour à la normale après l'incendie qui a immobilisé l'expédition train au silo de Pithiviers, c'est aussi la deuxième année consécutive de récolte quasi satisfaisante même si la grêle nous a privé de 5% de nos volumes, les résultats économiques sont là, tout est bien engagé pour les années futures » précise Benoit Ferrière lors de l'ouverture de sa première assemblée générale en tant que président.
En plus d'un changement à la tête de la direction de l'AgroPithiviers, l'année a aussi été marquée par un déménagement. Mis en route en juillet 2013, le déménagement des activités de Neuville aux Bois dans un silo tout neuf, après huit ans d'aléas administratifs et sept mois de construction a enfin vu le jour. L'an passé, la coopérative, qui compte aujourd'hui 450 adhérents, fêtait ses 80 ans. Cette année, elle est tournée vers le centenaire de la société.
Un encadrement administratif trop complexe
« Depuis 80 ans, le contexte agricole a évolué, la population française représente désormais 4% de la population active contre plus de 40% au moment où la coopérative a été créée. Il y a un gros fossé entre notre corporation et le reste de la population. L'encadrement administratif français a sensiblement évolué depuis ses 8 décennies, pour preuve, la complexité des montages de dossier contre notre silo de Neuville aux Bois où il nous a fallu plusieurs années pour avoir toutes les autorisations. Autre surprise, l'agence pour l'environnement et la maîtrise de l'énergie a décidé de nous mettre à la diète de subventions pour notre projet de méthanisation qui aurait pu stimuler le Pithiverais. Nos exploitations agricoles ne sont pas épargnées non plus. Contrôle PAC, pulvé, ferti, diagnostic électrique, ..., décider d'entreprendre dans notre pays devient de plus en plus compliqué. C'est excès de contrôles et normes paralysent notre économie » conclut le président.
Des problèmes de qualités
Yves Bonhomme, responsable du pôle contrôle de France Agrimer fait le tour du monde des matières premières. « Cette année, en début de campagne, le marché était totalement illisible. Pourtant, en 2014, c'est à nouveau une année record. Le blé est estimé entre 716 et 720 Millions de tonnes mais au niveau national, on a 30 ou 40 % des blés qui posent des problèmes de qualité... L'important est de regarder les fondamentaux c'est-à-dire la relation entre l'offre et la demande. Il faut produire ce que le marché réclame. Que veut-il ? De la quantité oui mais surtout de la qualité. En agriculture, il est difficile de fermer le robinet et d'ajuster l'offre à la demande. La demande c'est quoi ? Arriver à nourrir l'ensemble de la population mondiale. Une population mondiale qui est mal répartie sur les différents continents et qui ne disposent pas des mêmes richesses. Par exemple, l'Australie qui est l'un des plus grand continent, ne représente pas grand-chose en terme de consommation par rapport à la Chine ou au Japon. En comparant l'année 2006 avec l'année 2014. La prévision de récolte pour 2014-2015 est de 720 millions de tonnes soit 20% de plus qu'en 2006. En ce qui concerne le blé, les acteurs principaux sont l'Amérique du nord, du sud, l'UE, la Russie et l'Ukraine »
Variabilité et évolution
« L'évolution ne provient pas forcément de l'augmentation des surfaces. C'est le rendement qui a fortement changé. On était à 2,5 millions de tonnes, on est à 3,2 aujourd'hui. Cette notion vient de deux termes. Variabilité et évolution. Notre atout en France, c'est que nous avons une bonne variabilité. On peut garantir à nos clients une production relativement constante dans le temps. Par contre, nous avons un drapeau rouge en ce qui concerne l'évolution. La production stagne chez nous » poursuit-il.
Jean Daudin, président de la FDSEA du Loiret, a pris la parole « La France perd des places de marché, les cours du blé sont bas, comment on va faire, jusqu'à quand on va tenir ? ».
Yves Bonhomme précise que Stéphane LeFoll, ministre de l'agriculture a placé la compétitivité en agriculture en tant qu'élément majeur. « Le souci est reconnu en tant que tel mais il faut du temps pour que tous nos travaux soient mis en oeuvre et ça dépend surtout de Bruxelles avec la PAC »
L'agriculture de précision, l'avenir ?
Jean-Michel Couade, dirigeant des établissements Chesneau à Epieds-en-Beauce a présenté le projet Smart Agriculture System et mis en avant l'agriculture de précision devant une foule d'agriculteurs pas vraiment convaincus. L'objectif est de présenter de nouvelles perspectives pour limiter l'utilisation des intrants. Comment ? Grâce à une agriculture connectée. Le but est de transmettre, sans fil, des données au tracteur et à l'outil qui communiquent entre eux.
« Il y a peu d'agriculteurs qui passent par ce système qui sera l'agriculture de demain. On veut par ce projet, limiter les intrants, respecter l'environnement. On peut produire plus et surtout produire mieux. Notre objectif, c'est de déterminer un objectif de rendement. On veut de l'imagerie en tant réelle. On utilise un radar pour faire des photos des parcelles, le radar peut passer à tout moment, par période de pluie ou brouillard. On veut améliorer ce qui existe déjà. C'est la conception et développement d'un système de prévision de rendement et d'aide à la décision par modélisation dynamique au niveau parcellaire. On veut proposer de la modélisation réellement fiable et que tout agriculteur pourra utiliser » explique Jean-Michel Couade.
Après la présentation de son projet, Jean-Michel Couade a du répondre aux questions des agriculteurs peu motivés par cette nouvelle perspective de l'agriculture. « Nous sommes persuadés que votre système va encore se retourner contre nous et nous serons davantage surveillés. Le gain économique sera nul, encore une fois » avoue un agriculteur. Les agriculteurs s'inquiètent et se demandent si les informations récoltées ne vont pas être un atout pour les administrations pour contrôler davantage les exploitations. Jean-Michel Couade a confirmé qu'une interactivité sans fil entre le tracteur et le matériel sera sécurisée et les données restent la propriété de l'agriculteur uniquement. « Pour le moment, après tout sera transmis à l'administration, on a l'habitude ! » s'énerve un agriculteur. Jean-Michel Couade confirme qu'aucun lien, sans accord du propriétaire, ne sera transmis à l'administration. Pour l'expert en agriculture de précision, ce système peut permettre de justifier certaines pratiques plutôt que de complexifier davantage les contrôles... Les agriculteurs présents n'en sont pas tous convaincus...