Emmanuelle Wargon interpellée par les agriculteurs à La Saussaye
La secrétaire d’État à la transition écologique, Emmanuelle Wargon, était en Eure-et-Loir vendredi dernier. La FDSEA et Jeunes agriculteurs d’Eure-et-Loir l’attendaient de pied ferme à La Saussaye.
Après d’âpres négociations avec les autorités, la FDSEA et Jeunes agriculteurs ont obtenu deux choses le 20 septembre lors de la visite en Eure-et-Loir de la secrétaire d’État à la Transition écologique, Emmanuelle Wargon.
D’une part, qu’une délégation composée des présidents de la FDSEA et de JA, Bertrand Petit et Remi Rousseau, de Marion Marc pour les irrigants d’Eure-et-Loir, rejoints par le président de la chambre d’Agriculture, Éric Thirouin, soit reçue par elle.
Et d’autre part, que lors de son passage au lycée agricole de La Saussaye, à Sours, elle puisse discuter également avec une poignée d’agriculteurs.
Ce second point a été un peu plus difficile à obtenir. Il faut dire que la bonne centaine d’exploitants présents avaient amené une dizaine de tracteurs, des banderoles mais ont installé également quelques pendus dans les arbres de l’allée du lycée que la ministre ne voulait pas voir… Or, le cortège officiel s’est engagé dans l’établissement par une voie parallèle, évitant les pendus mais provoquant la colère des manifestants qui l’ont donc bloqué et obligé à faire demi-tour pour qu’il s’engage par le chemin prévu. Ce qu’il fit.
Ensuite, Emmanuelle Wargon s’est prêtée volontiers à l’exercice en rencontrant la délégation des manifestants.
Ceux-ci lui ont exposé leurs craintes concernant la mise en place de zones de non-traitement, ainsi que l’agribashing orchestré par la consultation publique sur ce sujet, dont ils pâtissent. « Ce n’est pas le gouvernement qui oppose l’agriculture au reste de la population, a déclaré Emmanuelle Wargon. Nous avons besoin de cette belle agriculture française, nous avons aussi besoin qu’elle évolue tranquillement, au rythme qui est possible et nous la soutenons ».
Sur les arrêtés : « Les arrêtés à 150 mètres, nous les combattons juridiquement et médiatiquement, même si nous avons du mal à convaincre, a concédé la ministre. Ces arrêtés, ce sont des coups de communication, je le dis, le gouvernement le dit, la ministre de l’Écologie le dit, le législatif le dit ».
Mais on nous accuse de tous les maux, ont répondu les agriculteurs : « Il y a des gens qui sont très extrêmes dans leurs points de vue… Il se trouve que les médias les reprennent et que parfois ils jouent sur les peurs. Nous, à chaque fois, nous essayons de les reprendre, d’expliquer que nous avons des systèmes d’expertise scientifique, des formations, des normes de protection et qu’il ne faut pas jeter l’anathème sur l’agriculture ».
Sur les ZNT : « Nous n’arrivons déjà plus à vivre de notre métier, alors si on nous enlève de la surface… », ont argué les exploitants pointant le nombre de suicides de leur collègues. « Sur la question de la distance minimum, ce sera de l’ordre de trois mètres, a précisé la ministre. Mais il faut attendre la fin de la consultation et on essayera d’avoir une réponse proportionnée. Mais tout ça, nous ne l’avons pas voulu, c’est parce que le texte précédent a été retoqué par le conseil d’État pour défaut de protection que nous sommes obligés de légiférer ».
« J’ai rappelé à la ministre que pour nous les ZNT c’était zéro, on n’en veut pas, a précisé à l’issue de la manifestation le président de la FDSEA, Bertrand Petit. Je lui ai rappelé qu’elle s’était engagée l’autre jour sur LCI en disant que ce n’était pas une question de distance. Je lui ai dit qu’il y avait déjà des produits qui indiquaient une distance d’épandage. Sur le délai de prévenance des voisins avant une intervention, nous avons dit niet aussi. Elle a eu l’air compréhensive quand on lui a expliqué tous les problèmes que ça pouvait engendrer ».
Mais pour les deux syndicats, la lutte continue et des actions sont d’ores et déjà prévues dans les jours qui suivent.
Hervé Colin