Des cultures détruites, des rendements divisés par 2, une perte estimée provisoirement à 80 000 € !
Stéphane Le Foll a rencontré Fabien Venon, agriculteur sur Tigy, vendredi 17 juin. L’occasion pour le ministre de l’agriculture de se rendre compte de l’étendu des dégâts après les inondations fin mai.
Vendredi 17 juin, Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture, s’est déplacé dans le Loiret. Fabien Venon, installé à Tigy depuis 10 ans, a présenté ses cultures. Jamais il n’aurait imaginé subir une telle perte. Il était préparé à une crue de la Loire mais certainement pas à celle de deux petits ruisseaux le Dhuy et l’Ousson. «Le Dhuy a débordé en amont à 4 km de la ferme et après il est passé de parcelles en parcelles, en noyant tout sur son passage» avoue l’agriculteur.
L’entretien des cours remis en cause
Après s’être rendu sur une parcelle de carottes jaunies par la pluie, le ministre de l’agriculture a déclaré « Le curage est un vrai débat. Cela ne réglera pas le problème des inondations mais cela pourra limiter les dégâts. Je suis favorable à ce que l’on remette ce sujet à l’ordre du jour. Nous pouvons certainement agir sur différents axes. Les cartographies doivent être analysées pour que nous puissions comprendre ce qui s’est produit. »
Au 1er juin, normalement on arrose !
D’habitude, au 1er juin, Fabien Venon arrose, sème l’engrais et récolte ses cultures les plus précoces, cette année, il pompe l’eau dans ses champs. Le producteur de légumes (scorsonères, haricots, carottes, betteraves rouges) a perdu 20 hectares de production, 70 hectares de céréales (blé, orge de printemps, maïs, tournesol) «Il y a inondation et intempéries. La totalité de ma surface a été touchée. Fin mai, nous avons eu 250 mm et depuis début juin nous sommes à 80mm. Avec les inondations, j’ai 90 hectares qui ont fortement été impactés. En plus des légumes, il y a aussi les céréales qui ont baignés dans l’eau. On a provisoirement estimé une perte sèche de 80 000€ pouvant aller jusqu’à 200 000 euros » explique-t-il. Le Loiret est le premier département français producteur de betteraves rouges. Ces productions sont contractualisées. Il y a donc un engagement entre l’agriculteur et l’industriel qui attend la production. C’est toute la filière qui se retrouve désorganisée. Des dégâts à degrés divers sont à recenser. Certaines parcelles pourront être récoltées, d’autres sont totalement détruites. «Aujourd’hui, regardez l’herbe dans le champ, je ne peux pas intervenir, l’herbe va étouffer la culture. Sur certaines parcelles, je vais perdre 50% de la production. Sur d’autres champs, ce sera impossible, il est trop tard, tout est détruit » indique-t-il.
La déclaration calamité agricole ne suffira pas !
«Nous sommes assurés pour la grêle, la tempête, le vent de sable, mais pas pour ça. Ça n’existe pas » précise-t-il au Ministre. « On est préparé pour la sécheresse pas les inondations ! »
En effet, l’assurance récolte sur les légumes n’est pas possible. « Nous devrons trouver une solution afin de proposer aux agriculteurs une assurance adaptée à toutes les productions de l’agriculture» précise Stéphane Le Foll.
Tigy devrait en toute logique passer en calamité agricole, une mention qui ne sera pas suffisante. «Le dossier calamité agricole va nous donner encore plus de paperasses… Il faut savoir qu’on sera indemnisé à 28% de la perte. J’ai perdu 50% de ma production. Faites le calcul ! » confie Fabien Venon. Le producteur de légumes veut un véritable soutien du gouvernement. « On a demandé au Ministre qui nous sorte de là. Il a parlé de certains leviers que l’on connaît déjà. Avec ce qui s’est passé, il va nous falloir 5 ans pour s’en remettre. En plus de l’impact financier, c’est toute la structure du sol qui a été touchée » avoue-t-il.
Après deux années difficiles, les agriculteurs avaient besoin d’une année correcte. Malheureusement, le climat s’est mêlé à la conjoncture difficile. Le ministre de l’agriculture en est conscient. «Les agriculteurs ont été confrontés à une succession de difficultés si bien qu’il n’y a plus de trésorerie. C’est à l’État et à la solidarité nationale de répondre aux besoins, et c’est ce que l’on fera» indique Stéphane Le Foll. Parmi les mesures envisagées, il a évoqué des exonérations ou reports de cotisations sociales, des exonérations fiscales, la réactivation du fonds d’allègement des charges (FAC)...
Une cellule psychologique a été mise en place pour soutenir les agriculteurs à passer ce nouveau cap difficile, sans oublier les salariés, qui ont été mis au chômage partiel. « Il y a eu un choc financier mais aussi psychologique. Les agriculteurs doivent se déculpabiliser et se rapprocher de tous les réseaux pour obtenir de l’aide. » poursuit le Ministre. Michel Masson, président de la chambre d’agriculture a aussi précisé au ministre de l’agriculture, que beaucoup d’agriculteurs risque de ne pas se relever cette fois-ci « La conjoncture est très délicate, pour certains il va falloir s’arrêter, ce sera la seule solution pour le bien de leur famille » Stéphane le Foll a rappelé qu’il y existait des procédures judiciaires « Si on veut effacer de la dette, il y a des procédures judiciaires pour ça, mais il faut préparer les esprits » indique-t-il.
Le coût global des dégâts des inondations ne sera pas connu avant six ou sept mois. Il est difficile d’estimer avec précision le nombre d’hectares touchés. Groupama évoque 90 000 hectares mais cela ne représente que les parcelles assurées. Le ministre de l’agriculture s’attend à un chiffre beaucoup plus élevé d’ici une dizaine de jours.