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Bienvenue chez Alain Chery

Vigneron au Domaine de la Champinière, Alain Chery exploite 14 ha de vignes situés au cœur de deux appellations Cheverny et Cour-Cheverny.

Dans son métier de vigneron, Alain Chery aime «  le vin, le contact humain et la commercialisation  ». Voilà maintenant trente-cinq ans que ce passionné fait exister le Domaine la Champinière, situé dans la commune de Cour-Cheverny.

Après une installation «  laborieuse  », cette exploitation familiale compte aujourd’hui 50 ha dont 16 de vignes en production sur l’aire de l’AOC Cheverny et Cour-Cheverny et 34 ha de céréales. «  À l’âge de 21 ans, j’ai repris les terres en propriété de mon père, que lui-même avait récupéré de son père, raconte le vigneron. Quand je suis arrivé, l’outil de travail était très vieillissant. Il n’y avait pas de plantations et le matériel n’était plus en état… J’ai donc présenté à mes voisins agriculteurs l’idée de monter une Cuma avec du matériel spécifique, comme un tracteur avec les roues qui s’écartent, un filtre à vin…  ».

Curieux et avenant de nature, Alain Chery s’est tout de suite motivé pour les projets de groupe comme la Cuma viti-vinicole de Cheverny et Cour-Cheverny, dont il est le fondateur et le président, et qui compte à ce jour une quarantaine d’adhérents. «  Si on achète une machine à vendanger à 200  000 euros tout seul, on prend le risque d’y laisser sa peau… La Cuma est un vrai atout au niveau économique, qui est le nerf de la guerre, mais c’est aussi un formidable outil pour créer du lien entre agriculteurs  ».

Un Bepa en alternance en poche, le jeune homme a d’abord fait ses armes en tant qu’agent de remplacement, pendant un an.

« Au lieu de faire l’armée, j’ai été embauché un peu chez tout le monde, dans tout le département et dans toutes les filières, lance-t-il. J’ai toujours aimé voir ce qui se passait ailleurs. Encore aujourd’hui je n’aime pas rester dans mon trou tout seul  ».

Quand il n’est pas pendu à son téléphone, ce chef d’entreprise, qui est également chauffeur en deuxième activité, est présent sur des marchés, des salons. «  Je fais quatre marchés par mois et une dizaine de salons. Je ne suis pas obligé, mais j’aime le contact avec les gens, répète-t-il. Le viticulteur a plusieurs métiers… C’est bien de faire du vin, mais après il faut arriver à la vendre et à se faire payer  ! Et la commercialisation n’est pas une chose évidente. Il faut arriver, faire sa place, gagner la confiance du client. Ça se fait avec le temps. La première année il te voit, la deuxième il te reconnaît et la troisième il sympathise et achète  ».

Dans son emploi du temps ­surchargé, Alain Chery réserve chaque année le week-end de la Pentecôte pour faire une journée porte ouverte de la Champinière avec un marché fermier et un repas pour près de 80 convives.

«  C’est un peu la fête au village  ! C’est un gros boulot mais ça vaut le coup puisque que je fais une grosse majorité des ventes de l’exploitation ce week-end-là, précise-t-il. Les gens souhaitent découvrir notre travail, l’exploitation qui est à côté de chez eux, les vignes, les cépages, les vins… C’est important et valorisant de faire le guide  ».

En peine pour trouver un salarié sur son exploitation, il trouva la solution en créant en 1995 un groupement d’employeurs regroupant à l’époque trois vignerons (aujourd’hui dix exploitations d’éleveurs et viticulteurs).

L’entreprise est montée jusqu’à six salariés et compte à ce jour deux permanents. «  La grande majorité du temps, les chauffeurs ont du mal à travailler dehors l’hiver. On peine donc à fidéliser un salarié sur l’année. Il reste encore un poste permanent à pourvoir  : un ouvrier viticole qui veuille bien conduire le matériel quand on a besoin  ».

Toujours dans l’objectif de jouer collectif, Alain Chery fait partie des vingt-deux adhérents de la Cave coopérative des vignerons de Mont-près-Chambord qui commercialise près de 800  000 bouteilles par an. Il est également investi dans la Maison des vins de Cheverny, dédiée à la promotion des vins AOC Cheverny et Cour-Cheverny, qui connaît une belle croissance et accueille des milliers de visiteurs chaque année.

Bien qu’il ne sache pas «  comment il va être cuisiné pour la retraite  », ce viticulteur de 56 ans est soucieux d’assurer l’avenir de ses enfants «  en leur donnant quelque chose de bien  ». D’un côté il replante 2 ha sur trois ans (déjà 1, 60 ha de plantés), avec l’idée d’installer son fils, Baptiste, qui est actuellement responsable d’un domaine à côté de Loches. «  Baptiste devrait revenir l’année prochaine sur l’exploitation. J’ai plein de choses dans la tête, sous le coude, en attendant son installation. Je plante de la vigne pour que le jour où il arrive ça soit plus facile, prêt à produire  ».

Et d’un autre côté, il a créé, il y a six ans, une deuxième exploitation en SCI avec ses deux enfants sur la ferme de son grand-oncle (50 ha, 25 ha de terres et 25 ha de bois) à Cour-Cheverny. «  Ma fille ne souhaitant pas devenir agricultrice, j’aimerais y installer un jeune en chèvres car l’exploitation se trouve sur les terres de l’appellation Selles-sur-Cher. C’est une belle opportunité à saisir. Et pour moi ça serait une belle réussite  ».

Doriane Mantez

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