Axéréal, chantre de l'international
Doper les exportations en nouant des partenariats : le groupe coopératif a dévoilé sa stratégie lors d'un grand raout au Zénith d'Orléans.
« Ces dernières années, le monde agricole a subi de nombreux changements. Pendant quarante ans, dans le cadre de la Politique agricole commune, le marché des céréales et les filières ont été administrés. Aujourd'hui, il n'y a plus de politique agricole forte tournée vers l'avenir. Nous pensons qu'il faut organiser notre destin afin d'identifier le client : c'est lui qui est au centre de nos préoccupations. » C'est par ces mots que Jean-François Loiseau, président d'Axéréal, s'est exprimé au Zénith d'Orléans. Le mardi 13 janvier, l'établissement avait invité l'ensemble de ses parties prenantes pour leur présenter ses résultats et les nouveaux partenariats mis en place. « Notre coopérative est ancrée dans son territoire. Elle travaille avec des adhérents et elle a des clients dans la région et dans toute la France. Mais le marché hexagonal stagne. Il nous faut donc trouver des relais de croissance à l'international afin de justifier la production agricole. » Le pourtour méditerranéen est une région privilégiée. En raison de sa croissance démographique. Interviennent aussi des considérations « géopolitiques et géostratégiques ».
La coopérative olivétaine a établi plusieurs routes des blés en s'appuyant sur des partenaires : Sercomex pour l'Italie, Durum pour le blé dur et le Port de Rouen (Seine-Maritime) via Granit Céréales. Jean-François Loiseau a expliqué le sens de la stratégie mise en place : « Partager le risque commercial car il faut sortir les céréales de France afin d'aller chercher des relais de croissance. » Directeur général de l'entité, Philippe de Raynal a prolongé l'analyse : « Cette ambition est portée par une politique qui s'inscrit sur le long terme. Or le statut coopératif permet d'inscrire les actions dans la durée et c'est un avantage. »
L'activité de l'établissement repose sur deux piliers : l'agriculture, le commerce et la logistique ; la transformation. Ses trois productions principales sont le blé tendre, l'orge de brasserie et le blé dur. Commentaire de Philippe de Raynal : « L'Algérie est notre premier client international. » D'où l'idée d'y développer des relations pour la production de semences à travers la création d'une joint-venture.
Une culture industrielle
Dans son fonctionnement quotidien, l'entité s'appuie sur six leviers : l'innovation, la recherche et le développement ; l'internationalisation ; les partenariats et les alliances ; les filières ; la performance opérationnelle ; la responsabilité sociétale des entreprises. La coopérative réalise 40 % de son chiffre d'affaires à l'international. D'ici quelques années, l'objectif est de dépasser les 50 %. Dégageant un excédent brut d'exploitation de 112 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de trois milliards d'euros, l'établissement ambitionne d'ici peu de réaliser un EBE de 150 millions d'euros. « Nous voulons une croissance rentable » a déclaré Philippe de Raynal.
En novembre dernier, la coopérative céréalière et Tereos ont conclu un partenariat portant sur le volet recherche et développement : l'association du malt et du glucose. Objectifs : mutualiser les moyens et croiser les expériences. Le développement international est également visé : « Alors qu'il y a une forte croissance des marchés africains et sud-américains, nous voulons tirer profit d'expertises complémentaires » a déclaré Alexis Duval, président du directoire du groupe coopératif sucrier. Yvan Schaepman, directeur général de Boortmalt, a livré le point de vue d'Axéréal : « Il faut apporter des solutions innovantes à nos clients. (...) Nos deux groupes ont une culture industrielle et nous allons innover dans nos procédés de fabrication internes : l'Amérique du Sud est stratégique pour nous. » Philippe de Raynal a complété l'analyse : « Il y a un enjeu de taille critique à atteindre : un aspect partagé. » Une nécessité face à des clients qui se concentrent. Vice-président d'Axéréal, Bruno Bouvat-Martin n'a pas dit autre chose : « Nous devons garantir et sécuriser les débouchés de nos producteurs dans une démarche de filière : ne pas être qu'un fournisseur de matière première. »
400 nouvelles variétés par an
Signé en octobre dernier, le partenariat avec Limagrain s'inscrit dans le cadre du pôle de compétitivité Céréales Vallée. La recherche en constitue la toile de fond. Le groupe coopératif semencier auvergnat axe sa stratégie autour de la compréhension du génome des plantes. Daniel Chéron, directeur général de l'entité : « Les enjeux sont agronomiques et commerciaux : apporter la bonne variété à l'agriculteur au champ et au client qui fabrique la farine. » Limagrain donne naissance à quatre cents nouvelles variétés de semences par an ! Damien François, directeur adjoint métiers du grain à Axéréal : « Notre coopérative dispose d'une expertise en matière d'accélération de recherche. »
Philippe de Raynal a complété : « L'objectif consiste à trouver des éléments de semences qui nous permettent de nous différencier de nos concurrents. Le défi de demain sera scientifique, pas philosophique ! » Réponse de Daniel Chéron : « Je crois beaucoup à ce partenariat. Nous avons chacun une expertise : Axéréal, c'est l'agriculture de précision. Ce partenariat en est à son point de départ et, demain, il doit nous amener à travailler étroitement ensemble. »
L'entreprise en chiffres
- Chiffre d'affaire total : 3,1 milliards d'euros.
- Pourcentage du chiffre d'affaires réalisé à l'international : 40 %.
- Nombre d'adhérents : 13.000.
- Effectifs : 3.193 salariés.
- Chiffre d'affaires du pôle agriculture, commerce et logistique : 2,1 milliards d'euros.
- Collecte métiers du grain : 4,5 millions de tonnes.
- Grains transformés : 2,8 millions de tonnes.
- Grains commercialisés : 8 millions de tonnes.
- Chiffre d'affaires du pôle transformation et activités spécialisées : 1 milliard d'euros.
- Production de farine : 306.000 tonnes.
- Quantité de malt commercialisée : 1.000.0000 de tonnes.
- Production d'aliments et de matières premières commercialisables : 645.0000 tonnes.
- Agriculture de précision : 215.000 ha pilotés par satellite (FarmStar).
- 11 % de la collecte certifiée durable.
- 2.000 t de déchets agricoles collectés et recyclés via Adivalor.
- 62 % des expéditions effectuées par train.