Alexandrine Parmentier file la Sologne
À travers l’association Aux fils des toisons, Alexandrine Parmentier, associée à des éleveurs, valorise la laine de la brebis Solognote et transmet le savoir-faire ancestral du métier de filandière.
Ringardisée par les fibres synthétiques, la laine est devenue, en France, un sous-produit, voire un déchet de l’élevage ovin… Depuis quelques années, des collectifs émergent dans toute la France pour la revaloriser. L’association Aux fils des toisons, basée à Cellettes (Loir-et-Cher) s’inscrit dans cette lignée.
Créée il y a un an par des éleveurs sous l’impulsion d’Alexandrine Parmentier, cette association a pour but de valoriser et promouvoir la laine du mouton solognot et de transmettre les gestes ancestraux concernant la laine et la brebis, tout en en apportant un soutien aux éleveurs locaux.
« J’ai eu le déclic lorsque ma fille, Mathilde, s’est installée en tant qu’éleveuse à Vernou-en-Sologne. J’ai compris qu’elle ne faisait rien de la toison. Cette matière première si noble qui nous a habillés depuis 7 000 ans devait être valorisée à sa juste valeur. Je ne savais pas du tout filer la laine mais j’ai eu envie d’apprendre à me servir d’un rouet. »
Passionnée par les métiers manuels, cette sophrologue a suivi une formation à l’École de la laine à Vasles (Deux-Sèvres) pour découvrir le métier de filandière, mais aussi les différentes laines, qualités, couleurs, étapes de transformation…
À ce jour, Aux fils des toisons récolte la laine de sept éleveurs de Sologne. Elle l’envoie ensuite au lavage en Haute-Loire, puis en Creuse pour être transformée en fil. Et enfin elle en assure la commercialisation.
« Autant de tâches que les éleveurs, concentrés sur les soins aux animaux, n’auraient pas le temps d’assurer. Et ça leur apporte un revenu complémentaire. Même avec du soutien, valoriser la laine reste un travail supplémentaire qui coûte cher. Nous trions la laine qui va partir au lavage, on enlève les débris végétaux, les mèches souillées par des crottes et feutrées ». L’objectif est que les éleveurs touchent environ 2 euros du kilo de laine brute pour commencer. L’idéal serait d’arriver à 4 euros pour que cette activité « leur permette à minima de rentrer dans leurs frais. Il faut savoir que le coût d’une tonte est d’environ 2 euros par mouton ».
En mai, la deuxième récolte, réunissant 20 bénévoles, 7 éleveurs et pas moins de 800 brebis, a permis de rassembler une tonne de laine.
Après le triage, les 120 kg de pure laine solognote naturelle haut de gamme sont réservés pour faire du fil — vendus en direct 10 euros l’écheveau de 100 g ou confectionnés en habits et accessoires —, les 230 kilos de laine de 2e choix servent au feutrage pour fabriquer des matelas, couette, semelles de chaussures…, et les 650 kg restants sont partis en valorisation pour le paillage.
Le but est de tout valoriser pour que rien ne reste sur le dos de l’éleveur. « On dit tout est bon dans le cochon, c’est pareil pour la brebis ! », sourit Alexandrine.
Doriane Mantez