Fertilisation azotée.
AgroPithiviers déploie sa batterie d'outils d'aide à la décision
N Tester, Jubil, FarmStar et drones : la coopérative céréalière sort le grand jeu !
« Depuis longtemps, on utilise les outils d'aide à la décision (OAD) afin que les agriculteurs ajustent leurs doses d'azote » expliquent Lucie Taudon et Romaric Philippon, du pôle agronomie d'AgroPithiviers. La coopérative, qui compte cinq cent cinquante adhérents, collecte annuellement 190.000 tonnes de céréales. Le blé améliorant représente un quart de la collecte totale de blé (NDLR : 90.000 tonnes). Autres chiffre : sur 18.000 hectares de surfaces totales de blé, 3.500 hectares sont dédiés au blé améliorant. Une production dont le secteur de la meunerie constitue le débouché principal.
« Depuis plus de quinze ans, on utilise le N Tester : une pince qui mesure la teneur en chlorophylle de la plante du stade de dernière feuille à gonflement. » La rapidité du conseil est le principal avantage de la méthode : « L'agriculteur ramasse une vingtaine de pieds puis se rend au magasin de la coopérative et le technicien donne le résultat en trente minutes. » L'opérateur dispose d'un compte Internet sur lequel il inscrit les renseignements parcellaires ainsi que les informations fournies par le N Tester : cela permet de délivrer un conseil de fertilisation azotée de fin de cycle.
Soixante maîtres-brins
Le Jubil, ou jus de bas de tige, est utilisé depuis 2001 par le service technique d'AgroPithiviers. Alors que le N Tester n'est utilisé que sur du blé tendre, cette deuxième technique fonctionne sur blé tendre, blé dur et orge de printemps. « On obtient une réponse dans la journée. L'agriculteur amène soixante maîtres-brins le matin. Le technicien écrase les bas de tiges et en extrait le jus dont on détermine la teneur en azote et en souffre : en fonction des résultats, on délivre un conseil. La réglementation relative aux nitrates oblige les agriculteurs à respecter leurs doses prévisionnelles d'apports azotés. Or la seule solution pour ajuster les doses d'azote consiste à utiliser des OAD. Cette année, avec les conditions climatiques sèches, le second apport azoté n'a pas toujours été entièrement absorbé par la plante. Il faut donc être rigoureux sur l'interprétation des résultats : les OAD ne sont pas des outils miracles. »
Une variabilité possible
Depuis deux ans, AgroPithiviers recourt au FarmStar. Un système de télédétection par satellite utilisé sur 2.600 ha, soit 35 des surfaces de colza et 12 des blés (blé tendre, blé améliorant et blé dur). « Pour le colza, le satellite mesure la biomasse à l'entrée et à la sortie de l'hiver. C'est à partir de ces deux mesures que nous obtiendrons les besoins azotée de la parcelle. » L'enjeu : mettre la bonne dose au bon endroit sachant qu'il y a une variabilité possible de vingt à quarante unités par hectare. « Pour les céréales, FarmStar mesure par satellite la biomasse et par avion la teneur en chlorophylle. Ces deux images réalisées au stade 1-2 noeuds vont permettre de calculer l'indice de nutrition azoté (INN) de la plante. Objectif : estimer l'INN à la floraison en prenant en compte le type de sol, la variété, les conditions météo réelles et prévisionnelles. »
Pourquoi estimer l'INN à la floraison ? « L'azote sert essentiellement à fabriquer un nombre de grains et, à la floraison, celui-ci est acquis. Les experts savent que lorsque l'INN au stade floraison atteint 0,9, nous obtenons l'optimum en nombre de grains. Ensuite, seule une variation du PMG (NDLR : poids de mille grains) peut modifier le rendement mais pas les besoins en azote. »
Sur sept cents hectares de blé
Quid des drones ? Sur colza, la technique est testée depuis un an sur quelques centaines d'hectares. Cela se fait via la Sicatech, cercle technique de SICAPA, une centrale d'achats regroupant une quinzaine de coopératives. En 2014, le procédé est étendu à environ sept cents hectares de blé répartis entre les différents établissements composant Sicatech. Des comparaisons seront faites avec le Jubil et FarmStar afin de valider l'outil sur blé.
Qu'est-ce qui justifie cette soif de technologie ? Réponse de nos deux interlocuteurs : « Nous sommes sur des marchés de qualité et nous devons être des précurseurs pour répondre aux exigences de nos clients industriels tout en respectant la règlementation. »