Agriculteurs-chasseurs : dialoguer pour bien cohabiter
À l’occasion de l’ouverture le 24 septembre dans le département, Hubert-Louis Vuitton, président de la Fédération des chasseurs de Loir-et-Cher et Florent Leprêtre, président de la FDSEA 41, s’expriment sur la chasse.
Horizons : Le Loir-et-Cher est une terre d’agriculture et de chasse. Comment les faire cohabiter ?
Hubert-Louis Vuitton : Du dialogue, de la concertation et de la bonne entente sur le terrain, voilà la clef de la cohabitation. Il y a de la place pour tout le monde. Il faut que tous les acteurs de la nature fassent des efforts pour cohabiter. C’est du travail en commun, chasseur-agriculteur et agriculteur-chasseur. Nous, on le voit bien : quand il y a de la bonne entente entre le voisinage, les chasseurs et les agriculteurs tout se passe bien. On a donc la preuve que ça peut fonctionner.
Florent Leprêtre : Ces deux activités constituent l’identité du territoire. Et peuvent être complémentaires. Seuls les excès de l’une ou de l’autre créent une incompatibilité. Alors oui, avec du bon sens et une gestion intelligente des populations et des cultures, c’est possible. Il est même nécessaire de faire cohabiter ces deux activités. Un exemple : l’agriculture est un facteur de développement du petit gibier.
Les agriculteurs s’inquiètent des dégâts aux cultures et des risques sanitaires liés à la surpopulation, notamment des sangliers...
H-L.V : La Fédération de chasse est consciente de la situation. Nous sommes là pour essayer de gérer au mieux les populations et l’on s’est fait un peu envahir, on le reconnaît… Mon rôle en tant que président est d’inciter les chasseurs à prélever le maximum de sangliers pour limiter la forte concentration dans certains secteurs. C’est pour ça que je demande aux chasseurs de prélever toutes les catégories de sangliers (sexe et poids) excepté la laie suitée. La surpopulation ne concerne pas l’ensemble du département, mais seulement le secteur sud (la Sologne). Je donne les consignes. Ensuite, c’est aux chasseurs de se prendre en main et de faire le maximum les jours de chasse.
F.L : La situation est préoccupante au sud du département depuis longtemps et le devient aussi dans le nord. La surpopulation et la diminution des surfaces agricoles concentrent les dégâts et l’impact économique. Par ailleurs, les risques sanitaires sont importants et nous avons déjà frôlé l’accident grave avec des coûts importants pour l’agriculture. L’introduction de sanglier venu de l’extérieur du territoire, y compris en parc, constitue une aggravation du risque. Mais ensemble, chasseur set agriculteurs, nous devons trouver des solutions.
Le conflit d’usage entre agriculteurs et chasseurs génère souvent un engrillagement du territoire. Qu’en pensez-vous ?
H-L.V : Non, je ne suis pas tout à fait d’accord avec ça… Il n’y a pas que cette raison. Ce n’est pas uniquement à cause du monde agricole. C’est aussi la volonté de certains propriétaires qui souhaitent s’entourer pour de multiples raisons. Bien sûr, la Fédération préfère une nature ouverte, pour la libre circulation des animaux dans le département. Malheureusement, une dizaine de propriétaires en Sologne ont cette phobie de vouloir s’engrillager pour se dire « je suis chez moi à 100 % ». Ce système leur permet d’avoir une certaine tranquillité et d’éviter toute intrusion, notamment lors du brame, la cueillette des champignons… Je n’encourage pas cette méthode, mais il y a quelque part un véritable problème. Mais après, on arrive au droit de propriété ; c’est pourquoi le sujet est délicat. Les élus doivent s’emparer le plus rapidement possible de ce dossier et le traiter dans les meilleurs délais. Là, pour une fois, je ne montre pas du doigt les agriculteurs et je demande aux gens d’éviter d’engrillager.
F.L : Comme la Fédération de chasse, nous préférons un territoire ouvert. Pourtant nous devons vivre de notre activité et récolter ce que nous semons. Il n’y a pas d’autre choix que de faire baisser le volume des dégâts aux cultures occasionnés par les grands cervidés ou les sangliers. Nous sommes prêts à étudier toutes les alternatives à l’engrillagement en ce sens et en partenariat avec la Fédération de chasse. L’important sera le résultat. Et bien sûr nous partageons la nécessité de respecter le droit de propriété, mais ce droit doit avoir une certaine contrepartie en matière de gestion des populations de gibiers.