À vingt ans, Matthieu Collas s’installe en arboriculture
À Hérouville (Val-d’Oise), Matthieu Collas reprend l’exploitation arboricole familiale. Accompagné par ses parents, il gère trente-deux hectares de culture et deux salariés.
En Ile-de-France, une installation en arboriculture est rare, les exploitations ayant plutôt tendance à disparaître. Mais lorsqu’en plus, l’installation est celle d’un jeune de tout juste vingt ans, c’est exceptionnel.
Celui qui se lance, c’est Matthieu Collas. Val-d’Oisien de naissance et issu d’une grande famille d’arboriculteurs, il a décidé de reprendre l’exploitation familiale. « Ici à Hérouville, tout a été créé par mes grands-parents. Mes parents ont repris la suite et moi, j’ai grandi dedans. À dix ans, j’aidais déjà dans les vergers et je les accompagnais sur les marchés. »
Pourtant, l’orientation professionnelle de Matthieu vers l’arboriculture n’était pas si évidente que ça : « J’ai fait un bac général au lycée, je voulais pouvoir avoir le choix de mon futur métier. »
À la suite, le jeune homme se dirige tout de même vers un BTS agricole. « À ce moment, je travaillais déjà pas mal sur l’exploitation et j’avais dans l’idée de passer quelques années en tant que salarié, pour me faire la main et gagner en expérience. »
Mais au printemps dernier, un triste événement vient bousculer tous ses plans et le pousse dans le grand bain. « Ma grand-mère était à la retraite mais possédait encore des parts de l’exploitation. Elle est décédée au mois de mai. Et c’est à ce moment-là que j’ai pris la décision, avec mes parents, de m’installer pour prendre la suite. »
Depuis, Matthieu gère, avec ses parents, « les trente-deux hectares de culture, les deux salariés à temps plein et les quatre marchés par semaine en plus de toutes les autres tâches ».
Il concède : « Je me suis rapidement aperçu que j’avais beaucoup à apprendre. Cet été par exemple, je me suis retrouvé parfois seul sur l’exploitation avec des saisonniers à gérer pour la cueillette des fruits rouges, les commandes à préparer... c’était vraiment dur pour un début. »
Loin de lui pourtant l’idée de se décourager, bien au contraire. Le jeune homme a des projets en tête, notamment celui de développer davantage la vente directe. « Le contact avec les clients, c’est un aspect du métier que j’aime beaucoup. D’ici à quelques années, je verrais bien notre exploitation vivre à 100 % de la vente directe avec, pourquoi pas ?, une cueillette libre-service. »
Intarissable sur son histoire familiale et sur l’arboriculture francilienne, Matthieu Collas a aussi rejoint récemment les Jeunes agriculteurs d’Ile-de-France « pour faire la connaissance des autres agriculteurs autour de moi, me créér un réseau et aussi défendre le métier et la filière arboricole. Elle est fragilisée en Ile-de-France mais je suis persuadé qu’elle a encore de beaux jours devant elle : nous sommes aux portes d’un fabuleux bassin de consommation ! »
Matthieu avoue tout de même craindre « toutes les règles et normes qu’on nous impose. Je ne sais pas comment on a pu accepter cela. Cela nous coûte de l’argent et nous empêche de travailler. »
Dans les prochains mois, le jeune homme va devoir boucler son parcours à l’installation. « J’ai effectué mon stage 21h cet automne, la suite du processus va suivre son cours et mon installation officielle est prévue au 1er septembre 2016 ».
À ce sujet, le jeune entrepreneur se considère comme chanceux : « Je débute avec une exploitation viable, qui dispose de foncier et où les conditions de travail sont optimales grâce à ma grand-mère et à mes parents. Tout le monde n’a pas cette chance. »