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Un monde multi-énergie à décarboner

À l’issue de la partie statutaire de l’assemblée générale de Valfrance, le 11 janvier à Meaux (Seine-et-Marne), s’est tenue une conférence sur les énergies d’aujourd’hui et de demain.

Meaux, mercredi 11 janvier. Après l’assemblée générale de Valfrance, les intervenants de la conférence sur les énergies sont présentés par Laurent Vittoz et Christophe Grison, respectivement directeur et président.
Meaux, mercredi 11 janvier. Après l’assemblée générale de Valfrance, les intervenants de la conférence sur les énergies sont présentés par Laurent Vittoz et Christophe Grison, respectivement directeur et président.
© L.G.-D. - Horizons

Thématique au cœur des préoccupations de tous actuellement, le sujet des énergies d’aujourd’hui et de demain a été longuement abordé à l’issue de la partie statutaire de l’assemblée générale de la coopérative Valfrance mercredi 11 janvier à Meaux.

Une première partie était animée par le responsable des achats d’énergie chez In-Vivo, Emmanuel Bard, et le responsable des énergies chez Ouifield, Lionel Thepault. Puis Édouard Bulteau, membre de Breakthrough Energy, organisation fondée par Bill Gates, a évoqué les énergies de demain et les solutions pour atteindre le zéro carbone en 2050.

« Le marché de l’électricité est drivé par celui du gaz »

« L’enjeu énergétique est prégnant pour l’ensemble des activités professionnelles. Alors qu’il s’appuie sur des mécanismes complexes, il n’est pas toujours facile de comprendre les enjeux et implications au niveau de sa facture », a souligné Emmanuel Bard, qui a rappelé que le marché de l’énergie est drivé par le marché gazier depuis début 2022. Le dérèglement de ce marché a commencé en post-Covid. L’enjeu du gaz est de reconstituer ses stocks en début d’hiver. Or, l’hiver 2020-2021 a été très froid en Amérique du Nord et en Asie. Les stocks étaient bas en sortie d’hiver, d’où une période de remplissage avec une forte compétition sur l’achat concomitante à la reprise économique en Chine.

Puis en février 2022, la crise ukrainienne a engendré un emballement des marchés, la Russie étant le second fournisseur européen de gaz, à hauteur de 40 %, après la Norvège. La substitution s’est faite par le GNL (Gaz naturel liquéfié), transportable et produit essentiellement aux USA et au Qatar. Enfin, le paroxysme a été atteint avec l’attaque du gazoduc Nord Stream l’été dernier. Toutefois, l’Europe a été relativement épargnée par ce pic du marché, les stocks étant pleins plus tôt que prévu.

Pour l’instant, l’hiver est doux et l’approvisionnement en GNL a fonctionné.

Le prix se détend (70 euros/­mégawattheure contre 200 en août dernier) mais la pression n’est pas levée car les regards se tournent vers 2023-2024 : il va falloir regonfler les stocks sans aucun gaz russe importé par pipeline.

Dans ce contexte, les courbes d’évolution du prix de l’électricité sont similaires et quasi proportionnelles. En effet, sur le marché spot de gros, le prix d’équilibre donné correspond à l’outil de production le plus cher, donc les centrales à gaz actuellement.

De plus, alors que le parc nucléaire français produit les bonnes années 400 térawattheure/an, ce volume a été réduit d’un quart en 2022, en partie compensé par la réduction de la consommation, le développement d’énergies renouvelables, la mise en service de centrales combinées gaz, charbon et des importations.

Rappelons que les composantes du prix de l’électricité sont fixées par contractualisation sur un marché dérégulé ou indexé ou spot en fonction du volume consommé.

Un focus a également été fait sur l’Arenh (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique), qui permet aux consommateurs de bénéficier de la rente nucléaire. Elle s’élève en moyenne à 75 % de la consommation mais elle peut subir un écrêtement. L’Arenh est appelée à disparaître en 2026. Reste à connaître les outils qui seront proposés pour maintenir cet avantage par rapport aux pays européens.

Maîtriser l’énergie des différents sites et sa stratégie de couverture

Ainsi, pour Lionel Thepault, responsable achat chez Ouifield, filiale In Vivo qui suit plus de 2 100 sites pour l’électricité et 350 en gaz, « la stratégie de couverture des achats est de suivre le marché au quotidien, voire en temps réel, et d’identifier les points de vigilance. Pour la coopérative, c’est aussi maîtriser l’énergie des différents sites ». Ainsi, Ouifield accompagne des adhérents comme Valfrance qui a souscrit un contrat Click (permet une gestion active du souscripteur).

Dans un second temps, les solutions mises en œuvre chez In vivo, à court terme et à long terme, avec une trajectoire bas-carbone affichée (solution photovoltaïque, mix combustible des malteries, études de solutions biogaz…) ont été développées.

Cinq catégories d’émissions de CO2

Enfin, Edouard Bulteau a évoqué l’évolution du monde de l’énergie sur la durée alors que les géants du secteur sont en pleine mutation dans un monde de l’énergie en constante évolution depuis la révolution industrielle. Aujourd’hui, le monde est multi-énergie mais l’énergie fossile, avec près de 80 %, reste dominante. Les énergies renouvelables se décomposent en trois parts égales : hydrogène, biomasse, nouvelles énergies. Si l’on prend l’exemple de Total énergies, l’objectif est de fournir plus d’énergie à une population en croissance à un prix abordable et être en phase avec des objectifs climatiques de la société. En résumé, il s’agit de garder un modèle économique attractif pour ses investisseurs tout en mutant le mix de vente des produits pour atteindre la neutralité carbone en 2050, avec à terme 50 % d’énergie renouvelable, plus de gaz que de pétrole, le développement de nouvelles molécules, des projets de capture de CO2 pour compenser les émissions résiduelles contre 92 % de gaz et pétrole en 2021.

Globalement, l’objectif des grands groupes est d’être dans le top 5 des producteurs d’énergie renouvelable (avec notamment l’éolien offshore et le solaire).

Mais cinq défis sont à relever pour atteindre les objectifs de décarbonation sachant qu’actuellement dans le monde, on construit un New York tous les mois et que les émissions proviennent de cinq catégories : la fabrication (27 %), l’électricité, l’agriculture, les transports et les bâtiments. Par exemple, une tonne de ciment produite engendre l’émission d’une tonne de CO2 (50 % vient du chauffage du calcaire et les 50 % restants de la réaction).

Cette répartition et leur niveau varient selon les pays : transport et électricité aux USA arrivent en premier ; en France, avec le nucléaire, l’énergie représente peu, mais un Français émet dix fois plus qu’un Nigérian mais trois fois moins qu’un Américain.

Par conséquent, « quantifier les efforts, c’est le concept ''premium vert'' de Bill Gates ». Des pistes d’étude sont en cours comme le stockage des énergies, l’air comprimé, l'hydrogène ou autres (stockage de CO2) et les nouvelles générations d’engrais (produits basés sur l’énergie solaire par exemple). Ainsi, Edouard Bulteau a conclu par ces mots : « Regarder notre passé avec humilité. Analyser notre présent avec courage. Se projeter dans notre futur avec détermination ».

 

Lire aussi 2022, un tournant pour Valfrance

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