Un dialogue ouvert et confiant entre la FNSEA du Loiret et les parlementaires
Vendredi 24 juillet, la FNSEA du Loiret a reçu deux parlementaires sur le terrain, à la Ferme de l’espérance à Tavers, pour leur rappeler les principaux enjeux agricoles du département.
Vendredi dernier, deux parlementaires du Loiret ont répondu présent à l’invitation de la FNSEA du Loiret, pour faire un point les problématiques rencontrées par les agriculteurs, notamment les impasses techniques engendrées par les interdictions de nombreux produits phytosanitaires, la problématique de l'eau, la main-d’oeuvre, les enjeux de la future programmation Pac…
En présence d’une dizaine de personnes, les députés de la majorité, Stéphanie Rist et Caroline Janvier, ont passé la matinée au sein de l’exploitation de Frédéric Gond à Tavers. « Le printemps que nous venons de vivre dans nos champs et dans notre société nous montre qu’il faut s’adapter, anticiper et ne pas scier la branche sur laquelle nous sommes assis », a averti Patrick Langlois, président de la FNSEA 45.
Selon lui, les parlementaires présentes ce jour ont un rôle à jouer : « À l’heure où l’on parle de la nécessité de ''rebâtir une souveraineté agricole'', les efforts de tous mériteraient d’aller vers une réflexion collective et constructive pour préparer notre agriculture de demain. Les interdictions vont trop vite ! L’agriculture ne peu pas aller au pas électoral ».
L’agriculteur hôte a ensuite pris la parole pour présenter son exploitation, son système et ses divers projets. Installé depuis 1996, Frédéric Gond cultive 186 ha sans l’irrigation. Il produit de l’orge d’hiver, du tournesol, du colza, du soja qui servent à l’alimentation animale, du blé pour l’export, de l’orge de printemps destinée à la malterie (Boortmalt), du blé dur pour les Semouleries Panzani… Et consacre 24 ha pour la biodiversité.
Comme il l’a souligné auprès des élues, « ce qui est intéressant ce n’est pas la surface mais ce que l’on produit et ce que l’on en fait ». Lui qui compte 7-8 espèces sur ses terres sableuses se questionne sur l’avenir de l’agriculture et avoue être « assez limité pour trouver des productions non irriguées qui apporteraient de la valeur ajoutée ».
Soucieux de faire évoluer ses pratiques pour diminuer son impact sur l’environnement, le céréalier qui fait des diagnostics biodiversité, met place des écobordures, participe à un rucher Agrapi, fait de la réduction IFT (binage / Cuma) et cultives des jachères mellifères se trouve tout de même dans une impasse technique : « Aujourd’hui je n’ai que le glyphosate pour détruire le chiendent. C’est un exemple parmi tant d’autres qui font que l’on s’interroge ».
Véritable partisan du dialogue entre agriculteurs et citoyens, il a expliqué : « L’objectif est de garder notre rôle de base : production alimentaire et créateur d’énergies. Nous avons les oreilles ouvertes et un cerveau entre les deux qui fonctionne. L’élément important est le rapport à la société. Il faut rentrer en conversation car nous avons beaucoup à écouter et à expliquer pour montrer que nous ne restons pas les bras ballants ».
Au travers de l’association Les fous de bassan !, Frédéric Gond essaie de « construire une cohabitation cohérente pour demain ». Il écoute les inquiétudes, les interrogations des citoyens face à l’agriculture, mais comme il l'a répété plusieurs fois, « il nous faut établir un rapport de compréhension et d’adaptation mutuelle avec la société. Après, il faut être conscient que l’on nous demande d’aller décrocher la lune, mais une fois qu’elle est décrochée on ne veut pas la payer ».
Autre sujet abordé lors de cette entrevue, celui de la jaunisse virale qui touche très lourdement la filière betteravière. Confrontés à une impasse technique pour protéger leurs betteraves des attaques de pucerons suite à l’interdiction des néonicotinoïdes, les betteraviers se retrouvent dans des situations dramatiques malgré le recours à plusieurs insecticides.
« Cette situation apparaît comme un non-sens économique et environnemental », lance Alexandre Pelé, président de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) Centre-Val de Loire, qui estime que « la jaunisse va provoquer au moins 40 % de pertes de rendements cette année, allant jusqu’à 50 % de pertes dans les champs les plus touchés.
Ce qui signifie, pour l'exploitant, une perte de revenus de 800 à 1 000 euros à l'hectare. ». Une situation inédite qui met à mal toute la filière betterave-sucre-éthanol : « La situation est grave ! Tous les jours, des planteurs me téléphonent pour dire : »Si on ne trouve pas de solution à ce problème dès le mois de septembre, je ne sais pas si je continuerai la betterave ».
« C’est un véritable cri d’alarme qu’a poussé Alexandre Pelé : « Nous avons besoin des élus locaux pour faire bouger la loi. Le retour aux néonicotinoïdes est la solution la plus efficace. Il faut que l’on soit tous pleinement mobilisés ! Si rien n’est fait, c’est la filière toute entière qui va tomber. On a déjà fermé 4 outils sur 26 l’année passée. Si on ne fait rien d’ici 3 ans, d’autres vont fermer. En tant que producteur de betteraves je n’ai pas envie de vivre le même drame que Toury ».
Attentives à ce sujet particulièrement sensible, les parlementaires ont bien compris la gravité de la situation et se sont engagées à construire un courrier à destination des députés solidaires sur les sujets agricoles.
« Si nous sommes déjà 100 parlementaires à interpeller Julien Denormandie pour trouver des alternatives, des solutions d’ici fin août, ça sera un début de réponse », a affirmé Caroline Janvier, juste avant qu’Alexandre Pelé ajoute : « La filière betteravière a été très réactive sur la production de gel hydroalcoolique, on vous demande la même réactivité ». Malheureusement, les agriculteurs sont sûrs que la betterave est le bout visible de l’iceberg car même les céréales sont maintenant touchées par les pucerons...
Cet échange ouvert et confiant entre la FNSEA du Loiret et les parlementaires a permis de faire émerger une volonté de travailler conjointement sur ces problématiques et de consolider le dialogue entre la profession, les politiques et l'administration.
« On sait que l’on a une agriculture parmi les meilleures au monde », a confirmé Stéphanie Rist avant de préciser avec honnêteté : « On a tout intérêt à la valoriser, mais on rencontre des difficultés au niveau de Bruxelles avec la distorsion de concurrence ».