Timothée Adolphe : objectif Tokyo 2020
Le sprinter sparnonien Timothée Adolphe a réalisé le 10 mars la meilleure performance mondiale sur le 60 mètres en salle. Être aveugle ne l’empêche pas d’avoir le regard tourné vers les futurs Jeux paralympiques de Tokyo en 2020.
Il y a des personnes qui sortent de l’ordinaire. Timothée Adolphe est de celles-là. Ce n’est pas tant le fait que ce jeune homme soit aveugle mais plutôt qu’il soit capable de se dépasser pour briller dans sa discipline, l’athlétisme.
Néanmoins les deux sont tout de même un peu liés : « J’ai l’esprit de contradiction, quand on me dit : tu es aveugle, tu ne peux pas courir, ça me donne envie de me surpasser », relève-t-il. Et c’est ce qu’il fait. Depuis qu’il a repris l’entraînement en 2011, le jeune Sparnonien collectionne les médailles.
Timothée Adolphe est licencié au Paris Université-Club (Puc) mais vit depuis 2014 à Épernon (Eure-et-Loir) et s’entraîne à l’Insep*. « Ce qu’ils mettent en place est intéressant », relève-t-il.
C’est sa rencontre avec son coach Arthémon Hatungimana, vice-champion du monde du 800 mètres, qui va lui permettre de prendre le virage vers sa carrière d’athlète de haut-niveau à une époque où il pratiquait le torball en D2 à Angers. Sous sa houlette, il franchira les étapes qui le mèneront de records en records aux Jeux de Rio (Brésil) en 2016.
Cependant il ne gardera pas un bon souvenir de cette expérience paralympique. Il se blesse à l’épaule sur l’épreuve du 100 mètres et se verra disqualifié pour avoir mis un pied sur la ligne en dépit d’une belle victoire face au recordman du monde, le Brésilien Daniel Silva, en demi-finale du 400 mètres.
Une élimination qui lui reste en travers de la gorge : « Pour quelques millimètres ça m’a coûté quatre à cinq ans de travail... Ce qui est étrange, c’est que nous n’avons jamais pu revoir les images et qu’il y a aussi eu une disqualification dans l’autre demi-finale au bénéfice d’un Brésilien également... C’est compliqué à vivre ».
Mais Timothée Adolphe a su rebondir.
Il a remonté une équipe avec deux guides (Yannick Fonsa et Jeffrey Lamy) et se livre à une vingtaine d’heures d’entraînement par semaine : « On est vraiment sur la même préparation que les valides ».
Cette année il vise le triplé (100, 200, 400 mètres) au championnat d’Europe à Berlin (Allemagne).
Il compte aussi passer sous la barre des 11 secondes au 100 mètres et battre le record du monde du 400 : « Je l’ai très clairement en tête. Je suis peut-être trop gourmand mais il y a un moment où il faut être ambitieux. Aujourd’hui j’ai les jambes pour aller le chercher. Mais l’objectif ultime ce sont les Jeux de Tokyo en 2020 ».
*Institut national du sport, de l’expertise et de la performance