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Robotique et permaculture se conjuguent à la ferme NéoFarm de Garancières

Le préfet d'Eure-et-Loir, Hervé Jonathan, est allé le 3 mai à la découverte de la Ferme de Garancières, NéoFarm, une exploitation innovante, portée par Thibaut Millet, à Garancières-en-Beauce (Eure-et-Loir).

C'est une ferme pour le moins singulière que le préfet d'Eure-et-Loir, Hervé Jonathan, a la bonne idée de visiter vendredi 3 mai à Garancières-en-Beauce (Eure-et-Loir). De fait, portée par Thibaut Millet, la Ferme de Garancières — NéoFarm — est pionnière dans le département en assurant une production de légumes bio en permaculture associée à un robot.

Objectif de souveraineté

La visite se déroule en présence notamment du directeur adjoint de la Direction départementale des Territoires, Édouard Brodhag, d'Anne-Laure Dufretel, de son service de l'économie agricole, du président de la FDSEA d'Eure-et-Loir, Bertrand Petit, de sa directrice, Auréline Dolléans, et du maire de la commune, Laurent Clementoni.

« Notre ferme maraîchère est agroécologique et technologique, pose Thibaut Millet devant ses hôtes. Ce modèle de ferme est développé par NéoFarm depuis six ans. Il combine un ensemble d'éléments : un logiciel, des pratiques agroécologiques et un robot. Tout fonctionne de concert pour produire localement en France des légumes bio en grande quantité, à moindre coût. C'est l'objectif final de ce projet ».

L'agriculteur explique que les maraîchers bio français sont concurrencés par d'autres pays, notamment l'Espagne et le Maroc qui profitent d'une main-d'œuvre et de transports bon marché : « l'objectif est clairement aussi celui de la souveraineté alimentaire. Le légume est un pan très important de notre consommation. Il est intéressant, peu transformé, pas très cher en soi, plein de nutriments et de protéines ».

Thibaut Millet précise que la méthode de culture employée par NéoFarm, pour produire un maximum au mètre carré, s'inspire de la méthode maraîchère historique d'Île-de-France, « qui s'est un peu oubliée car il a fallu industrialiser après-guerre pour produire beaucoup, que le modèle agricole a changé… Cette méthode permet d'associer des cultures pour produire très intensément au même endroit, sur des planches permanentes ».

Tout le monde est poussé sous la serre par une averse, le maraîcher poursuit la description du système : « Il y a les zones où l'on marche, des zones où l'on cultive et des zones de biodiversité, presque autant cultivées que les zones de culture. Elles permettent de faire venir les auxiliaires pour limiter les intrants au maximum. Tout ce design assez technique a été théorisé scientifiquement il y a une quinzaine d'années par ­l'Inrae. C'est à partir de ces études que s'est monté NéoFarm ».

Robot est arrivé

Mais si cette méthode de permaculture, connue pour être mise en pratique par la Ferme du Bec Hellouin par exemple, fonctionne, elle a un inconvénient : « Le modèle est rentable mais toute la marge est aspirée par la main-d'œuvre, souligne Thibaut Millet, et elle est dure à trouver. Nous avons donc développé une technologie qui est à la fois un logiciel, permettant de régler la complexité du modèle — nous pouvons avoir cinq rotations par planche et par an, parfois plusieurs cultures en même temps —, la gestion des tâches et qui pilote le robot ».

Ce robot est donc installé dans la serre et fonctionne suspendu à un portique. Des rails courent au-dessus des planches de culture et un rail transversal lui permet de passer d'une travée à l'autre. Il peut s'équiper de différents outils qui assurent les tâches les plus ingrates : préparation du sol, marquage, semis de graines ou de godets, désherbage de certaines cultures…

« Ce n'est pas si simple d'installer un robot sous une serre, remarque Thibaut Millet. Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, c'est un milieu extrêmement hostile. L'environnement peut être très humide ou très sec, très froid comme très chaud, sombre ou fortement lumineux. Il a fallu résoudre un tas de problématiques, toute la technologie un peu fine comme les capteurs, ça ne marche pas. Nous continuons de tester néanmoins ».

L'œil du maraîcher

L'outil ne faisant pas non plus appel à l'intelligence artificielle, rien ne remplace l'œil du maraîcher. En revanche, de nombreuses données sont collectées : « Nous avons un enjeu de structuration de ces données et de travail avec ­l'Inrae », précise l'exploitant. Il ajoute que NéoFarm compte trois sites de démonstration industrielle : « Le but est d'augmenter la surface. La taille optimale de la serre serait de 10 à 12 hectares pour arriver à des économies d'échelle, de consommation de foncier et d'optimisation de la robotisation ». De fait, il s'agit désormais pour NéoFarm d'industrialiser la production de robots. Chaque vaste serre envisagée nécessiterait l'utilisation d'une quinzaine de robots…

Ici, à Garancières-en-Beauce, trois salariés (ETP) suffisent pour gérer la serre de 5 000 m2, dont 2 500 sont cultivés. L'investissement global s'est élevé à 1 million d'euros, dont un tiers pour le robot. L'exploitant table sur un chiffre d'affaires de 80 euros par mètre carré.

Trente variétés de légumes de saison sont produites ici. La serre n'est pas chauffée et consomme donc peu d'énergie. Toute l'eau de pluie est récupérée. Au grand dam des clients, pas de fraises produites sous la serre, bio oblige. Il n'y a pas non plus de salades ni de courges en été sous la serre. En revanche, ces cultures trouvent leur place à l'extérieur. La production est commercialisée via des enseignes de magasins bio, des grossistes, sur place le week-end et dans un vaste distributeur automatique.

Toujours partant

La visite s'est poursuivie par une démonstration des aptitudes du robot, qui, pour des raisons de sécurité, est toujours monitoré par un maraîcher. S'il travaille relativement lentement, en revanche sa précision est redoutable, il est inépuisable et pour lui, la terre n'est jamais trop basse…

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